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Au cinéma : «La Grande Bellezza»

Publié le 06 juin 2013 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Pour sa cinquième sélection officielle en compétition au Festival de Cannes, Paolo Sorrentino livre « La Grande Bellezza ». Le réalisateur de « Il Divo » et « This must be the place », tous deux récompensés à Cannes dans le passé, livre un film sur la ville de Rome et ses habitants, et plus particulièrement sur l’un d’entre eux. Cependant, le film ne remporta aucun prix cette année au Festival de Cannes. « La Grande Bellezza » sortait dans nos cinémas le 22 mai 2013.

Synopsis : Jep Gambardella jouit des mondanités de la ville. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré : il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité. Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ?

« La Grande Bellezza » commence avec deux extraits qui permettent de résumer entièrement le film. Le premier se déroule à côté d’une fontaine à Rome, où un groupe de touristes s’y arrête et où des religieuses chantent. L’un des touristes va d’ailleurs tomber raide mort devant tant de beauté. Le deuxième est une fête mondaine où les gens de la haute société sont rassemblés pour l’anniversaire de Jep Gambardella. « La Grande Belleza » est un film qui sublime la ville de Rome, nous donnant une furieuse envie de prendre le premier avion pour nous y rendre. Contrairement à « To Rome with love » de Woody Allen qui présentait Rome d’une façon un peu trop carte postale, « La Grande Bellezza » préfère s’attarder dans des lieux inconnus des touristes où le charme est encore plus efficace.

« La Grande Bellezza » offre une palette de personnages assez savoureux où celui de Jep Gambardella fait office de noyau. Le film se concentre sur un moment de sa vie, une sorte de remise en question du personnage alors qu’il arrive à un âge avancé. On découvre cette « élite influente » de la ville de Rome qui, il faut le dire, s’ennuie fermement, leurs vies se résumant à une succession de soirée huppées où il faut savoir se montrer. Le film s’interroge sur ces gens qui essayent de trouver un sens à leur vie alors qu’elle n’est que néant comme le dit si bien Jep Gambardella dans le film. Les personnages se croisent, se rencontrent, se disputent, s’aiment et nous touchent. Chose assez rare d’ailleurs, j’ai ressenti très vite de l’empathie pour le personnage de Jep Gambardella. Paolo Sorrentino prend ces gens de la haute société comme prétexte pour montrer le vide qui les entoure.

Ces personnages sont servis par des acteurs tous plus formidables les uns que les autres. Toni Servillo, qui interprète Jep Gambardella, arrive à nous charmer et nous toucher. On se met facilement à la place de cet homme qui se questionne sur le sens de son existence et qui décide de faire ce qu’il a envie plutôt que ce qu’il devrait faire. Jamais violent, le personnage se sert plutôt de son intelligence pour se défendre comme lors de cette scène très poignante où il balance à la figure ses quatre vérités à ce personnage féminin très hypocrite. Cela ne le rend que plus intriguant et captivant. Les autres acteurs sont tous aussi épatants. De la rédactrice naine au vieil ami en passant par la mère plus intéressée par sa vie mondaine que par ses enfants : tous sont extraordinairement justes. « La Grande Bellezza » possède un casting qui sert admirablement le film.

La réalisation de Paolo Sorrentino joue énormément avec les travellings, rendant le montage du film très fluide. Il y a un côté très religieux dans le film, appuyé par des chants tout au long du film. Rien de plus normal pour cette ville qui l’est. Les ballades des personnages dans les murs de la cité romaine deviennent alors une sorte d’opéra hypnotique. Il y a cette scène très forte où Jep Gambardella et sa petite amie visitent un lieu secret de la ville où seul un homme, qui possède les clés, peut y entrer. On découvre alors des trésors d’antiquités sublimés par le jeu d’ombres et les chants religieux tandis que nos personnages errent dans ces couloirs tels des fantômes ne faisant pas partie de cette époque révolue.

On pourrait croire que l’on va s’ennuyer en regardant ce film d’une durée de deux heures et vingt-deux minutes, mais Paolo Sorrentino possède un sens du rythme qui nous fait oublier la longueur de « La Grande Bellezza ». Le générique de fin apparaît sur des images de Rome filmées depuis une barque sur le Tibre et nous force à rester assis, afin de profiter de la magie envoûtante de cette ville encore quelques minutes.

« La Grande Bellezza » est un film qui sublime la ville de Rome et nous parle de gens dont la vie se résume au néant. Une interrogation sur ce que l’on veut faire plutôt que de faire ce que l’on doit faire. Un film d’une toute beauté à voir et revoir.

La Grande Bellezza - Affiche

La Grande Bellezza. De Paolo Sorrentino. Avec Toni Servillo, Carlo Verdone, Sabrina Ferilli, Carlo Buccirosso, Iaia Forte, Pamela Villoresi, Galatea Ranzi, …

Sortie le 22 mai 2013.



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