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Que devient le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CPMHE)?

Publié le 15 avril 2013 par Ksd @KarfaDIALLO
Comité Pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage

Comité Pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage

A moins d’un mois de la 8ème Commémoration de la traite des noirs et de l’esclavage en France, l’unique et principal organe gouvernemental de coordination, de réflexion et d’actions autour de cette mémoire semble aux abonnés absents. Une grande perplexité règne quant à l’avenir d’une structure qui avait réussi ces dernières années à faire dialoguer la foule de mémoires, de souvenirs, de blessures mais aussi de projets pour atteindre le cœur de ce questionnement sur l’esclavage, cet héritage qui réclame lucidité, générosité, volonté politique et partage.

Résultat du grand mouvement d’égalité mémorielle qui s’est déclenché en France autour du 150èmeanniversaire de l’abolition, le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage souffre d’un manque de lisibilité et de moyens, préjudiciable aux missions qui lui ont été assigné par l’Etat français. Définissant son « rôle » comme celui « de conseiller le gouvernement pour parvenir à cette exigence d’une mémoire partagée et d’une communauté de destin dans les idéaux républicains », ce comité fixé par un décret de janvier 2004 est le résultat d’une évolution assez floue qui témoigne des hésitations et tergiversations d’un Etat et d’une administration bousculés par une demande mémorielle irrépressible et difficilement rationalisable. Prolongement d’un comité de personnalités qualifiées prévu par la loi Taubira dès 2001, parmi lesquelles des représentations d’associations défendant la mémoire des esclaves , cette instance était « chargée de proposer, sur l’ensemble du territoire national, des lieux et des actions qui garantissent la pérennité de la mémoire de ce crime à travers les générations ».

Installé en 2004 sous la direction de l’écrivaine Maryse Condé, ce comité s’affirmera sous la présidence de la sociologue Françoise Vergés (2009) qui ne ménagera aucun effort pour donner visibilité et cohérence à une institution aux contours incertains. N’eut été le dynamisme de Françoise Vergés, cette institution végéterait encore longtemps dans le marigot de ces « machins », ces commissions administratives qui tournent dans le vide, sans boussole ni compas.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation dont la principale victime est, sans aucun doute, cette demande mémorielle qui émane de ces centaines d’associations, de citoyens mais aussi d’universitaires qui font vivre la mémoire d’un crime contre l’humanité qui a décidément du mal à recevoir le traitement politique qui lui est dû. Organe consultatif composé d’une dizaine de membres issus du monde associatif et universitaire, ce comité est doté d’un budget de fonctionnement mais totalement dépourvu de ressources pour intervenir, soutenir, accompagner et produire des réflexions et actions permettant de partager cette mémoire.  En 2006, le projet d’un Centre national sur la mémoire de l’esclavage, dont une mission de préfiguration sera confiée au regretté Edouard Glissant, fera vite long feu malgré le rapport qui sera remis au Premier Ministre Dominique de Villepin.

A l’orée du quinquennat socialiste, avec la présence au gouvernement de personnalités connues pour leur engagement (Mr Ayrault et Mme Taubira), les acteurs inlassables de la mémoire de la traite des noirs dans les villages et villes de France seraient en droit d’espérer un avenir meilleur pour le CPMHE et des moyens supplémentaires pour sortir du misérabilisme dans lequel on maintient cette question au niveau national. 


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