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"Les mémoires de Coco" par Louise de Vilmorin : quand une biographie s’invente avec style…

Par Alyette15 @Alyette1

Mai 2013, rue de la Manutention-Palais de Tokyo, « Le N°5 » est à nouveau mis à l’honneur. Sous d’élégants cubes translucides : fragments dadaïstes, correspondances jaunies,  masques étrangement harmonieux et collages cubistes prennent la pose. Distante, la  silhouette de la styliste hante les lieux de son indiscutable élégance tandis que le badaud s’instruit. Gabrielle Chanel approuverait-elle cette énième mise en perspective de sa modernité ? Sans aucun doute. Car la frêle demoiselle se plaisait à régner sur la cour fascinée de ceux qui baptisèrent modernité son besoin d’être différente et de ce fait irremplaçable.

A la lecture « des mémoires de Coco » – celles que lui consacra sa virtuose et patiente biographe Louise de Vilmorin – ce ne sont pas les souvenirs d’une visionnaire de la haute couture que je découvre, mais bien ceux d’une fillette aussi brune qu’indisciplinée. Fillette mal née, orpheline trop tôt d’une mère captive de la mélancolie. Fillette gauche, apeurée par les parquets cirés et les baisers froids de celles qui prirent en charge son éducation. De cette Auvergne bigote et monochrome où elle grandit, de ces chevaux de campagne qu’elle enfourcha à califourchon afin que le vent dénoue ses tresses, de ce père aventureux qui ne lui transmit qu’un tenace sentiment d’abandon, de toutes ces larmes sans guérison de l’enfance, elle sut faire éclore un monde : le sien.

Dans une société  encore alanguie dans ses falbalas de cocotte, Gabrielle Chanel comprit avant l’heure  la nécessité de l’épure. De la sobriété monacale qui entoura son enfance, elle sut percevoir l’indispensable beauté et transforma la petite robe d’écolière en essentiel de la garde-robe contemporaine. De la couronne de fleurs blanches de sa première communion, elle composa des sautoirs de perles venant déflorer la chasteté d’une silhouette juvénile.

Au creux des lignes séductrices de Louise de Vilmorin, se dessine le portrait d’une créatrice qui en s’affranchissant de la litanie des « Chut » de son enfance inventa un langage débarrassé de tout corset. S’amusant de ses nombreux détracteurs, Coco eut le talent de chercher à s’instruire et fit de la liberté, celle d’un mouvement sans contraintes, son principal chef d’œuvre.

Publiées aux exigeantes Editions du promeneur, ces confidences de Coco sont aussi troublantes de vérité que de contrevérité. Très fantaisiste sur son passé  - dont on sait qu’il fut parfois trouble –  Gabrielle Chanel ne se dévoila jamais intégralement choisissant d’être celle que l’on imagine. Une pudeur de bon goût l’on retrouve dans son refus de créer des robes qui disent tout.

Affranchie. Ainsi vécut Gabrielle Chanel, dite Coco.

 Informations pratiques :
Ouvrage : Mémoires de Coco
Auteur : Louise de Vilmorin
Editions : le Promeneur
Nombre de pages :112 pages + 4 p. hors texte, 2 ill., sous couverture illustrée, 130 x 215 mm
Achevé d’imprimer : 13-09-1999
Prix France : 15,25 euros


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