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Quand Dino Buzzatti parle du pape François

Publié le 02 juin 2013 par Sheumas

Qui a lu Dino Buzzatti ? L’auteur du « Désert des Tartares », si cher à François Mittérand, ou du « K », brillant recueil de nouvelles, avait entre autres talents, celui de comprendre le fond de l’homme et de l’Histoire. Hitler dans « Pauvre petit garçon », le fascisme dans « les Souris », la troisième guerre mondiale et la guerre froide dans « l’arme secrête »... Telles sont quelques unes des figures qu’il interroge tout au long de ces petites histoires qui dépassent largement le cadre de l’actualité des années 50, époque à laquelle elles ont été écrites.

Mais en même temps, ces récits explorent l’âme humaine, mettent en garde contre les vices de tout poil et honorent les vertus les plus simples, comme « l’humilité ». « L’Humilité » est une nouvelle qui s’intéresse à un ermite, le père Célestin, retiré du monde pour confesser les plus abominables sujets et leur offrir un soulagement ultime par l’absolution de leurs péchés.

Un jour, ce père Célestin voit arriver à lui un prêtre contrit, malingre, rongé d’inquiétude et qui le supplie de l’absoudre : après un long effort, il parvient à avouer « sa faute »... Péché d’orgueil murmure-t-il à l’oreille de celui qui comprend aussitôt ce léger frémissement intérieur à chaque fois qu’il entend ses fidèles l’appeler « mon révérend ».

Trois ans plus tard, le même prêtre meurtri par le même péché revient auprès de Célestin et déclare, tout aussi contrit, qu’on l’appelle désormais : « monseigneur ». Puis, dix ans plus tard, la même fragilité : « votre éminence ».... Puis, c’est un comble : « sa sainteté » ! ... A la fois agacé et amusé par cet original petit écclésiastique, le père Célestin absout, absout, absout...

Un jour, il est devenu vieux, usé... sent sa fin prochaine et décide de s’accorder un moment rien que pour lui, demande qu’on le porte à Rome et au Vatican où il désire rencontrer le Saint-Père... Il ne voit plus grand-chose, quand l’autre s’approche de lui mais il perçoit quelque chose d’immense, comme une lumière et il entend une voix, une voix simple et mal assurée...

Et la nouvelle s’achève ainsi : « Et dans la majesté vétuste du Vatican, pour la première fois dans l’Histoire, on assista à la scène suivante : le Saint-Père et un très vieux moine inconnu, venu d’on ne sait d’où qui, se tenant étroitement par les mains, sanglotaient ensemble. »

Quand Dino Buzzatti parle du pape François

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