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Le Dieu de Spinoza

Publié le 19 avril 2008 par Jcgbb

Rien n’est plus beau que le Dieu de Spinoza. Beauté intellectuelle, Dieu de philosophe, sans aucun doute ; mais cette conception est d’une puissance incontournable. Toute pensée peut y puiser.

Le plus étonnant dans ce livre I de l’Ethique, intitulé De Deo (De Dieu), c’est la conjonction de l’absolue perfection et de l’absolue nécessité. La nature de Dieu se conçoit de telle sorte que, une fois posée dans son éternelle perfection, il s’ensuit immédiatement et nécessairement une infinité de choses d’une infinité de façons.

De l’essence divine découle par nature une infinité d’événements. Ici paraît déjà le déterminisme, et l’ordre réglé des effets. Nulle délibération, nulle intention, nul décret : ce qui arrive est inéluctablement déterminé et donc, au fond, intelligible. Nul arbitraire, nulle fantaisie non plus : s’il y a une volonté divine, ce n’est pas celle d’un tyran dont il faudrait craindre les caprices.

Or cette nécessité n’est qu’un autre nom de l’éternité. Ce qui est conçu dans sa nécessité est conçu selon son éternité. Quand je comprends la relation qui unit le triangle et ses propriétés, cette vérité excède le court instant de ma compréhension, comme elle excède l’histoire de sa découverte.

Spinoza a pensé sur le même mode les passions humaines. Quand il expose par quel enchaînement une tristesse jointe à l’idée d’une cause présumée engendre le sentiment de haine, il nous fait saisir non pas l’histoire, mais la logique de nos passions, dans ce qu’elle peut avoir d’immuable, c’est-à-dire, encore une fois, de nécessaire.

D’un tel Dieu il s’ensuit enfin que le bonheur et le contentement du sage consistent à contempler l’univers selon sa nécessité et ses causes. Le monde n’est pas à craindre, mais à comprendre.


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