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What the fuck ?

Par Marc Traverson

J'aime la langue anglaise. Elle me passionne et me surprend. Elle m'épate par sa souplesse de yogi, sa capacité d'impact, son inventivité, ses raccourcis fulgurants. Il y a quelques années, j'ai cessé de lire des traductions de l'anglais, pour faire le choix radical de la VO. Un monde s'est alors ouvert, le plaisir de tant de grands auteurs dans leur saveur initiale. Roth, Franzen, Rushdie… Leur usage de la langue et de ses richesses, leur rythme, leur musique. S'immerger dans l'univers signifiant d'une autre langue est une jouvence de l'esprit, un rafraîchissement et une ouverture.

Alors les bras m'en sont tombés, de cette surréaliste polémique de la semaine, sur l'usage ou non de l'anglais dans certains cours d'université. La malheureuse ministre de l'enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, suffoquait, cherchant l'air, sans comprendre ce qui lui arrivait. Elle n'était pas la seule. Il faut se pincer pour admettre que dans un pays atone, au bord de la faillite et de la dépression nerveuse, nos députés n'ont pas mieux à faire que légiférer - oui, madame - sur le contenu des cours des universités. Sans parler d'afficher un mépris pathétique pour l'abominable globish (un outil bien pratique pour se faire comprendre un peu partout sur la planète, non ?). S'ils voulaient faire la preuve de leur déconnexion du monde réel/inutilité, nos représentants ne s'y prendraient pas autrement. Une question : ne pourrait-on laisser ce genre de décision aux professeurs, aux directeurs d'universités ? Ils ne savent pas ce qui est le mieux pour leurs étudiants, pour leur enseignement, pour le fonctionnement de leur fac ? Ils ne sont pas assez grands pour décider ? Mais non : le Parlement doit se pencher sur cette grave question. En majesté. Il n'est pas capable de contrôler les comptes publics, d'amender intelligemment les lois ou de maintenir des instituts francophones attractifs et efficaces dans les pays étrangers. Brasser de l'air, en revanche… C'est l'obsession de la centralisation et du contrôle, d'autant plus aiguë quand les leviers du pouvoir échappent. Une forme de jacobinisme obsidional. What the fuck ? dirait ma fille qui est en troisième, dans le langage de sa génération.


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