Magazine Culture

This is not a Love Song - Paloma Festival de Nimes (1ère édition) - 25/05/13

Publié le 27 mai 2013 par Oreilles
This is not a Love Song - Paloma Festival de Nimes (1ère édition)  -  25/05/13
Quatrième jour et fin du This is not a Love Song festival de Nimes, premier du nom. On s'en doutait : effet de clôture et présence d'une "grosse" tête d'affiche, l'affluence est ce soir bien supérieure à celle des  jours antérieurs, ce qui ne sera pas sans conséquence fâcheuse...
Très vite, c'est-à-dire à l'aune de 3 morceaux exécutés à fond les ballons et sans l'once d'une nuance, l'on s'aperçoit qu'on ne se ruinera pas en achats du catalogue d' HifiKlub, gang français trop brouillon et bruyant.
  Direction la grande salle pour un autre nom français, Griefjoy. Que dire à leur sujet ? Qu'il ne suffit pas de jouer saturé ni d'user de la tirette et d'abuser de glissandos de tonalités aux claviers pour captiver un public : sorte de prog aux chansons interminables, souvent informes et même pas trippant, ce qui est un comble pour ce genre musical. On ne les reverra pas en deuxième semaine.
On reste dans la grande salle, car le gros nounours de la pop indé sous influence cafardeuse se pointe accompagné d'un backing-band sobre mais efficace. On pourrait résumer l'art de Daniel Johnston à deux choses : les amours déçus, ainsi qu'à une passion dévorante pour les Beatles qu'il cite à tout bout de champ. Ou l'art de captiver un public au moyen de chansons pop simples comme bonjour, articulées autour d'une poignée d'accords (toujours les mêmes, doM, lam, sol M, réM, miM et m), sans qu'on n'ait l'impression d'entendre deux fois la même chose. Cela s'appelle sûrement la grâce !
Sous une enveloppe physique désormais très cabossée et entourée de petites bouteilles d'eau qu'il a parfois du mal à agripper, Danny the Madman, vêtu d'un impayable tee-shirt superman que l'on devine sous le sweat qui bâille et un bas de survet à l'entrejambe si basse qu'elle le fait ressembler à un personnage de cartoon, revisite un répertoire riche d'une grosse vingtaine d'albums, alignant classiques ("SpeedingMotorcycle"), blagues et anecdotes où il est vaguement question de son suicide et kidnapping (!), d'une reprise de qui vous savez ("You Don't Hide your Love Away"), ainsi que d'extraits de son dernier-né, Space Ducks, dont une abondante déclinaison graphique orne la table du merchandising.
Si les cons osent tout et que c'est à ça qu'on les reconnaît dixit Audiart, les grands enfants simples et purs peuvent tout tenter sans peur du ridicule : de sa voix vacillante et suraiguê façon le Neil Young d' After the Goldrush, Johnston se lance dans d'improbables a capella zozotants et formidablement touchants. On regrette bien sûr l'absence de tout emprunt au formidable Is and Always Was, mais on reste conscient d'avoir rencontré en cet artiste hors norme qu'est Daniel Johnston tout un pan de la pop folk indé américaine.
Quelques bousculades et mictions plus là, on retrouve les soeurs pétards du grunge lo-fi que sont les Breeders, toujours accompagnées de leur si peu accorte bassiste. Nos jouvancelles déjà quinqua ont annoncé la couleur : elles joueront l'intégrale de leur Last Spash qui leur a rapporté amour, gloire et beauté. Alors tout cela accuse le poids des ans, et Kim Deal est deux fois plus large que sa jumelle, mais dès que l'ex-Pixie lance son fameux vrombissement au vocoder, tout le monde reconnaît le hit "Cannonball" dans une atmosphère qu'on peut aisément imaginer. Daté au Carbone 14 tout cela, mais sympatique.
  Stratégiquement, un repli est de rigueur aux deux tiers du set pour assister au premier gros couac du festival.
Assez curieusement, l'un des gros buzz du moment La Femme, a été programmé dans la petite salle pendant que de très médiocres représentants français se débattront devant une maigre assistance dans la grande salle. Le problème, c'est que dès le début de soirée, des cordons de sécurité ont été déployés pour filtrer le flot ininterrompu de spectateurs de la petite salle, et que ce qui était si simple hier (mercredi) va relever du parcours du combattant aujourd'hui : nous n'assisterons pas au concert de La Femme faute de places (!), on assistera éberlués à d'authentiques fans venus spécialement pour le groupe, se voir refuser l'entrée et aussitôt rembourser.
  Juchés contre une barrière, dans l'angle mort de la salle ouverte, nous distinguerons tant bien que mal le batteur en costard, la chanteuse et le clavier torse nu, véritable Monsieur Loyal du groupe. Tout en alternant allées  venues au patio pour mieux entendre la version audio du set, un set qui n'avait pas l'air mal du tout. Et qui nous confortait qu'en dépit des remarques acerbes délivrées par tous les pisse-froid ("ils n'ont rien inventé", "ce sont des poseurs", "ils jouent la musique des 80's", tiens on n'avait pas remarqué !), La Femme est un vrai bon groupe pop certes sans prétention, mais qui détient une poignée de chansons fichtrement excitantes et bien foutues ; que l'album ne soit pas du même tonneau et qu'on prédise la fuite en solo de la gracile et charmante chanteuse sous peu, who cares ?
En tout cas, même la rencontre inopinée avec mon vieux pote DJ Ivan Halen pas vu depuis des lustres (et invité au set de La Femme), ne suffira pas à effacer ce fameux couac, qui faillit faire tourner la soirée en émeute. Le groupe interloqué s'excusa presque des engagements prévus les jours suivants lorsque je leur demandai au stand de disques s'il y avait moyen de prévoir un showcase plus tard.
Cela semblait donc très très mal engagé pour Hanni El Khatib qui allait (brillament) conclure la première édition du Paloma Festival. Nous ne dûmes la vision du concert du nouveau phénomène blues garage américain qu'au départ anticipé de moult spectateurs ecoeurés.
  Et Hanni El Khatib, récemment produit par Dan Auerbach des Black Keys, renvoie justement à Black Keys, aux White Stripes et autres Cramps dont il reprend le "Human Fly" : un blues crade et crû, toutes guitares dehors qui fait assez rapidement remonter une température devenue glaciale, météo et dysfonctionnement obligent.
Ce serait, au terme du seul rappel enregistré, la dernière vision d'un Festival qui dans l'ensemble, et en dépit d'erreurs de jeunesse inhérentes à son rang, aura marqué de son empreinte un peuple rock'n'rollien toujours enclin à aller se déchirer la tête pour les bonnes causes binaires !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oreilles 3359 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines