Passion

De : Brian De Palma.
Avec : Rachel McAdams, Noomi Rapace, Karoline Herfurth, Paul Anderson, Rainer Bock, Benjamin Sadler, Michael Rotschopf, Max Urlacher...
Genre : Thriller.
Origine : Allemagne - France.
Durée : 1 heure 41.
Date de sortie : 13 février 2013.
Synopsis : Deux femmes se livrent à un jeu de manipulation pervers au sein d'une multinationale. Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle pour l'entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domination et de servitude.
Bande annonce française
"- Et toi, qu'est ce que tu veux ?
- Avant je voulais qu'on m'admire...
- Moi je t'admires tu sais.
- Mais aujourd'hui ce que je veux c'est qu'on m'aimes."


Bien que le casting de "Passion" à lui tout seul pouvait me faire déplacer en salles (Rachel McAdams et Noomi Rapace dans un thriller erotico-sulfureux, en tant qu'homme normalement constitué je signe tout de suite), je dois bien reconnaitre que le fait que Brian De Palma, un réalisateur que j'apprécie beaucoup, soit derrière la caméra m'a bien aidé aussi à faire de ce film l'une de mes attentes de ce mois ci.
Et ça n'a pas manqué j'ai vraiment bien aimé ce film. Premier constat, j'avais totalement oublié "Crime d'amour" d'Alain Corbeau que j'avais pourtant vu en salles (pas revu depuis mais après ce film je me ferais bien une piqûre de rappel) mais le scénario écrit par Brian De Palma et Natalie Carter d'après le film d'Alain Corneau est vraiment bien ficelé je trouve. Là où le film français révèle un peu trop tôt l'identité du coupable, Brian De Palma pour sa part brouille un peu plus les pistes tout en accentuant beaucoup plus les thèmes du voyeurisme et de la manipulation qu'il maitrise mieux que son homologue français à mes yeux. Malheureusement, quand on connait le film d'origine, la tension redescends un peu car l'issue et connue et du coup moins percutante (ce qui me laisse encore plus présager d'un film réussi mais moins fort après un second visionnage) mais j'ai quand même été captivé jusqu'à la fin même lors de la fameuse scène du ballet que je trouve un peu trop longue même si elle à sa place dans le cinéma de De Palma. Le seul reproche que je pourrais faire à ce scénario est surtout dans sa toute fin. Le dernier quart d'heure me semble un peu trop exagéré (et différent du film de Corneau il me semble mais faudrait que je revois ce dernier) malheureusement mais dans l'ensemble je suis quand même resté fasciné par cette histoire.
Devant la caméra, le duo Rachel McAdams - Noomi Rapace (respectivement Christine et Isabelle) est excellent. J'aimais bien le duo d'origine (Kristin Scott Thomas - Ludivine Sagnier) mais ici, le choix me parait plus légitime et accentue beaucoup plus le côté sensuel de l’œuvre, un aspect sensuel qui manquait peut être au film d'Alain Corneau. Leur face à face m'a paru tout à fait convaincant en tout cas et j'ai beaucoup aimé aussi les acteurs secondaires qui gravitait autour de ce duo comme Paul Anderson en Dirk ou encore Karoline Herfurth en Dani. Pour cette dernière, son personnage contribue à ce que je n'adhère pas totalement au final de ce récit mais j'ai beaucoup aimé le jeu de cette actrice presque transparente au début malgré son joli visage et qui va prendre beaucoup plus de présence à l'écran et très bien évolué dans son jeu au fur et à mesure que le temps passe.
Ce fut aussi un plaisir que de retrouver Brian De Palma derrière la caméra. A l'aise dans un registre qu'il connait bien, le cinéaste joue avec les mêmes codes habituels qui peuvent parfois nous replonger dans son cinéma des années 70. L'ensemble apparait ainsi peut être un peu facile pour lui, sans prendre trop de risques mais le résultat m'a quand même convaincu surtout que j'ai bien aimé son utilisation des technologie comme Internet, Skype, les caméras de surveillance etc etc qui donne à son amour pour le voyeurisme et la manipulation un peu plus de poids même si on perds un peu en finesse. La bande originale composée par Pino Donaggio est elle aussi très bonne même si on sens la volonté d'accentuer le côté tragédie avec l'utilisation d'airs d'opéra parfois un peu trop lourd. Ça colle cependant avec ce film tandis que j'ai bien aimé l'exploitation des décors et la photographie avec ce côté européen qui se mélange bien à l’œil hollywoodien du réalisateur.
Pour résumé, j'ai beaucoup aimé "Passion" qui m'a au passage rappeler à mon bon souvenir "Crime d'amour" d'Alain Corneau et donner envie de le revoir au passage. Cette histoire semblait faite pour Brian De Palma qui à su la transcender légèrement même si le sujet perds sans doute en intensité après le premier visionnage. Brian De Palma reste assez fidèle à lui même en tout cas, peut être un peu trop classique, mais son film m'a paru réussi et je le reverrais certainement avec plaisir.