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Marie Laurencin s’invite au musée Marmottan Monet

Publié le 21 mai 2013 par Jonalysprecious @jonalysprecious

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J’ai découvert par hasard la peinture de Marie Laurencin et je suis tombée tout de suite sous le charme de son univers. Quelques jours plus tard, quelle ne fut pas ma joie d’apprendre que le musée Marmottan Monet à Paris lui consacrait une  rétrospective … à 10 mn de chez moi ! Cette magnifique exposition a été pour moi l’occasion  de découvrir l’une des plus célèbres femmes peintres du XXe siècle, à travers 90 tableaux prêtées par le musée Marie Laurencin de Tokyo, dont le fondateur Masahiro Takano s’était laissé toucher par la sensibilité toute française de son  œuvre.

L’exposition se présente avec un parcours chronologique correspondant aux 4 grandes périodes de sa vie :

• l’époque cubiste de Picasso, Apollinaire et du Bateau-Lavoir
• l’exil en Espagne
• retour à Paris et immersion dans les Années folles
• maturité, guerre et suites

Enfant naturelle d’une femme de chambre-couturière et d’un grand bourgeois député ( dont elle ne connaitra l’identité qu’à l’âge de 30 ans ), Marie Laurencin grandit à Paris et dessine d’instinct. Sa mère, avec qui elle vit une relation fusionnelle, sera tout naturellement son premier modèle : « Je l’ai presque toujours vue étendue sur une chaise longue, ses yeux noirs pleins de divination posés sur moi … » Et Marie, même mariée, portera toujours avec orgueil le nom de sa mère.

Après un passage à l’académie Fernand Hubert auprès du peintre-sculpteur George Braque, elle fréquente le Bateau Lavoir ( célèbre lieu survolté de création près de Montmartre où se retrouvent tous les artistes de l’époque : Picasso, Modigliani, le Douanier Rousseau, Paul Poiret … ), participe au mouvement cubiste, rencontre et tombe amoureuse du poète Guillaume Apollinaire.

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Après cinq années de passion amoureuse avec Apollinaire émaillée de bruyantes disputes, elle ne supporte plus ses infidélités et rompt avec lui. Très affectée et malheureuse, elle épouse en 1914 un baron allemand, francophile et bohème sans ambition, qui l’emmène en Espagne à la déclaration de la guerre, où elle restera six longues années. Les œuvres de cette période reflètent sa tristesse d’être en exil, sa solitude et sa mélancolie, particulièrement dans La Prisonnière et Les Deux Espagnoles, d’autant plus marquées par la mort d’Apollinaire en 1918 …

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Heureusement, en 1921, après un divorce et un retour en France, Marie Laurencin connait la consécration durant les Années Folles. Elle expose beaucoup, devient la portraitiste la plus célèbre de la grande bourgeoisie ( la baronne de Gourgeau, Jean Cocteau, Coco Chanel, Jeanne Lanvin … ) et s’inscrit à jamais avec délicatesse et élégance dans l’Art Décoratif.

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Jusqu’au soir de sa vie, elle continue à réinventer un monde de rêveries avec des rondes de jeunes filles en fleurs ou de jeunes femmes mystérieuses et évanescentes aux positions souvent alanguies et suaves, les yeux noirs en amande ( certainement en hommage à ceux de sa mère). Ses dégradés de tons pastels et acidulés deviennent plus lumineux au fur et à mesure que sa myopie se fait de plus en plus intense. Elle crée aussi beaucoup de costumes et de décors pour les ballets de danse.

Mais après 1945, sa peinture, si pleine de mélancolie et de poésie, n’est plus en adéquation avec son époque. En 1954, elle adopte Susanne Moreau, fidèle servante engagée en 1924 et qui était certainement sa maitresse, en faisant son unique héritière. En 1956, Marie Laurencin meurt d’une crise cardiaque et selon ses vœux, elle est inhumée au Père Lachaise, vêtue de blanc, une rose à la main, les lettres d’Apollinaire sur son cœur.

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J’ai tellement aimé ses tableaux que, même si l’exposition donne des explications,  j’ai acheté un livre sur elle pour connaitre l’histoire de sa vie et j’ai été  surprise de découvrir en Avant-Propos que l’un de ses derniers portraits fut celui de la journaliste Anne Sinclair ( alors âgée de 4 ans ! ) petite-fille de Paul Rosenberg, célèbre marchand d’art et galeriste qui lui fit signer un contrat et l’exposa durant la période Art Déco…

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… Et surprise de découvrir que durant sa jeunesse, elle a vécu avec sa mère dans une rue juste à côté de chez moi du 16ème arrondissement. Je suis restée un long moment devant son immeuble, m’imaginant qu’elle pourrait en pousser la porte …

Exposition Marie Laurencin~Musée Marmottan Monet~75016 Paris, jusqu’au 30 juin 2013 … si vous êtes dans les parages et que vous aimez l’art, surtout n’hésitez pas à la visiter, véritable pause enchanteresse !


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