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Marathon des Sables : Lets go to Sahara

Publié le 04 avril 2013 par Pascal Boutreau

Oui je sais, ça fait une éternité... Même si je continue de mener 4 vies en même temps, les choses devraient a priori se calmer dans les semaines à venir, j'espère pouvoir revenir ici plus régulièrement... Comme avant...

Alors juste avant de partir dans le Sahara pour couvrir (et non pas courir) le Marathon des Sables, une petite new news que j'ai également publiée sur le blog de L'Equipe (ICI). Le Marathon des Sables, une expérience que j'ai déjà vécue l'an dernier comme journaliste après l'avoir vécue comme coureur il y a trois ans. Encore de belles émotions en perspective avec tous ces coureurs venus du monde entier. A suivre sur le site de la course à partir de dimanche (www.marathondessables.com

Le 28e Sultan Marathon des Sables débute dimanche, dans le Sahara sud-marocain. Pour la plupart des 1000 concurrents venus de près de 50 pays, c'est l'aventure d'une vie.

Marathon des Sables : Lets go to Sahara

Sûr qu’ils ne pensent plus qu’à ça. Sûr que depuis des jours, ils font et refont leur sac, vérifient que tout y est, cherchent encore comment gagner de précieux grammes, en coupant en deux une brosse à dent, en sacrifiant un sachet de lyophilisé ou encore un peu de confort, notion toute relative pour l'aventure qu'ils s'apprêtent à vivre. Ils, ce sont les 1000 concurrents du 28e Sultan Marathon des Sables qui débutera le 7 avril dans le Sahara sud-marocain avec au programme, six étapes pour un total de 228km en autosuffisance alimentaire (seule l’eau est fournie aux concurrents qui doivent donc transporter toute leur nourriture tout au long de leur périple).

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Une aventure avant tout humaine. Un projet sur plusieurs années pour certains, un défi personnel pour beaucoup. Une quête d’autre chose, d’ailleurs. Un besoin de couper avec le rythme de la vie quotidienne aussi et parfois la nécessité de se retrouver seul avec soi-même pour faire le point et remettre les choses de la vie dans le bon ordre. « Plus qu’une épreuve de course à pied, c’est un moment de vie très particulier, racontait Paul Le Guen, participant de l’édition 2006, dans un article de L’Equipe. Il n’y a plus rien, plus de sonnerie de téléphone. On déconnecte complètement de la vie normale. C’est une épreuve marquante dont on ne revient pas tout à fait pareil. »

Si la performance physique nécessite un réel entraînement (on ne parcourt pas près de 230 kilomètres sous la chaleur et dans le sable sans s’y être préparé), le mental reste l’élément essentiel d’une telle aventure. Le mental, c’est savoir gérer les moments de découragement, les tempêtes cérébrales souvent bien plus dévastatrices que les tempêtes de vent, c’est savoir lutter contre l’irrésistible tentation d’abandonner au prochain point de contrôle, c’est chasser les doutes quand la montagne que l’on s’est fixée au loin comme point d’horizon, semble ne jamais se rapprocher malgré les heures de course qui s’empilent, c’est encore trouver les parades pour ne plus prêter attention aux multiples petites douleurs.

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Sous la banderole de départ, chaque matin, la sono crachera le traditionnel « Highway to Hell » d’ACDC. « Autoroute vers l’enfer ». L’enfer, les participants du 28e Sultan Marathon des Sables, pour la plupart, vont le traverser à un moment ou un autre, au cœur d’une des six étapes tracées dans le Sahara sud-marocain. Connaître l’enfer, physique ou mental, mais avec toujours l’espoir et souvent la certitude qu’au bout, le paradis les attend.

L’histoire se répète chaque jour. Au fil des kilomètres, sous un soleil de plomb, une longue « procession » de coureurs venus du monde entier se frotter à ce qu’ils pensaient être leur limite. Certains sont là par défi personnel, pour un hommage à un ami parfois disparu trop tôt ou d'une façon plus basique pour un pari, d’autres (de plus en nombreux) pour récolter des fonds, d’autres encore pour guérir des blessures à l’âme ou évacuer les tracas du quotidien de leur « vie de tous les jours ». A chaque coureur son histoire, sa raison d’être là. Images quelque peu surréalistes de cette longue file indienne en train d’avancer sur les lacs asséchés, de ces silhouettes que l’on devine à peine au milieu des nuages de sable soulevés par les rafales de vent, encombrant et usant compagnon. Des kilomètres dans le désert à découvrir d’étonnants paysages avec souvent le contraste des couleurs entre le blanc des oueds traversés, le noir des pierres au cœur des lacs asséchés et « l’orangé » des dunes.

Chaque année, les mêmes scènes se répètent. Aujourd'hui, à quelques jours du départ, ils ne le savent pas encore, ils ne se connaissent pas encore. Et pourtant leurs chemins se croiseront au milieu d’un cordon de dunes, d’un plateau caillouteux ou au sommet d’un djebel. Ils décideront alors de faire route ensemble. Comme une évidence. Parce que l’on est souvent plus fort à deux. Parce que ça fait du bien de parler quand la douleur tant physique que mentale s’immisce sournoisement, violemment parfois, à chaque foulée, à chaque pas.

Pendant de longues heures, ils vont courir, trottiner ou marcher. Peu importe l’allure, leur seule obsession sera seulement d’avancer. Dans la chaleur, le vent, puis dans la nuit, ils traverseront le désert, à la lumière de leur lampe frontale, le ciel étoilé du désert comme témoin. Un chemin où ils en apprendront souvent beaucoup sur eux-mêmes. « On a une faculté de récupération que l’on ne soupçonne pas, témoigne Nicolas Esterhazy, concurrent belge de la dernière édition. Quand on arrive d’une étape, on est cassé, on a même du mal à faire les 100m jusqu’à la tente et le lendemain, on repart. Dans le quotidien, on fait un centième de ce que l’on s’inflige ici et on se plaint d’être fatigué. Evidemment, on gamberge souvent, on se demande ce qu’on fait là mais ça finit toujours par passer. Sur le MDS, on se coupe du monde, on apprend à redécouvrir et à apprécier des bonheurs simples. Et puis il y a cette solidarité entre coureurs. Tu cours et tu tombes sur un Colombien un Portugais ou un Chinois. Tu ne les connais pas mais tu partages avec eux. Ces rencontres, ça vaut tout l’or du monde. Ce que l’on ressent est difficile à exprimer avec des mots ou des images. Il faut vraiment le vivre. »

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Au bout de l’effort, ils se tomberont dans les bras, avec dans les yeux des émotions qu’il serait vain de vouloir exprimer par des mots. Au terme des six jours d’effort, sur des visages marqués, couleront des larmes remplies de joie, de soulagement et surtout d’un immense bonheur. Beaucoup de flashes repasseront sans doute dans leur tête. Des images d’une semaine au cœur de l’aventure dans des paysages de toutes natures mais toujours grandioses. Des rencontres aussi. Au pied d’une dune, au milieu d’un oued ou d’un lac asséché, ou encore le soir, au bivouac, autour d’une gamelle de lyophilisé.

Ces 1000 concurrents vont tous partager le même but et le même rêve. Pendant une semaine et ces 228km à parcourir dans les provinces d’Errachidia et Tinghrir, ils vont se séparer du superficiel pour ne garder que l’essentiel. Là sera peut-être leur plus belle victoire.

Pascal (@pgb51)


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