Magazine Culture

Pieta, Le Chemin de Croix de Kim Ki-Duk

Publié le 17 avril 2013 par Unionstreet

1acı

Un homme en chaise roulante met fin à ses jours, grâce à un système mécaniquement ingénieux, en se pendant. C’est la première scène d’un film qui ne s’annonce pas du tout jovial. Pour de la franche rigolade il faudra aller voir ailleurs. C’est Pieta, du sud-coréen Kim Ki-Duk. Ah, la Corée du Sud. C’est car à Union Street nous aimons les réalisateurs venus de la partie sud du pays du matin calme que nous avions hâte de découvrir ce drôle d’oiseau.

Ca c’était avant de découvrir le personnage principal, interprété par Lee Jung-jin, dans son lit en train de s’adonner à la joie de la masturbation. Allons bon. Puis d’aller démembrer du coréen, les vilains emprunteurs, pour réclamer son argent. Du sexe et des morts. C’est ce que nous font découvrir les premières minutes de ce film qui a remporté le Lion d’Or à la Mostra de Venise 2012. Le film divise et, au bout de quinze minutes, je pense que je vais être également divisé.

L’affiche de Pieta m’avait pourtant interpellé. Une représentation de la Vierge et du corps de Jésus lors de la descente de croix à la sauce coréenne avait de quoi attiser toute curiosité qui se respecte. Mais maintenant que le film est commencé, est ce que Pieta méritait son Lion d’Or ?

pieta_01

Plusieurs scènes se suivent où le personnage central mutile à tour de bras des citoyens écrasés par le poids des dettes. La mutilation sera perçue comme un accident de travail et nos victimes pourront rembourser notre homme avec leur assurance. Il coupe, il jette dans le vide. Le portrait est dressé : les gens croulent sous la puissance du capitalisme qui ronge tout, perverti tout. Comment s’attacher à un personnage aussi violent, inexpressif et froid ? Comment vouloir continuer à suivre ce monstre ? A cause de l’éruption dans sa vie d’une femme qui se présente comme étant sa mère. Ayant été abandonné il se retrouve face à sa génitrice trente ans après. Pour le meilleur et pour le pire.

Et sa mère n’est pas de celle qui lâche l’affaire. Elle le suit partout où il y va. Il jette dans le vide un pauvre homme ? Elle reste là. Elle reste plantée devant chez lui la nuit, lui apporte des anguilles, lave la vaisselle quand l’envie lui prend. Voudrait elle rattraper le temps perdu en entrant dans sa vie de manière intrusive ? Il semblerait. Et c’est là que le film devient intéressant. Comment le monstre qu’il est va t’il se laisser déborder par l’amour qu’il porte pour sa mère, et dont l’absence a été un calvaire ?

pieta_1

Si Kim Ki-Duk est très fort pour mettre en scène ce chamboulement émotionnel il est très énervant de constater qu’il emmène son film dans les tourments de l’inceste. Force est d’admettre que certaines scènes sont assez incompréhensibles quand l’inceste se montre. À plusieurs reprises il est impossible de concevoir de tels actes chez cette mère. Et chez ce fils, bien que monstrueux. L’homme possède une cible sur laquelle est accrochée un dessin de femme. Cible sur laquelle il lance son couteau. Sa mère changera le dessin par sa propre photo. Dérangeant. Dans une autre scène il fait manger à sa mère ce qu’elle croit être un coeur de lapin … Mais le film se sort du sinistre et du morbide grâce à une pirouette scénaristique astucieuse qui rendra le film passionnant après une baisse de régime.

Le film s’achève finalement sur l’amour, le vrai, qui unit une mère à son fils et qui force au plus conséquent des sacrifices. Je ne peux malheureusement en dire plus. Les deux dernières scènes emportent mon adhésion qui avait été mise à mal. Pieta est donc à découvrir, ne serait ce que pour le talent de Min Soo-Jo. Certes le film pourra vous énerver, mais Pieta n’est pas de ceux qui emportent un succès unanime et l’adhésion de tous. Mais pourquoi pas le votre ? Au coeur d’un quartier pauvre et industriel où l’ombre du capitalisme rode, Kim Ki-Duk nous prouve que n’importe qui peut aimer.

pieta-2

Comments

comments


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Unionstreet 88609 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine