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Becky Cooper: l’interview de l’auteur de « Mapping Manhattan »

Par Jsbg @JSBGblog

Becky Cooper: l’interview de l’auteur de « Mapping Manhattan »

Après avoir passé plusieurs mois à travailler sur la conception d’un plan d’art pour tous publics à New York, Becky Cooper, diplômée en littérature à Harvard, s’est décidée à lancer son propre projet de carte de Manhattan: « Map Your Memories ». Becky a commencé par la création de petites cartes imprimées manuellement de notre ville bien-aimée (qu’elle a conçu et réalisé avec l’aide de son ami Dan Ashwood) et s’est volontairement égarée dans la jungle de béton en partant de Marble Hill, descendant le long de Broadway jusqu’à Battery Park. Sur son chemin à travers les rues de New York, Becky demandé aux passants de compléter ses cartes en y ajoutant ce qui a rendu Manhattan spécial à leurs yeux. Elle a réalisé que lorsque vous «demandez aux gens où ils sont, ils répondent avec qui ils sont. »

Elle et moi nous sommes assises pour prendre un café, et j’ai été époustouflée par l’histoire de Becky et celle de son livre récemment publié: « Mapping Manhattan, A Love (and Sometimes Hate) Story in Maps by 75 New Yorkers« . La voici:

 

Becky Cooper: l’interview de l’auteur de « Mapping Manhattan »

JSBG – Votre livre est sorti il y a quelques semaines. Après avoir travaillé longtemps sur ce projet, comment vous sentez vous de le voir maintenant entre d’autres mains? Becky Cooper - C’est génial! J’ai gardé les cartes dans ma chambre pendant deux ans, dans une boîte à chaussures. Et à chaque fois que je la voyais je me sentais coupable, parce que concrètement les gens m’avaient donné un peu d’eux-mêmes, et que je gardais ça là, dans ma chambre. Je voulais plus que tout être capable de recueillir le toute dans un livre. Depuis le début de ce projet, c’est ce que je voulais que ces cartes deviennent. Du coup, je me souviens que la première fois que j’ai vu mon livre à vendre dans une librairie, je ne me sentais plus! J’ai couru partout! (rires) 

Au cours de votre périple à travers la ville, vous demandiez aux personnes que vous abordiez de vous retourner la carte. Combien en avez vous reçues? Et comment avez-vous choisi parmi celle-ci les 75 qui figurent dans le livre? J’en ai reçu plus de 200. Initialement le livre était supposé en présenter 100, mais l’un de mes buts était de garder une qualité la plus élevée possible tout en vendant l’ouvrage à un prix raisonnable. Je voulais qu’il puisse se retrouver dans le plus de mains possibles afin qu’il puisse inspirer les lecteurs en éveillant leurs propres souvenirs, alors je voulais qu’il soit vendu à moins de $20. En prenant en considération tous ces facteurs, je n’ai pas pu dépasser les 120 pages. Alors avec les textes que je devais également y inclure, nous nous sommes retrouvés finalement avec 75 cartes.  

Ce fût difficile de choisir ces 75 cartes? Oui, difficile. Je veux dire, il y en avait certaines qui étaient si évocatrices que je les plaçais directement dans la pile des « définitives ». Puis j’ai compilé un second tas intitulé « les géniales », et je n’arrivais pas à choisir parmi celles-ci. Je les ai scannées et imprimées, et j’ai commencé à les étaler parterre, en les classant par catégories. L’une pour les cartes ayant Central Park en thème principal, une autre pour celles évoquant les années 60, une autre encore pour celles parlant de Broadway, etc. Je savais que je voudrais au final les cartes suivant mon propre périple en descendant Broadway, alors j’ai commencé à choisir celles correspondant géographiquement à cela. Puis celles qui offraient une émotion particulière. Cette façon de faire m’a aidé à opérer une sélection finale.

Vous avez donc reçu beaucoup de cartes en retour. Laquelle vous a semblé offrir l’histoire la plus particulière? Bien qu’il y en ait plus que ça, deux me viennent à l’esprit maintenant. L’une d’entre elles avait l’air assez standard, avec des numéros allant de 1 à 10. Du style: 1) Là où j’ai passé mes années post-grade. 2) Là où je fais mes recherches. 3) Là où j’ai bossé dans un club Sado-maso. 4) Là où j’ai bossé comme agent d’escorte… Et là j’ai réalisé que cette carte retraçait les aller-retours entre ses études et la façon dont elle les finançait, quelle double vie elle menait. C’était incroyable! La seconde était surprenante et très graphique – elle ne figure pas dans le livre – les tours jumelles du World Trade Center y étaient représentées, et de là une tache rouge s’étendait sur la carte. Elle était si évocatrice qu’elle me stoppa net dans mon travail. Je me suis longtemps demandé si elle devait figurer dans le livre ou pas, et au final je me suis dit qu’elle aurait trop capté l’attention, volant la lumière de toutes celles autour. 

Mais d’autres références au 11 septembre y figurent? Oui, bien sûr. Par exemple celle de Philippe Petit, l’équilibriste qui avait marché sur une corde entre les deux tours, il y parle de Adriaen Block, le navigateur hollandais dont on a découvert l’épave du bateau lors de l’excavation des fondations des Twin Towers. J’ai senti que ça capturait assez bien l’esprit de la ville, notre façon d’être ensemble, la renaissance par le sol, bien plus qu’une simple carte.

Qu’avez-vous ressenti en recevant en retour les cartes d’artistes tels que Caio Fonseca ou Yoko Ono? Recevoir celle de Yoko était magique! En fait, ça c’est passé comme ça: je montrais les alentours de Central Park à un ami parisien, qui avait lui-même invité son ami Aris, vivant à New York. Bien entendu, en passant devant le Dakota, j’ai expliqué que c’était dans cet immeuble que vivait John Lennon, que c’était là qu’il avait été assassiné, et que je croyais que Yoko Ono vivait encore là. Et son ami répondit: « Oui, elle y vit encore! Je connais quelqu’un qui l’a vue en sortir. Il a couru vers elle un bout de papier à la main pour lui demander un autographe. Elle avait déchiré le papier en deux, en avait gardé une moitié en lui disant que s’il revenait au même endroit dans 10 ans ils réuniraient les deux morceaux de papier et qu’elle les signerait. Ils sont restés en contact, et dix ans plus tard elle tint promesse. » Pour aussi incroyable que cette histoire paraisse, je demandai à Aris si son ami avait encore son contact. Il le retrouva, et ils envoyèrent ma carte à Yoko. Un mois plus tard, je la reçus en retour avec une note sur laquelle était écrit: « Yoko a généreusement accepté de participer à votre projet ». C’est la chose la plus dingue qui me soit jamais arrivée! Quant à Caio, je l’ai rencontré à l’une de ses expositions d’art, grâce à mon oncle. Je lui ai demandé si il voulait participer à mon projet et il répondit « bien sûr! ». Je suis très touchée par la générosité que les gens ont démontré pour ce projet.

On ne peut parler de toutes ces histoires de Manhattan sans parler de la vôtre. Quelle est vôtre carte de Manhattan? Ma carte est la dernière dans le livre. Je voulais y retranscrire ma propre expérience de New York, ainsi que mon horrible sens de l’orientation. Vraiment lamentable. Même les indications que j’ai données aux invités de la soirée de lancement de mon livre était fausses! La façon dont je vois l’espace est plus basée sur ce que je vois que par les rues que j’emprunte. Je n’arrive à revenir à mon point de départ qu’en rebroussant chemin exactement par le même itinéraire. J’ai donc voulu mettre sur ma carte  mes endroits préférés de Manhattan accolés les uns aux autres, car c’est ainsi que je perçois la ville.

Vous nous avez parlé de votre carte, mais si vous deviez choisir 5 différents emplacements dans la ville quels seraient-ils et pourquoi? 1. Stuyvesant High School sur Chambers Street, là où j’ai été élève. C’était une période un peu folle mais très spéciale à mes yeux. C’est un collège spécialisé dans les mathématiques et la science, mais c’est pourtant leur département d’anglais qui m’a dissuadé de devenir une neurobiologiste pour devenir écrivain. Une place toute particulière dans mon coeur. 2. Marie’s Crisis Cafe sur Christopher Street. C’est un piano bar où tout le monde se réunit autour du pianiste et reprend en coeur quelle que soit la mélodie issue des comédies musicales de Broadway qu’il joue. Un monde parallèle juste là, à deux pas de chez vous! Je suis fan de comédie musicales. 3. Le métro, et spécialement sa ligne F. J’ai grandi le long de cette ligne, et maintenant j’y habite à nouveau. 4. Le coin de la 72nd Street et Central Park – de la fontaine de Bethesda aux Strawberry fields. Je l’ai découvert lors d’un cours de gym à l’école, et ce fût l’une des première fois que je me suis sentie vraiment faire partie de la ville. J’adore ces moments. 5. Hop Kee sur Mott Street. Un restaurant dans lequel mon grand-père avait l’habitude de se rendre avec d’autres musiciens après ses concerts. Il jouait de la batterie sur Broadway. Il se trouve que mon autre grand-père avait un magasin de réparation de montres à deux pas de là. J’aime imaginer mes deux grands-pères se croisant régulièrement bien avant que mes parents ne se connaissent.

Si quelqu’un ne devait rester à New York que pendant une heure, où l’emmèneriez vous? À Coney Island! Un endroit de New York sans prétentions, avec un merveilleux mélange de personnes. 

 Quelle a été la dernière chose qui vous ait inspirée? Bonne question… Hmm… J’ai regardé Labyrinth, un film datant de 1986 avec Jennifer Connelly et David Bowie. C’est le film d’enfance préféré de mon ami Bobby. Le scénario n’est pas extraordinnaire, mais c’est cet incroyable onde que Jim Henson a inventé qui m’inspire. 

 Quel est votre livre préféré? En grandissant, mon livre préféré était Charlotte’s Web de E. B. White. J’ai même arrêté de lire après l’avoir terminé, les autres livres me semblant insignifiants. Je croyais sincérement que je ne trouverais jamais mieux. J’ai compris que j’avais tort en découvrant Catcher in the Rye de Salinger. Maintenant mon favori est Infinite Jest de David Foster Wallace.

Qu’avez-vous fait dimanche passé à New York? Je suis allée courir à Prospect Park puis j’ai rendu visite à mon ami Bobby. Nous avons fait la cuisine ensemble puis… Ah oui! Nous avons regardé le film Labyrinth! La boucle est bouclée! 

Quel est votre building favori à New York, et pourquoi? Avant je voulais devenir architecte pour combiner mon amour pour l’art et la science. J’ai ensuite réalisé que je ne perçois pas les buildings comme étant des personnes, comme certains architectes le font, ce qui m’a fait remettre en question cette volonté. Mais j’ai une grande affection pour le Woolworth Building, que j’ai héritée de ma mère. 

Et maintenant que nous savons tout sur votre Manhattan, quels autres endroits aimez-vous? Je me suis régulièrement rendue à Paris depuis mes 16 ans. Mais c’est plus pour l’amour de la langue française que pour la ville elle-même. Ma relation avec cette ville est un peu compliquée mais au final je m’estime très chanceuse de la connaître. J’aime aussi beaucoup Berlin et Montréal. J’aime les villes offrant un bon réseau de transports, si possible proches de l’eau et proposant différents visages.

Êtes-vous déjà allée en Suisse? Non, jamais. Mais j’adorerais y aller! 

Si vous pouviez partir n’importe où sur la planète à cet instant même, où iriez-vous? Oh wow. je répondrais probablement Paris. L’un de mes meilleurs amis vient juste d’y ouvrir un restaurant, et j’aimerais beaucoup l’essayer. En ce moment de ma vie il s’agit plus de personnes que de lieux.

Au final, et c’est là ma dernière question, Lastly, this is the most mundane of my questions, but quel est votre prochain projet? Il y a un projet auquel je pense depuis quatre ans. Ce serait un roman basé sur une histoire vraie s’étant déroulée à Radcliffe-Harvard, une ancienne école de bonne-sœurs. Je veux l’étudier et écrire le parcours de l’une de ces filles. J’aime sa personnalité ainsi que toute la dynamique de la culture scolaire. C’est ce qui me tient à coeur en ce moment. Sinon pouvoir adapter le Mapping à d’autres villes serait également génial, bien sûr.

 

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Un pertinent questionnaire selon JSBG:

  • Quel est votre plus grand vice ? Le crumble aux fruits. Sérieusement, c’est mon ennemi juré, j’aime tellement ça.
  • Qu’est ce qui vous fait peur ? Que mon job de rêve m’oblige à conduire. J’ai un permis, mais le nombre de fois où je me heurte aux coins des meubles n’augure rien de bon quant à mes aptitudes à conduire.
  • Vivre au 21ème siècle, plus facile ou plus difficile qu’avant ? Plus facile. Je porte des lentilles de contact et je suis presque tout le temps perdue. 
  • Plutôt Facebook ou Twitter ? Facebook, #sansaucundoute.
  • Qu’est ce que vos parents vous ont légué de plus précieux ? La curiosité.
  • Quelle serait la bande son de ta vie?  La musique des années ’50 et ’60. Un peu de  Skyliners, du Four Seasons, beaucoup de Sam Cooke. Simplement parce que je l’aime tellement.
  • Où vous voyez-vous dans 10 ans ? À New York, en espérant avoir pu voyager et toujours en train de découvrir de nouveau moyens de partager des histoires de façon significative. 

Merci Becky! Retrouvez Becky pour une séance de dédicaces le jeudi 16 mai chez Powerhouse Books, ici.

Lara Crawshaw

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