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[Critique DVD] Le policier

Par Gicquel
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Yaron ,policier d’élite, appartient à une unité anti-terroriste de la police israélienne. Ses compagnons et lui sont ,l’arme, le fusil pointé par l’État sur ses adversaires, «l’ennemi arabe». Sa femme est sur le point d’accoucher . Sa rencontre avec un groupe violent, radical, le confronte à la guerre des classes israéliennes .


[Critique DVD] Le policier
"Le Policier" de Nadav Lapid

Avec : Yiftach Klein, Yaara Pelzig, Michael Moshonov

Sortie Cinéma le 28/03/2012

Distribué par Bodega Films

Durée : 105 Minutes

Genre : Drame

Film classé : -

Le film :

★
★
★
½
☆

Les bonus :

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★
☆
☆

A l’évidence, Nadav Lapid  joue la différence. Exit le conflit israëlo-palestinien , voici l’ennemi intérieur. Oublié l’apprentissage des premiers ébats, la mise en scène est radicalement posé sur les bases d’un cinéma nouveau. On y suit en alternance le quotidien d’une bande de copains, des policiers d’élite, qui dans l’attente d’une nouvelle mission, vivent comme tout un chacun. Dans la même ville , une autre bande de copains, plus jeunes, s’apprêtent à lancer les graines d’une révolution populaire.

Il est surprenant une fois encore de voir comment le cinéma a pu anticiper ce qui allait conduire au  « printemps israëlien » avec la mise en place d’une contestation qui n’était ni palestienne, ni arabe, mais située au coeur de la population israëlienne. Un antagonisme que ne réalise pas encore le pouvoir en place , qui fort de sa défense civile et de ses convictions ancestrales ( les méchants sont de l’autre côté ) , construit énergiquement un état fort et souverain . En ignorant ses bases , nous dit le réalisateur , qui se lézardent au fur et à mesure que se crée le fossé entre les puissants et le commun des mortels.

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Très patiemment, Nadav Lapid  nous conduit ainsi à une inévitable confrontation , forgée par ses extrêmes , qui du héros national au rebelle indécis semble dresser une carte du pays , en rupture progressive. Yaron ne voit que par l’autorité qu’il représente, la force qui s’en dégage et la sécurité inhérente. Il s’apprête à devenir père , couronnement de toutes ses certitudes. En face, quelque part dans un appartement bourgeois appartenant  » aux cochons de parents »  de Shira, ses amis élaborent théorie et revendication, avec la naiveté de l’inexpérience.

Jamais , avant leur passage à l’acte, ils ne se rencontreront . C’est la force du film qui joue de cette opposition invisible, par la grâce d’un montage abrupt et sans concession. C’est plus à ce niveau que dans la mise en scène que Lapid se distingue , avec une direction d’acteurs tout aussi pertinente : les personnages sont appelés par la caméra , plus qu’elle ne les filme. Une constante que l’on retrouve de plus en plus dans le cinéma d’aujourd’hui ( je pense notamment au récent « Mobius » ) et qui dans « Le Policier » fonctionne à merveille.

Au premier coup d’oeil ça n’a rien d’évident, mais comme le film dure plus d’une heure trente, le regard a le temps de s’accoutumer . Et l’improvisation supposée par le style du réalisateur donne le ton général d’un cinéma qu’il me tarde de revoir.

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  • Le making of ( mn)

Prix spécial du Jury au Festival de Locarno, Prix du Public au Festival des 3 Continents, et trois prix au Festival du Film de Jérusalem..Réalisé avant le « printemps israélien », « Le Policier »prophétise en quelque sorte ces évènements et apporte un éclairage nouveau sur la société israélienne.
Son propos radical a créé la polémique lors de sa sortie en Israël : la commission de censure, pour des raisons clairement politiques, a décidé d’interdire le film aux moins de 18 ans alors qu’il ne contient aucune scène explicite de sexe ou de violence. Devant le tollé provoqué, la commission a fait marche arrière pour n’interdire finalement le film qu’aux moins de 14 ans..


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