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Live report : CANNIBAL CORPSE + DEVILDRIVER + THE BLACK DAHLIA MURDER + HOUR OF PENANCE @ Paris, le Bataclan, 24/02/2013

Par Solonecrozis @SoloNecrozis

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“Tiens, ça fait quand même une semaine que je suis à Paris…Voyons donc ce qu’il y a comme concerts…Ah tiens, Cannibal Corpse le 24 ! … … … Ouch, 35€ quand même… Puis voilà les premières parties quoi, rien que j’aime…Mais Cannibal Corpse quoi…”

Fan invétéré depuis ce jour de l’été 2004 où j’avais été traumatisé par un “An Experiment In Homicide” dégoté au hasard de mes errements sur BearShare, il n’était pas possible que le groupe qui m’ait dépucelé les esgourdes au saint death metal passe si près de moi et que je n’aille pas les voir.Alignement des astres à mon avantage ou concours de circonstances bénéfique, une amie annonce dimanche matin (!) ne plus pouvoir aller à ce concert et revend son billet 5 euroballes moins cher, ce qui rend déjà la pilule plus digeste. Go pour Cannibal Corpse donc !

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(D.R. Jean-Marie Trymoth Duminil) 

J’arrive au Bataclan aux environs de 17h40 et une bonne centaine de personnes est regroupée devant l’entrée de la salle de façon disparate sous de légers flocons de neige, la majorité fumant une cigarette ou descendant à grande gorgées une canette de bière (ce qui en dit long sur la qualité de la bière du bar du concert). Après l’inévitable récolte de flyers à l’entrée (wooh Knuckledust à Paris le 21 avril!), passage au vestiaire pour laisser sac de manteau (2€ le manteau, 4€ le sac et des bouchons vendus à 1€. Hum).

Je n’avais jamais été au Bataclan auparavant  et découvre donc une salle spacieuse, bien organisée avec le bar à l’arrière et les stands de merch de chaque côté de ce dernier, surélevé par rapport à la console de son. Egalement, un large balcon en demi-cercle surplombe magnifiquement la salle et la fosse. La fosse est déjà bien remplie quand j’arrive mais je n’ai pas de mal à trouver une place dans les premiers rangs, sur la gauche de la scène (juste en face de là où Alex Webster se trouve d’ordinaire, c’était pas hasardeux hihihi).

18h pile poil, Hour of Penance débute les hostilités avec son brutal death technique au passé glorieux, les deux derniers albums sont bien en dessous de “The Vile Conception”, pierre angulaire de leur discographie. Le volume est supportable sans bouchons mais le mix est vraiment mal foutu, batterie qui écrase tout, basse inaudible et grésillement indistinct en guise de guitares. Tout ceci rend les chanson assez difficile à reconnaître mais l’envie des musiciens fait oublier ce souci récurrent avec les groupes qui ouvrent les concerts. Le chanteur-guitariste fait participer le public, le soliste à sa gauche ne cessera ses headbangs que pour exécuter ses soli avec une grande finesse et le bassiste fraîchement intégré au groupe (c’est sa première tournée avec Hour of Penance) ne se départira pas de son sourire et de cessera d’haranguer le public. Le batteur quand à lui est une putain de machine de vitesse et de précision. Il ne payait pas tellement de mine lors de son entrée en scène (un type plutôt svelte à la mèche blonde, torse nu et en minishort jean), suscitant même des railleries de quelques mecs autour de moi mais il leur rabattra très rapidement le caquet. Blasts, gravity blast, roulement supersoniques, jeu de cymbales virevoltant, je regrette que leur statut de première partie l’empêche de nous gratifier d’un solo, j’aurai adoré le voir dans cet exercice. Leur demi-heure de prestation passera bien vite à mon goût et s’est révélée meilleure que ce que je pensais. A revoir en tête d’affiche (et avec plus de morceaux de “The Vile Conception”, les seuls qui ont vraiment tartiné ce soir).

1. Sedition Through Scorn
2. Paradogma
3. Absence of Truth
4. Slavery in a Deaf Decay
5. Ascension
6. Decimate the Ancestry of the Only God
7. Misconception 

Un gros quart d’heure pour le changement de plateau et ce sont les ricains de The Black Dahlia Murder qui investissent la scène. Le son est tout de suite plus fort que pour les transalpins qui les ont précédé et je revisse immédiatement mes bouchons d’oreilles, ce qui ne me gênera pas du tout vu que le son est déjà beaucoup plus équilibré. The Black Dahlia Murder c’est un de ces groupes très appréciés dans le milieu jouissant d’une excellente réputation et d’une grosse fanbase auxquels je n’ai jamais pu vraiment accrocher. C’est carré, propre, ça envoie, mais il manque le petit truc magique, la petite touche personnelle (et non pompée chez At The Gates/In Flames des débuts) pour me faire chavirer complètement. Une intro résonné dans les hauts parleurs et une clameur s’empare de la salle, montrant s’il était nécessaire à quel point le groupe est attendu. Les pogos commencent dès le premier morceau et ne s’arrêteront qu’au moment ou Trevor Strnad réclamera son circle pit. Le chanteur aux abdos kro arpente la scène en permanence, communique énormément et balance des blagues à tout va, tout ceci est très bien reçu par le public qui lui mangerai presque dans la main (le nombre de parties reprises en choeur en par le public est assez conséquents). Leur show est très énergique et l’ennui qui m’étreint rapidement sur album n’a pas le temps de s’installer ici. The Black Dahlia Murder est un groupe de live, définitivement, et il aura réussi à balayer tout mon scepticisme et même à me faire regretter de ne pas les connaître mieux. A revoir lors de leur passage en tête d’affiche à l’automne prochain! Ah et oui, mention spéciale au guitariste Brian Eschbach qui balance ses soli avec une aisance déconcertante et toujours avec le smile. Dommage que leur set ait été si court !

1. A Shrine to Madness
2. Moonlight Equilibrium
3. Statutory Ape
4. Miasma
5. On Stirring Seas of Salted Blood
6. What a Horrible Night to Have a Curse
7. Necropolis
8. Everything Went Black
9. I Will Return 

Je profite du changement de plateau pour aller aux toilettes et ainsi me taper dix minutes de queue des hommes, tandis qu’il n’y a personne dans ceux des femmes (et qu’ils sont évidemment interdits à tout porteur de service trois pièces). On s’échange des regards nerveux de types qui compriment leur vessie depuis trop longtemps avec la peur que le concert reprenne, ambiance ambiance. Chers messieurs du Bataclan, vous avez un réel souci de répartition de vos toilettes, pensez-y, merci. Cette petite escapade me permettra aussi d’apercevoir des mecs de L’Esprit du Clan, de Betraying The Martyrs et Stéphane de Loudblast dans le public, bah dis-donc c’est bourré de guests stars ces concerts là.

Pour le fan de Coal Chamber que je suis, voir Dez Fafara ce soir est une rêve inespéré. Découvert en 2005 sur un sampler Hard’n’Heavy avec “Guilty As Sin” (morceau presque jamais joué en live), le groupe n’avait cessé de me décevoir après “The Fury Of Our Maker’s Hand”, au point que n’avais écouté “Pray For Vilains” que d’une seule oreille et carrément boycotté “Beast”. Okay alors sur album c’est plus la panade mais Devildriver à une réputation de bête de scène et j’attends de le vérifier ce soir. La bande à Dez entre en scène et ni une ni deux, paf, “End of the Line” et un Gilou tout content! Je ne serai pas le seul puisque l’ambiance a encore monté d’un cran depuis le groupe précédent, ça mosh sans cesse avec un Dez certes plutôt avare en headbanging (ça s’explique) mais fichtrement bavard, toujours à sortir une blague (“no bullshit hardcore kickboxing” avant le wall of death de fin de set) à haranguer le public ou à se payer carrément sa gueule, celui du balcon en prendra largement pour son grade (“those sunday jazz club motherfuckers” , “it’s always the same guy who stays down when I say the words Cannibal Corpse, c’mon man stand the fuck up!”), sans agressivité aucune d’ailleurs puisqu’il fera un salut amical à ce même balcon avant de sortir de scène. Ce mec est la coolitude. Pendant ce temps dans la fosse c’est toujours la guerre, les circle pits et les pogos s’enchaînent, les slammeurs volent de toutes parts et il faut surveiller ses arrières si on ne veut pas se manger une paire de rangers 18 trous dans la gueule. Il y a bien des années que je n’avais plus écouté Devildriver et j’ai bien regretté là encore de ne pas mieux connaître les morceaux. La setlist est quand même bien équilibrée, avec six morceaux des deux premiers albums et un seul du dernier en date (tiens tiens, serait-il naze?). Je parle de Dez mais ses musiciens sont à l’aise et font une grosse partie du spectacle,traversant la scène de part en part, le bassiste et un des guitaristes échangeront même leurs instruments sur “Meet The Wretched”. Excellent concert d’un peu moins d’une heure qui ne m’aura pas du tout ennuyé comme je le craignais et me laisse plutôt avec le regret d’avoir boudé la bande à Dez toutes ces années.

1. End of the Line
2. Cry for Me Sky (Eulogy of the Scorned)
3. Dead to Rights
4. These Fighting Words
5. Head on to Heartache (Let Them Rot)
6. Not All Who Wander Are Lost
7. I Could Care Less
8. Horn of Betrayal
9. Hold Back the Day
10. The Mountain
11. Clouds Over California
12. Meet the Wretched 

Le changement de plateau pour Cannibal Corpse se fait sous un “Run To The Hills” repris en choeur façon karaoké par toute la salle, et alors que j’essaye de trouver une place un peu plus à l’abri des pogos incessants, une bande de “jeunes” se met à…fumer des cigarettes, tranquille pépère, comme à la maison. Comme l’a si bien dit Dez à ce gamin qui s’est obstiné à rester au milieu du pit vidé pour le wall of death , “teach these kids some manners”.

Les lumières s’éteignent, la clameur monte dans la salle (toujours plus forte que pour le groupe précédent) , quatre ombres entrent sur scène, sans aucun mot. Trois coups de cymbales et voici “Demented Agression”, titre issu du dernier album des floridiens sorti en début d’année dernière. Passées les quelques secondes d’excitation fébrile de voir enfin à moins de trois mètres de moi LE Alex Webster en plein travail, je jette un oeil au reste de la scène et voit cette image que je connais déjà par coeur : quatre type alignés, penchés sur leurs instruments, le visage caché par leur chevelure remuant sans cesse. Aucune réelle surprise donc pour moi, mais rien pour entacher ce plaisir de les voir enfin après presque dix ans. Il faudra attendre la fin du troisième morceau (qui dans chaque set marque le départ des photographes, ce que je trouve fort dommage) pour que George prenne la parole pour annoncer un “Disfigured” extrait de “Vile” (1996) que je n’attendais vraiment pas ce soir (j’aurais bien pris “Perverse Suffering” à la place!). Après ce morceau, le groupe fait une de ses “pauses” habituelle en concert, chacun se dirige vers le fond de la scène, se désaltère et reprend son souffle (l’âge…). Retour aux activités avec “Evisceration Plague”, un des mid-tempos les plus massifs du groupe suivi de la très rapide “Time To Kill Is Now” sur laquelle Corpsegrinder nous gratifie de son impressionnant headbanging circulaire. La setlist est assez variée, elle balaie une large part de la discographie (” A Skull Full Of Maggots”, “Unleashing The Bloodthirsty”, “Pit of Zombies”) et si elle n’impressionne pas par son originalité, son efficacité n’est jamais à remettre en question. Corpsegrinder, en bon maître de cérémonie, ponctue ses interventions de traits d’humour très appréciés du public (“this song is dedicated to all the women who take it in the ass…Priest of Sodom!”) et qui donnent à ce concert un air de joyeuse fête où tout le monde s’amuse (sauf peut-être Rob Barett qui tire un peu la gueule tout à droite de la scène). Le concert va vers sa fin et comme tout le monde, j’attends le redoutable duo “Hammer Smashed Face” / “Striped, Raped And Strangled” de fin de concert. Derrière sa muraille de cymbales où on l’aperçoit à peine, dès que Paul Mazurkiewicz cogne les trois coups de caisse claire introduisant “Hammer…”, le public part dans un pogo énorme allant des tous premiers rangs à l’avant de la console de son. Ce dernier reprend en choeur le riff du refrain comme pour un concert de Maiden, ce à quoi je ne m’attendais pas et qui me rend encore facilement hilare quand j’y repense. Le concert s’achève sur “Striped, Raped and fucking Strangled” dixit George et un wall of death tout aussi impressionnant que le pogo précédent (voir la vidéo dans la setlist). Ce morceau qui achève très souvent les concerts du groupe est peut-être le titre le plus représentatif de sa musique : paroles ignobles, groove dégoulinant de partout,rythme mid-tempo écrasant, accélération dévastatrice gratinée du fameux “Cannibal blast” et même un choeur fédérateur (les “you’re dead!” repris à l’unisson. Bon oui là j’exagère un tantinet). L’heure de dire au revoir est arrivée et c’est sous d’interminables hourras que le groupe quitte la scène. Partout autour de moi, des gens en sueur, tous froissés et épuisés d’avoir passé quatre heures debout dans cette moiteur mais le sourire au lèvres. Cannibal Corpse peut-il faire un mauvais concert? Ce n’est pas encore ce soir qu’on pourra répondre à cette question.

1. Demented Aggression
2. Sarcophagic Frenzy
3. Scourge of Iron
4. Disfigured
5. Evisceration Plague
6. The Time to Kill is Now
7. I Cum Blood
8. Encased in Concrete
9. Pit of Zombies
10. A Skull Full of Maggots
11. Priests of Sodom
12. Unleashing the Bloodthirsty
13. Make Them Suffer
14. Hammer Smashed Face
15. Stripped, Raped and Strangled 

22h10 environs, le concert se termine, la salle se vide et mon insistance auprès des agents de la sécurité pour avoir une des setlists qui traîne sur scène se soldera par un échec, vu qu’ils nous prieront de quitter la salle assez rapidement. A peine le temps de me prendre une bière (à 4€, oui j’ai craqué) et de faire un tour aux stands de merch (15€ le bracelet éponge Devildriver…) et la chasse au autographes/photos avec débute. Je croise des “connaissances” d’internet (coucou Caacri, coucou 2guys1TV) et tape la discute avec deux Black Dahlia Murder sans savoir qui ils sont au départ. Au final, je rencontre quatre Cannibal sur cinq (j’ai du partir avant que Corpsegrinder ne soit là :c ), discute de Solstice et Malevolent avec Rob Barett, entend la vraie version sur l’apparition de Cannibal Corpse dans Ace Ventura de Paul himself (difficile de  l’arrêter quand il commence tellement il est passioné par son truc) et ait le temps d’échanger quelque peu avec Sir Alex Webster (voir photo ci-dessous), bassiste d’exception, idole de toujours et influence majeure de mon jeu avant de littéralement courir prendre le dernier métro. Que dire de tout ça sinon ARG PUTAIN ARG.

Bisou à Nessie sans qui je n’aurai pas été à ce concert sans me ruiner, bisous à tous les slammeurs qui me sont tombés dessus, bisous au mec qui a compris que ma vessie était au bord de l’implosion et qui m’a laissé passé avant lui aux toilettes, bisous aux mecs de la sécurité qui étaient vraiment a-do-ra-bles (non mais vraiment), bisous au type sympa qui a accepté de me prêter son appareil pour faire plein de photos, et enfin bisous à toi qui a pris le temps de lire tout ceci (même si je sais que tu l’as lu en diagonale petit filou. Si ce n’est pas le cas, mets la suite de chiffres que j’ai glissé tout au long de l’article en commentaire).

Dieu est amour, Cannibal Corpse est dieu, Cannibal Corpse est amour.

Cannibal Corpse est amour.

CANNIBAL CORPSE EST AMOUR.

A vous le studios.

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gnnnnnnnnnnnnn putain.

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Bataille de regards. (D.R. Jacko Pascal)

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derpin in the moshpit (D.R. Jacko Pascal)


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