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J’ai perdu ma casquette ! Un accident si banal à Phnom Penh.

Publié le 08 avril 2013 par Cambodiaexpat @Cambodiaexpat

Fin d’après midi, vers 17h. La circulation est plus que dense sur le prolongement du Sisowath Quay, après la rue 108 lorsque l’on vient du centre.

Mon motodop roule doucement, conscieusement, ce qui doit être souligné. Nous sommes partis pour un match de boxe à CTN.

Le motodop devant, lui, semble chercher son chemin. Il est dans une situation tout ce qui a de plus normale en somme. A cette heure-ci, le mot imbroglio prend tout son sens : tout le monde se croise, roule à contre sens, fait demi tour, en prenant garde de ne pas se faire ratatiner comme une bang cheuw (crêpe khmère) par un okhnia en Hummer.

Soudain, un objet semble flotter au dessus de cette fourmilière. Une casquette beige « USA » décolle puis retombe au milieu de la rue.

Le motodop devant titube, hésite… son allure ralentit du tout au tout. Il engage un demi-tour serré ; regarder autour de lui était alors inconcevable face à la perte de son couvre chef poussiéreux. Il y a des priorités.

Il poursuit sa manoeuvre avec dextérité, évitant de ce fait une dizaine de motos, quelques tuk tuks, une charette à boeufs. Je capte en une fraction de seconde sa dextérité inouie, fais le rapprochement entre la maneouvre et la casquette, puis sent un danger imminent. Mon motodop aussi. Il s’écarte de la voie immédiatement pour se glisser côté trottoir.

Le temps de cela, le bruit froid du choc a été effroyable. La casquette à 1$ au mieux ne va pas retrouver son propriétaire de si tôt.

La Lexus encore-plus-grosse ne s’arrêtera pas. Du tout. La moto Daelim rouge parcourera une bonne dizaine de mètres avant de stopper sa course dans un tuk tuk arrivant derrière. Le moteur ne s’arrêtera pas.

Le motodop, anciennement sur la Daelim, se retrouve  les membres emmêlés dans les tiges et tôles d’un autre tuk tuk.

La course folle de la circulation ne trouvera pourtant aucun répit. Les motos et autres engins contourneront le motodop, son engin et la casquette dans des gestes calculés au millimètre, la Lexus a disparu depuis bien longtemps. Seul l’attroupement spontanément formé sur le trottoirs par quelques badauds attirera l’attention et permettra de détourner ce ballet. Parmi eux, une foule de téléphones portables sont sortis et filment la scène.

Quant à mon chauffeur, il est reparti, avec moi derrière un peu sonné, pour aller voir notre match de boxe. Dans la vie « normale », je serai rentré immédiatement prendre une douche et me laver de ce que je venais de voir. J’aurais porté secours. J’aurais appelé. J’aurais appliqué ce que dont je me souviens de mes cours de secourisme. Pas ici, pas au Cambodge. Pas bon pour le karma de la victime.

J’ai compris au Cambodge que les douleurs de l’esprit ne partaient pas sous la douche. Je suis allé voir ce match de boxe. Le combattant bleu a mis KO le rouge dans les 20 première secondes, dans une violence inouie et un déchaînement de coups. Je me suis demandé si le perdant aurait la chance d’avoir une civière et un médecin pour le sortir du ring. Oui, sous l’acclamation du public. Je me demande encore qui était le plus sonné.

J’ai tout de même pris deux douches à ma guest house, ça ne lave pas l’esprit mais ça détend.


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