Magazine Journal intime

Giboulées, bunkers, sables

Par Eric Mccomber




Il fait grand soleil. Le corps se détend. L'œil aperçoit bien la tempête qui gesticule au large, qui s'approche, mais l'épiderme, chauffé par la lumière, la chevelure, séchant doucement, les jambes, attendries par le rythme lent, demeurent incrédules. Le petit bonheur de l'éclaircie remplit ma tête d'une bête conviction, d'une niaise croyance au destin radieux et immédiat.
Ce n'est que lorsque la pluie froide est bien là, indéniable, réelle, concrète, que l'émotion se met au diapason de la raison. Sous la violence de l'averse, dans les tourbillons qui emportent étals, bannières et tabourets, je redeviens un, je me réintègre, je me fusionne, et je pardonne à ma moitié sa stupeur, et à l'autre sa raideur. Rien qu'un grand crème ne pourra aplanir. Et puis le vent tire cette turbulence vers les vignes du Médoc et le ciel se libère éventuellement.
Rosie, elle, resplendit. Nous roulons ensemble sur la plage et les pneus crépitent tendrement dans les poussières de Sahara que le vent du Sud s'obstine à charrier depuis la nuit des temps. Je pose le pied par terre et je regarde mon spectre, qui semble surgir de moi et me surmonter, comme la silouhette d'un alpiniste au moment de vaincre quelque sommet. Le crachin reprend et nous mouille encore, mon ombre et moi, bien plus ephémères que l'eau et le sel.




© Éric McComber

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