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In Memoria di Me

Par Luc24

La critique  

In Memoria di Me"La crise de foi" des hommes, intime et totalement maitrisée

Andréa (Christo Jivkov), un jeune homme séduisant et intelligent décide de fuir sa vie faite de désir de réussir et autres artifices pour rentrer dans un noviciat jésuite, pour une période de recueillement avant la prêtrise. Plongé au coeur d'un monastère où le silence et la méditation règnent, il fait sa propre route jusqu'à la foi. Andréa est un homme qui observe. Et si en apparence le monastère est un lieu de paix et de recueillement, il va vite se rendre compte du poids que pèse cette quête mystique et la lourdeur du pouvoir des pères supérieurs. Obsédé par deux de ses frères, Panella (Fausto Russo Alesi) et Zanna (Flippo Timi), qui sont en pleine "crise de foi" , il va peu à peu remettre en cause le système et essayer de trouver sa propre voie...

In Memoria di Me

Après le très réussi L'île de Pavel Lounguine, religion et cinéma refont équipe pour le meilleur. Le jeune réalisateur Saverio Constanzo témoigne d'une maitrise assez sidérante et son In Memoria di me s'avère rapidement remarquable à bien des égards. D'abord un avertissement : le film appartient à la catégorie des oeuvres qui se jouent du silence et profitent d'une économie des dialogues pour raconter des tas d'histoires et d'émotions avec de simples gestes et regards. Le spectateur, qui pourra rapidement s'identifier à Andrea, va donc être invité lui aussi à une certaine introspection, une quête de lui-même mêlée à une réflexion sur la très artificielle société moderne. Au centre de ce long métrage, un couloir. Ce dernier est le lieu phare du monastère, le symbole des émotions des personnages passant de la clarté à l'obscurité. Une des fenêtres donne sur une gare et la terre, tandis que l'autre donne sur la mer. Une occasion de voir un peu du monde extérieur (même si ces fenêtres apparaissent aussi comme des barreaux de prison) , qui se manifeste par des bruits souvent agressifs (l'alarme des secours, le bruit des gens de la nuit). L'utilisation du son est particulièrement creusée et rien qu'une sonnerie de téléphone pourra créer un malaise dans ce monde isolé où le silence est d'or. Nous remarquerons également l'utilisation audacieuse de la musique (des airs enjoués qui ressemblent à des valses) qui est souvent là pour combler les blancs lors des repas en communauté.

In Memoria di Me

Bien plus qu'un film contemplatif et sensitif sur le quotidien des apprentis prêtres et leur quête spirituelle, In memoria di Me touche à quelque chose d'universel. Nous suivons les solitudes de ces hommes prêts à craquer à tout moment, victimes de nombreuses pressions. Car si ce Monastère est sensé les amener sur la voie de la paix intérieure et de la rédemption, les règles sont plus que strictes et les attitudes des pères supérieurs laissent à désirer. En effet, alors que ceux ci critiquent le monde actuel et la recherche effrenée du pouvoir et de la réalisation des désirs personnels, ils semblent particulièrement friands d'autorité et se plaisent à rappeller leur pouvoir. De quoi créer de véritables malaises surtout associé à un système de délation sans pitié : les frères sont fellicités lorsqu'ils vont balancer les écarts de conduite de leurs camarades. La scène ou Andréa se voit analyser par ses frères (qui le jugent comme présomptueux et pernicieux) suffit à elle seule à montrer toute la difficulté de cette vie en communauté où le droit à l'erreur est plus que réduit.

In Memoria di Me

Pas facile donc d'être en accord avec soi même et avec sa foi. La caméra virtuose de Saverio Constanzo, précise et délicate, nous le démontre en apportant un lot considérable d'émotions. Complexe et sensible, In Memoria di Me est un film qui vous habite, vous hante. Un très beau moment de cinéma.

 

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