[Critique DVD] Opéraçion E

L’incroyable et bouleversante histoire d’un pauvre paysan et de sa famille qui se voient confier de force la garde d’un enfant de la guérilla colombienne. Quand ils découvriront ce que représente ce bébé, leur vie se transforme en un tragique périple à travers la jungle.

"Operación E" de Miguel Courtois Paternina Avec : Luis Tosar, Martina García Sortie le 03 avril 2013 Distribué par EuropaCorp Durée : 102 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus :

Un film d’aventure, plus que politique, un thriller plus qu’une réflexion. Si j’annonce  la couleur, c’est que le sujet a priori aurait pu connaître un tout autre développement. Mais le propos de Miguel Courtois s’adresse clairement au plus grand nombre, qui découvrira ainsi les tenants et les aboutissants de l’affrontement trentenaire entre le gouvernement colombien et les Farc, mouvement révolutionnaire fortement militarisé.
Au centre de la guérilla, un bébé, qu’un commandant rebelle remet à José Crisanto un pauvre cultivateur de coca. Il doit en prendre soin, avant de le restituer quand on lui fera signe.

Au cœur de la jungle, tiraillé entre le pouvoir officiel et les soldats des Farc, aussi tyranniques et cruels les uns que les autres, notre pauvre homme ne sait plus à quel saint se vouer.
Il doit faire vivre sa grande famille qu’il chérit par-dessus tout (il raconte de quelle façon il a conquis sa belle épouse- que joue Martina Garcia – c’est plutôt incroyable), mais ses moyens sont limités. Aussi quand la maladie s’attaque au petit protégé des rebelles, dont il ignore l’importance, il n’a d’autre choix que de le faire soigner, « dans le camp ennemi ».
D’un engrenage à une autre spirale, c’est toute la situation des « déplacés » que nous conte le cinéaste qui s’est fortement inspiré d’une histoire vraie. Elle est édifiante et je vous la laisse découvrir, à travers des relations humaines qui ne le sont pas moins.
Le mérite de Courtois est de bien en mettre en lumière le fonctionnement des Farc, ce que représente cet état dans l’état, avec un système social et policier, structuré, même en pleine forêt colombienne. L’enrôlement des enfants est leur marque de fabrique indélébile, ce qui nous vaut une très belle scène quand José supplie les guérilleros de lui rendre sa progéniture.

Après quoi il lui faudra fuir une fois encore avec toute sa famille, toujours à pied, dans la jungle hostile, en évitant la guérilla, et les paramilitaires. Une traque interminable, de tous les instants que Luis Tosar vit pleinement. Il porte le film sur ses épaules, avec la même détermination qui fut celle du vrai José Crisanto. Quand officiellement on ne lui reconnaîtra aucun mérite, Luis Tosar ne pouvait lui rendre un plus bel hommage.

LES SUPPLEMENTS

• Luis Tosar est José (2.30 mn)

En parlant de son personnage l’acteur y voit le  » symbole de l’opprimé, du réfugié, de ceux qui n’ont pas les moyens de se dresser contre les grands de ce monde, c’est l’histoire de millions de personnes que l’on n’entend jamais « .

• Martina García est Liliana (2.30 mn)

La comédienne parle de son  » travail sur la sensibilité, complexe, très humain », de ses relations avec les enfants et l’équipe évoque ce qu’elle représente pour le film.

• Un tournage difficile (3 mn)

Il s’est déroulé en Colombie, le réalisateur y tenait, les producteurs aussi, malgré les problèmes de logistique.  » Par souci de sincérité, il fallait le faire là ».La pluie, la boue, une saison tropicale avec ses cyclones, les images sont édifiantes « tout est extrême » dit le réalisateur « il fait très chaud, il pleut très fort ».

• L’histoire vraie (2.20 mn)

Que l’on connaît déjà grâce au film, mais jamais il n’est dit qu’elle est la part de fiction. « Je n’ai pas eu beaucoup à romancer » se contente de dire Antonio Onetti, le scénariste.