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Digital Love / Too Long

Publié le 17 avril 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

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Daft Punk - Random Access Memories (1)

Je voulais pas au début. Et puis ça m'a sérieusement démangé. Je voulais pas parce qu'entre volonté de pédagogie (prétention), envie de légèreté (inconsistance), tentation d'aquoibonisme, de fatalisme (facilité), je risquais bien de rater le sujet Daft Punk 2013. Et Dieu sait qu'il est difficile de rater les Daft ces derniers temps.

So what the fuck ? Rapide flashback pour tous les uns et les unes qui ont vécu à Mondeville la Padole depuis vingt ans : Daft Punk c'est la gloire française du 2.0 avant l'heure, au moins depuis 1997. La fameuse French Touch qui a permis à Benoit le toulousain d'embrasser sans honte Jessy la texane un soir d'août 98 au camping de St Gilles Croix-de-Vie. Lui libéré de Téléphone, elle ne connaissant pas encore Britney Spears. Homework, avec Moon Safari (Air) et quelques autres, ont véritablement redoré le blason d'une musique francaise qui ne s'exportait plus qu'à coup de Jordy. La même année on gagnait la coupe du monde, et la France pouvait enfin crâner sur deux grands sujets de branleurs.

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Les deux garçons, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, réinventaient alors une musique électronique à coups d'infra-basses et de rythmiques disco-hypnotiques, le tout mystérieusement emballé dans un néo-anonymat casqué de derrière les fagots modernes. Well done, gros succès mondial. Vint le deuxième album, et son tube interplanétaire One more Time responsable, entre autres, d'une cinquième grossesse chez tata Suzanne. Malgré les voix dissidentes, les Daft étaient les maîtres du monde. Et puis ensuite, Human after all, des remixes, des collaborations, diverses expériences, la bande son du nouveau Tron... Les Daft Punk devenaient une franchise rentable et exploités avec un certain talent.

Et puis 2013. Nous y voilà. L'accélération du web 3.0 a cristallisé les Daft Punk en icônes incontestables, récentes arlésiennes d'une scène hexagonale en perte de repères, de Benzema à... Phoenix. On attend de leurs nouvelles comme une promesse d'un nouveau matin qui chante. Puis on apprend la pondaison nouvelle des élus canonisés, on scrute les premières fuites. Et c'est là que le Daft Punk 4.0 intervient : de quoi faire passer la stratégie marketing de Woodkid pour une vague rigole de fluo verdâtre sur du papier d'école élémentaire : les Daft, eux, sont les rois, les maîtres du Marketing / Com / Business.

Jugez plutôt : depuis des semaines on s'écharpe sur le net pour sampler quelques secondes d'un morceau qui pourrait être le prochain Daft Punk. Puis un extrait vidéo de Get Lucky diffusé avec parcimonie à Coachella et relayé cradement sur You tube en mode smartphone tremblant. L'annonce de grands noms (Moroder, Nile Rodgers (Chic) Pharell Williams...) Un nouveau visuel, un record de pré-commandes sur Itunes, et puis ces derniers jours, l'annonce frondeuse  du Get Lucky en version intégrale sur le Twitter de Fun Radio, immédiatement contesté comme fake, immédiatement apprécié comme oracle. Et là dessus, j'imagine, les Thomas et Guy-Manuel riant sous cape. Du même rire que le diable contemplant son oeuvre de désorganisation. Les Daft Punk ont tout compris au cynisme moderne, experts en préliminaires d'éjaculateurs tardifs : la preuve, je rajoute ces quelques mots aux infinies palabres frigides du net.

Sauf que. Si j'ai acheté Homework en vinyle, c'est parce que j'aimais ce grisant mélange immédiat de funk profond, de disco bâtarde et d'électro métronomique. Aujourd'hui, je suis malheureusement seulement fasciné par la perfection publicitaire (voire putassière) du duo français, sans succomber encore au chant d'une sirène bien pauvre en propositions écoutables. Parce qu'au final, le 20 mai, c'est de treize titres dont il faudra parler, qu'il faudra évaluer. Et de rien d'autre. Le rendez-vous est pris. Humain, trop humain, après tout.

Allez pour rappel :

Da funk (Homework) :


One more time ( Discovery) :



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