Magazine Côté Femmes

Quatre petites heures

Publié le 26 mars 2013 par Mentalo @lafillementalo

Pas plus tard qu’hier matin, j’ai compris un truc. Un truc de filles, surtout. Un truc qui explique pourquoi il est très important d’avoir un périnée en béton, et accessoirement pourquoi plein de filles sont abonnées aux cystites comme leurs homologues masculins au Grand Prix du dimanche.

Les gosses confiés au bus scolaire, un besoin naturel me rappela que le thé -oublié sur un coin de la table et donc froid- bu une heure avant était arrivé à destination. Tout en me dirigeant vers les lieux d’aisance, je gagnai un quart de seconde en dégrafant déjà ma ceinture et… tombai dans une faille spatio-temporelle.

En chemin j’aperçus un doudou crasseux qui m’adressa un regard me suppliant de le confier à la machine à laver pour quelque temps. Oui, mais pas tout seul. Je fis donc demi-tour et entamai la tournée des paniers à linge sale dans les chambres. Je redescendis trier le tout. Démarrai une machine. Préparai les autres. Passai un coup de balai dans la buanderie. Avisai l’évier qui avait bien besoin d’un coup de propre. Allai chercher de quoi le nettoyer. En profitai pour emmener au garage les bouteilles à recycler. Retournai à la buanderie laver l’évier. Remplis le flacon distributeur de savon liquide – après avoir été à la cuisine chercher les ciseaux nécessaires à l’ouverture de la recharge. Rapportai les produits d’entretien dans l’armoire adéquate. Passai devant le feu de cheminée qui avait bien besoin d’être nourri. Allai chercher du bois. Entendis mes pas crisser sur le sol, décidai de passer l’aspirateur. Découvris qu’il faisait franchement cracra dans la cuisine. Décidai de passer la serpillère. Après avoir posé les chaises en hauteur, donc rangé la table du petit déjeuner. Donnai à manger au lapin qui manifestait dans sa cage. Ce qui me fit penser que les mésanges aussi avaient faim, dehors. Allai chercher la nourriture des piafs, accrochai des élastiques aux boules de gras, et les boules au lilas, dehors. Saluai la voisine, de loin (j’avais pas le temps de faire causette, j’avais besoin de pisser, je te rappelle). Rentrai laver le sol. M’aperçus que des petits doigts avaient fait des smileys dans la buée des fenêtres. Lavai les fenêtres. Finis de laver le sol. Retournai à la buanderie. La machine avait fini. Allai au jardin étendre le linge. Démarrai une seconde machine. Croisai quelques paires de chaussures à ranger. Trébuchai sur un sac de sport abandonné dans le couloir. Jurai. Rangeai le sac de sport. Rangeai les chaussures. Descendis les chaises de la cuisine de la table. Mis de la crème pour les mains. Rechargeai le feu. Ouvris au facteur qui avait un colis pour toi, lectriçounette (un jour, bientôt)(soupire). Constatai que le lave-vaisselle répandait son eau sur le sol de la cuisine fraîchement lavée. Soupirai. Me retins de pleurer. Essuyai le sol. Terminai la vaisselle à la main. Répondis au monsieur des portes et fenêtres Closlhuis que non, merci, je n’avais besoin de rien. Ecoutai le répondeur, tant qu’à faire. Rangeai la vaisselle. Avisai l’horloge. Préparai à manger pour le retour des enfants. Descendis en courant jusqu’à l’arrêt de bus pour les accueillir.

Entendis un gling gling suspect.

Merde, ma ceinture.

Quatre petites heures

Coupable.


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