Magazine Cinéma

Mama (Andres Muschietti, 2013)

Par Doorama
Mama (Andres Muschietti, 2013) Quand Lucas retrouve enfin les deux filles de son frère disparu, c'est presque rendues à l'état sauvage qu'elles lui sont retournées. Elles ont vécu dans une cabane au fond des bois, élevées par un démon qu'elles appellent "Mama". De retour à la civilisation, maintenant au sein d'une "vraie" famille, avec Lucas et sa compagne Annabel, ce n'est pourtant pas la fin de cet épisode malheureux, puisque Mama continue de garder un oeil sur elles... Et une mère comme Mama ne laisse pas s'éloigner ses enfants, juste "comme ça"...
On est loin de la Mama d'Aznavour... La Mama de Muschietti est un spectre vaporeux et décharné, une entité sauvage et protectrice avec ses fillettes qui comme toutes les mères se soucient de sa progéniture. Mama se paye une star en pleine ascension, en la présence de Jessica Chastain ( vue récemment dans Zero Dark Thirty ou Des Hommes Sans Loi) pour vendre ses deux Cosettes et prôner les valeurs de la famille américaine, mais cela ne suffit pas à pour faire intervenir un peu de qualité et d’originalité dans son sujet. Fantastique calibré, usé et prévisible, Mama est un film de drive-in déguisé en superproduction censée faire peur...
L'un de nos plaisirs tordus à la rédaction, c'est "les films où il y a des enfants qui meurent". Non pas que nous y prenions plaisir, mais plutôt parce que le sujet est délicat au cinéma, voire tabou, et que lorsque ça arrive sur l'écran, ça signifie souvent que le réalisateur est soit "sévèrement burné", soit "bien barré", soit "audacieux", soit "très con"... Tout cela pour dire que Mama "commence bien", avec une bonne histoire où un père s'apprête à suicider sa fille, bref on se dit que pour montrer une telle chose, Mama va emprunter des chemins abruptes, peut-être inédits, aptes à nous en faire baver... Que nenni ! Comme au guignol, la faute ultime qui allait être commise sera sanctionnée d'un coup de bâton. Fin de l'introduction, retour sur des rails du conventionnel et à la "réalité" d'une production hyper-calibrée dont le fonds de commerce est de faire peur, mais surtout sans déranger, sans faire "vraiment" peur en fait ! Un jeu de dupes...
Les pauvres et sauvages fillettes (que n'aurait pas renié Truffaut en les voyant se déplacer tels des animaux), sont les innocentes victimes, certes sauvées et élevées par la Mama, mais aussi sujettes à son éducation "spectrale" peu adaptée. La phase 1 est de les sauver de l'enfer, la phase 2 est l'installation difficile dans leur nouvel environnement, la phase 3 les premières apparitions, la 4 les premières interrogations des parents, la 5 la vérité en mouvement et ainsi de suite jusqu'à la "confrontation" finale ! Telle une pièce que l'on aurait vue et revue, les mécanismes de Mama témoignent de la simple récupération et utilisation d'existant. La force néfaste est un spectre maternel, mais cela aurait pu être un ancien propriétaire assassiné qui revient, d'anciens esprits d'un orphelinat où se seraient produites des horreurs (tiens du pur fantastique sspagnol... ? comme promis par l'affiche ?), ou tout autre film de fantôme sur lequel on applique un "Rechercher/Remplacer par"... Impossible de se laisser séduire par un film que l'on a en fait déjà vu et revu tant de fois, tellement usé qu'il faut bien sûr y distiller régulièrement de bruyantes apparitions à effets (musique, tension, et cut !) pour faire patienter le spectateur jusqu'à son très prévisible dénouement. Sur une forme couplet-refrain presque ennuyeuse, Mama écrit une partition bien inutile...
Ordinaire et usiné à outrance, Mama laisse de marbre, on a même du mal à accepter de jouer à se faire peur, tant ses trucs et ses codes s'avèrent peu sexy et ses personnages sans reliefs. Banale et convenue, la découverte de Mama frôle l'ennui. On se demande ce que Jessica Chastain, qui enchaîne pourtant gros projet sur gros projet est venu faire dans ce Mama boursouflé d'ambitions étriquées ! Les adeptes de séries auront le plaisir de voir Nikolaj Coster-Waldau (Jammie Lannister, dans la série Game Of Thrones) en prise avec un le personnage peu épais d'un oncle courageux, les adeptes de spectres assisteront à deux attaques sans surprise, les amateurs de fins ratées en auront pour leur argent, et les aficionados de petits films fantastiques un tant soit peu fun rentreront chez eux sans avoir étanché leur insatiable soif. Non, ce Mama n'est qu'un projet sans âme, juste sorti des studios pour occuper le terrain en attendant d'avoir retrouvé un peu plus d'inspiration. Définitivement, Mama fait partie de ce cinéma fantastique paresseux et opportuniste que nous n'aimons pas. Mama éveillera peut-être quelques frissons chez les moins habitués au genre, les autres auront l'occasion de redécouvrir que les paupières aussi ont un poids : comme Mama, c'est lourd !
Mama (Andres Muschietti, 2013)

Procurez-vous Mama ou d'autres films de Andres Muschietti ou avec Jessica Chastain ou Nikolaj Coster-Waldau


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Doorama 230 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines