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La France à Hollywood

Publié le 14 avril 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

Bon, nul ne l'ignore, le duel dans cette version du Scaramouche de 1952 est le plus beau et sans doute le plus long de l'histoire du cinéma. Il est assez acrobatique, et on voit à plusieurs reprises que les épées ne sont ni en caoutchouc ni à la pointe émoussée. Il est censé se dérouler au Théâtre de l'Ambigu au printemps 1789, en pleine réunion des Etats Généraux.


J'aime bien ce film d'abord parce que tout le monde y est beau et intelligent quelque soit son bord politique, et surtout parce que la représentation qui est faite tant de la France de cette période que de cette période de l'histoire de France est assez subtile pour un film américain. Comme quoi quand Hollywood veut faire un effort, c'est possible (la même remarque vaut pour Casablanca et le portrait assez fin et mesuré du préfet de police vichyste).

Il n'y a pas d'un côté de fiers patriotes démocrates et de l'autre une noblesse jouisseuse et en fin de course. Le personnage joué par Mel Ferrer, le marquis de Maine, est un Almaviva qui n'a rien d'un petit marquis de cour saupoudré et moucheté. Il revient sans doute de la guerre aux Amériques et il défend le système politique sans états d'âme mais aussi sans illusion. Les autres nobles sont plus ou moins eux-aussi des sabreurs (il y a par moments un coté trois mousquetaires).

Et son demi-frère (ah zut, je vous ai dit la fin...) le héros en titre joué par Stewart Granger (dans le civil James Stewart, mais le nom était déjà pris), André Moreau, est un poète philosophe jouisseur et libertaire, sorte de mélange de Casanova et de Restif, rallié à la Révolution sur le tard.

Il y a également dans le film une assez bonne reconstitution de la Salle des menus plaisirs de Versailles et de la vérification des mandats des députés lors de l'appel de mai 1789 des premières séances des Etats Généraux.

Seul raté - volontaire - dans la dernière image (mais les Américains adorent s'amuser avec le personnage) : l'apparition de celui qui n'était à l'époque qu'un petit lieutenant d'artillerie tout maigrichon, mais qui est représenté bedonnant dans sa redingote verte, les cheveux courts et, bien entendu, la main sur l'estomac. Avec bien sûr en fond sonore du générique de fin, notre Marseillaise. Long live France !


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