Grappillages 2013 (5)

Week-end pascal avant la semaine où débuteront les "primeurs" à Bordeaux.

Le GJE, comme depuis tant d'années, sera encore à la tâche avec la dégustation de tous les crus du Cercle Rive Droite (CRD).

Le barnum de bien des "journalistes" qui seront reçus ± sur tapis rouge en fonction de leur réputation sera probablement moins passionné que lors des millésimes où on dégustait le 2000 ou le 2005 ou même le 2010. Qui aura accès à Latour ? Est-ce que les négociants publieront quelque part leurs notes à eux, les pros, histoire de donner quand même un point de vue de connaisseurs ?

Laurentg, toujours à la pointe de l'info, m'informe que c'est le sommelier suisse PAOLO BASSO qui vient de remporter le concours de "Meilleur Sommelier du Monde" : on le félicite chaleureusement !

PRIMEURS

A titre perso, n'ayant guère de capacités à donner une opinion censée sur le devenir d'un vin, surtout à cet âge et basée sur des échantillons qui sont parfois loin de ce que sera le vin en bouteille, je me garderai bien d'affirmations intempestives et je me contenterai de quelques visites amicales pour accompagner les pros du GJE qui ont des responsabilités informatives vis à vis de leurs lecteurs et/ou clients.

En fait, une seule chose pourrait remuer un peu cet événement "vins bordelais" de 2013 : une baisse particulièrement sensible des prix. Gageons que c'est là, malheureusement pour nous, un souhait dont on rit sous cape dans bien des propriétés. En effet, combien de domaines sont définitivement tournés uniquement vers les marchés qui acceptent de payer des prix souvent insolents pour nous qui avons connu - il n'y a pas si longtemps - des classés à moins de FF 100 alors que maintenant nous sommes à plus de € 100 ?

Un mien ami, sommelier dans les années 80, maintenant chargé de bien plus hautes fonctions, était capable, en 1983/84 d'acquérir, sur ses revenus de sommelier, une caisse de chacun des premiers, avec Petrus en sus ! Pour l'an 2000, ses revenus de l'époque ne lui ont permis que l'achat d'un seul premier. Perdre trop la clientèle européenne, c'est prendre, quand même, un sacré risque ! Mais bon : de plus en plus de beaux domaines en ont enfin pris conscience; Espérons.

Bon : on a déjà discuté ici cent fois de cette question des prix d'un bien qui, soyons brutal, n'est "que" une boisson de table, quand bien même souvent elle peut apporter des émotions rares. Quand on connaît le coût pour produire une bouteille de vin, et qu'on s'accorde à ce que le producteur puisse y ajouter une marge nette entre 30 % et 40 %, on constate à quel point ce secteur économique est totalement atomisé : ici des gains extravagants, là juste de quoi bien vivre et nourrir sa famille, là enfin une peau de chagrin qui débouche sur une réelle misère.

Gardons en tête une chose sûre et certaine : ceux qui ont été obligés, pour des raisons financières de chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvent plus à Bordeaux, une bonne partie d'entre eux ne reviendra pas forcément vers cette vaste région qui n'a pas eu le minimum de reconnaissance et de respect pour cette clientèle qui était fidèle entre toutes.

POLITIQUE

Juste un point sur le discours d'hier soir du Président. En reportant cette taxe de 75 % non plus sur l'individu mais sur la société qui l'emploie, on a vidé totalement de son sens cet engagement mythique du candidat, que l'on soit pour ou contre par ailleurs.

Ensuite, sur cette volonté de faciliter les règlementations administratives, j'attends simplement qu'un Bizeul nous dise concrètement les paperasses dont on l'épargnera dans le futur immédiat : on va rire jaune !

Mais avant que l'on considère les entrepreneurs comme non pas des tricheurs ou voleurs ou profiteurs, mais comme de réels créateurs de plus-values, il y aura encore de l'eau qui passera sous les ponts !

Bref : du vent. Mais bon : on a parfaitement le droit de croire le contraire et d'avoir d'autres lunettes sur la chose.

IL aurait annoncé que toutes les entités financées par les deniers publics doivent réduire leur budget "dépenses" de juste quelques % sur les 3 ou 5 prochaines années, tout le monde aurait compris une réelle volonté de travailler sérieusement cet aspect de retour à des finances plus saines. Chacun sait, pour gérer son propre budget, qu'on peut toujours ajuster sur quelques % ses propres dépenses quand c'est nécessaire. Mais depuis quand le bon sens serait une règle d'action publique ?

LECTURE

De Thomas Coppey, "Potentiel du sinistre" chez Actes Sud : ou comment un trader joue sur les catastrophes naturelles. Glaçant. 

SHIBUMI : en relecture :-)

RIFIFI CHEZ PARKER

Le procès intenté par Parker à Antonio Galloni sera suivi de près par bien des journalistes. Rappelons l'objet (si nos informations sont bonnes) : Galloni n'aurait pas remis au Wine Advocate le rapport de son déplacement dans la région de Sonoma alors qu'il aurait été payé pour la chose. Et cela se complique probablement par le fait qu'il a sorti du site de Mark Squires tous ses billets et interventions, estimant qu'il a un droit total sur ses écrits. Il est évident que cette déchirure entre deux hommes qui se respectaient réellement cache quelque part d'autres aspects inconnus du public.

En discutant ici et là de la volonté d'Antonio Galloni de lancer son propre site payant, c'est assez effarant d'entendre des propriétaires de domaines connus répondre simplement : "Galloni ? Inconnu !". Mais qui donc en 1982 a dit : "Parker ? Notre futur maître !" . Là encore, la Bourgogne a eu une attitude de bon sens qu'on a du mal à trouver en bordelais.

Histoire de vous étourdir : essayez de calculer combien Parker a fait gagner de millions à Bordeaux en considérant, sur les marges nettes supplémentaires gagnées depuis 1982 par les châteaux solidement notés, que 30 % de ce différentiel annuel de profit est dû à son système de notes sur 100 qui a tant fait pour créer une clientèle massive venue au monde du vin, par son fait ?  Oui, il mérite une statue dans chaque AOC majeure du bordelais.

Mais achtung à l'adage : "brûler ce qu'on a adoré et adorer ce qu'on a brûlé".

CINEMA

Quelqu'un sait s'il existe une version DVD ou VHS du film de Wajda : "La terre de la grande promesse" ? Je ne trouve rien sur le net :-(

GASTRONOMIE

A lire tous les incidents gastriques survenus dans des restaurants qui ont connu les sunlights de la renommée d'un classement anglo-saxon basé sur des critères qu'on a du mal à comprendre, on peut craindre que les prochains lauréats s'opposent à être en tête, sous peine de lazzis que ne manqueront pas d'écrire des internautes fanas des FB et autres Twitter :-)

Saluons ici un tout grand, un vrai, qui vient de fêter ses 80 balais : Michel Guérard. Lors d'une cure à Eugénie où bêtement j'avais quand même réussi à perdre sur 7 jours plus d'un kilo par jour (si, si : c'est acté), je me souviens très bien à quel point il prenait soin de ses clients, lesquels, fatalement, ne parlaient que de cuisines et de chefs aimés comme le grand Guillot à Marly et autres pointures de l'époque ! Du temps des grandes heures !

VINS

Deux crus de Monteverro, ce domaine créé ex-nihilo à Capalbio, au bout sud de la Toscane, par un jeune allemand passionné, Georg Weber, qui feront parler de ce domaine. Il y a là un style assez éloigné de ce qui se fait dans la Maremma si proche, avec la volonté évidente de produire des vins capables de vieillir en beauté. Certes, pas facile à trouver, mais le TINATA (IGT Toscana rosso) mérite d'être encavé : 80 % syrah et 20 % grenache. De belles nuances d'épices, une densité marquée. On pourra sans doute le déguster lors du prochain WWS.

Propriété conseillée par Michel Rolland dont on a parlé ICI et ICI.

Qu'il me soit permis de dire à quel point ce jeune couple Weber a une ouverture d'esprit sur le vin, tant ils vous demandent des nouvelles sur tout ce qui se passe ailleurs. Ce n'est pas si fréquent.

Deux crus plus intéressants que leur chardonnay - il y en a assez ailleurs - alors que le vermentino lui, mérite aussi d'être dégusté tant ce cépage est à l'aise dans cette région maritime.