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Big Bang sur l’Oural, l'édito d'Alain Cirou

Publié le 22 mars 2013 par Cieletespace

20080701_AlainC_38.jpg Il y a les probabilités… et la réalité. Le 15 février dernier, les obser­vateurs se préparaient à suivre le passage dans le ciel de l’astéroïde 2012 DA14. Très près de la Terre, à une distance inférieure à l’orbite des satellites géostationnaires. D’une cinquantaine de mètres de diamètre, ce rocher menaçant venait nous rappeler que notre planète est régu­lièrement frappée par des débris de la naissance du Système solaire. Le célèbre Meteor Crater, formé en Arizona il y a 50 000 ans, est d’ailleurs le “cratère témoin” de ces collisions récurrentes. Mais ce jour-là, le ciel n’a pas attendu la tombée de la nuit pour déclencher le spectacle…

Au petit matin, une boule de feu, des explosions et une énorme onde de choc enregistrée des centaines de kilomètres à la ronde ont semé la panique et fait plus d’un millier de blessés dans la région russe de Tcheliabinsk. Une météorite d’environ 15 à 17 m de diamètre a traversé l’atmosphère à la vitesse faramineuse de 65 000 km/h, puis s’est désintégrée au-dessus de l’Oural, dispersant quelques maigres fragments brûlants sur sa trajectoire, et en bout de course dans le lac gelé de Tchebarkoul.

L’événement est historique. Et pour la première fois, les scientifiques disposent d’observations objectives, enregistrées depuis l’espace jusqu’au sol où, grâce à des caméras de pare-brise, le monde entier a pu parta­ger la stupeur des spectateurs. Pour les astronomes, et pour la rédaction de Ciel & Espace, l’enquête ne faisait que commencer. Et elle est importante car, jusqu’à présent, il n’existe pas de modèle fiable pour prévoir la désintégra­tion d’une météorite dans l’atmosphère. Vous lirez dans ce numéro des témoignages exclusifs et découvrirez que notre atmosphère — qui équivaut à un mur d’eau de 10 m d’épaisseur — joue un rôle protecteur essentiel dans ce type d’impact avec un “petit” corps. Lequel s’est désintégré en vol, puis massivement fragmenté, au point de ne céder que quelques centaines de kilogrammes d’échantillons à l’analyse au sol.

L’événement de l’Oural marquera l’histoire contemporaine car il satisfait les exigences des saint Thomas du principe de précaution. Nous l’avons vu et pouvons le croire. Ça arrive et ça se reproduira. En conséquence, financer des programmes pour détecter, qualifier, et dans le futur dévier les montagnes de rochers les plus menaçantes, est politiquement fondé. Même si la probabilité est, en moyenne, d’une fois par siècle…

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

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Ciel & Espace, avril 2013
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