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Au cinéma : «Only God Forgives»

Publié le 24 mai 2013 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après le film de commande « Drive » qui révéla son réalisateur, Nicolas Winding Refn, et son acteur, Ryan Gosling, au monde entier, voici : « Only God Forgives ». Ce film plus personnel et plus dans l’axe de la filmographie de Nicolas Winding Refn est en sélection officielle en compétition au 66ème Festival de Cannes. En plus de Ryan Gosling, on retrouve Kristin Scott Thomas et Vithaya Pansringarm au casting. « Only God Forgives » sortait dans nos cinémas le 22 mai 2013.

Synopsis : À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics.

« Only God Forgives » est, d’un point de vue purement esthétique, un admirable exercice de style. Chaque plan est pensé, réfléchi et mise en scène avec brio. La caméra de Nicolas Winding Refn se balade avec une aisance déconcertante, et offre des plans d’une beauté tout aussi déconcertante. Les filtres bleus et rouges offrent cette atmosphère si particulière et propre au film, accentuée avec différents jeux d’ombres. Impossible de ne pas remarquer l’influence du cinéma de Stanley Kubrick, tant les plans symétriques des différents couloirs rappellent ceux de l’Overlook Hotel et évoquent aussi une sorte de labyrinthe psychologique. Nicolas Winding Refn plonge son personnage entre deux mondes, celui de l’enfer et celui du rêve, donnant un aspect onirique très séduisant à son film. Durant une heure et trente minutes, la beauté de « Only God Forgives » nous frappe en pleine face, tel un uppercut.

La beauté du film n’est pas son seul atout. Si les dialogues sont si peu nombreux, c’est pour mieux laisser la place au silence et aux expressions de ces acteurs. Ryan Gosling se retrouve avec autant de textes que dans « Drive », c’est-à-dire pas grand-chose, mais fait tout passer dans ses expressions de visage. Même si certains trouvent qu’il arbore une tête de chien battu tout le long du film, je trouve que cela correspond parfaitement au personnage ! Kristin Scott Thomas est absolument sidérante dans le rôle de cette mère ayant perdue son fils ainé et possédant cette rancœur envers son deuxième fils, joué par Ryan Gosling. Mais la révélation du film est Vithaya Pansringarm, interprétant Chang, cet étrange policier.

Le personnage de Chang est peut être le plus intéressant. Cet homme-démon dégage un climat de terreur-calme à chacune de ses apparitions, installant un rituel à chaque exécution armé de son katana lui servant de faux. En face de ce démon, on retrouve ce fils au complexe œdipien. La relation avec sa mère étant l’un des piliers du film, ce manque d’amour maternel va le forcer à prendre certaines décisions afin de la rendre fière de lui, quitte à prendre des coups. Avec « Drive », Nicolas Winding Refn sublimait Ryan Gosling. Avec « Only God Forgives », il le détruit. La violence du film accentue ces propos, ne laissant à aucuns moments le spectateur indifférent.

La violence du film n’est à aucun moment gratuite. Elle ne fait que renforcer cette atmosphère d’enfer, où cet homme-démon décide du droit de vie et de mort. La violence, en plus d’être livrée crue, est sublimée par la photographie et la réalisation du film. Elle se découvre alors une grâce que l’on n’aurait pas imaginée et trouve logiquement sa place dans ce film. On pourrait reprocher à « Only God Forgives » son scénario qui peut paraître tenir sur quelques lignes, mais il est bien plus complexe que cela. Il ne cherche pas à se faire comprendre mais souhaite que le spectateur cherche à le comprendre. Tout est dans les sous-entendus et dans les non-dits, le silence devient alors la parole la plus importante du film.

« Only God Forgives » est un retour aux sources du cinéma de Nicolas Winding Refn. Les acteurs, sublimés par la photographie du film, jouent un opéra onirique dès plus envoutant. Un film dont on reparlera encore dans dix ans, j’en suis sûr : « Only God Forgives » est grand film donc.

Only God Forgives - Affiche (1)

Only God Forgives. De Nicolas Winding Refn. Avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm, Tom Burke, Yayaying, …

Sortie le 22 mai 2013.



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