Magazine Cinéma

[À vous de voir !] After Earth ou Shokuzai - celles qui voulaient oublier ?

Par Anaïs


Cette semaine je reviens sur la suite de Shokuzai - celles qui voulaient se souvenir (mon coup de cœur de la semaine dernière !) et évoquerai en parallèle le dernier blockbuster américain en date, j'ai nommé, After EarthDeux univers très différents donc – réaliste d'un côté, futuriste de l'autre – qui abordent toutefois deux mêmes thèmes : la filiation et le pardon. 

Tous deux étaient également supposés recueillir mon affection : Shokuzai - celles qui voulaient oublier car il s'inscrit dans la continuité du premier volet de cette diptyque premier volet que j'ai (je le répète) a-do-réAfter Earth car j'ai toujours été très sensible à ce qu'a pu faire Shyamalan, parfois même envers et contre tous (je fais partie des irréductibles qui se prosternent devant La jeune fille de l'eau par exemple). 

Les critiques lues de part et d'autre ne m’effrayaient donc pas le moins du monde. À tort ou à raison ?
[À vous de voir !] After Earth ou Shokuzai - celles qui voulaient oublier ?[À vous de voir !] After Earth ou Shokuzai - celles qui voulaient oublier ?
After Earth (M. Night Shyamalan
La survie d'un père (Cypher) et de son fils (Kitai) suite à un atterrissage forcé sur une planète devenue hostile à l'être humain. Un parcours initiatique médiocre en raison, à mon sens, de son scénario somme toute assez banal et, qui plus est, prévisible, et de son traitement paternaliste un brin simpliste. Les relations entre père et fils, supposées être au cœur du long-métrage sont en effet traitées de manière extrêmement superficielle et les innombrables flash-back doucereux s'avèrent sans grand intérêt. De même, il est regrettable que le bestiaire ou encore la technique de l'effacement n'aient pas été plus approfondis. La mise en scène et les effets spéciaux (seuls domaines dans lesquels, ô surprise, Will Smith n'a pas interféré) sauvent toutefois in extremis le film : les images de la Terre à l'état sauvage sont absolument sublimes et l'esthétique futuriste, relativement soignée. Quant aux scènes d'action, elles ne sont certes – Shyamalan oblige – pas innombrables mais vraiment réussies. Côté casting, si Will Smith lasse avec ses grognements/râles constants et s'enferme vraisemblablement dans un personnage volontairement mono-expressif, Jaden Smith en revanche est étonnamment convaincant. En résumé, un blockbuster à des années lumières des meilleures créations de Shyamalan (sans doute cela dit car il n'a pas été totalement libre sur ce projet) mais bien meilleur pour autant qu'un Thor ou un Iron Man 3En deux mots : gentillet et prévisible.Le petit plus : After Earth compte déjà bon nombre de produits dérivés dont une BD et un roman éponymes qui explicitent tous deux les origines de l'histoire. Enfin, pour les plus passionnés, il existe également un manuel qui relate quant à lui les mille ans ayant précédé le film et donc, entre autres, l'exode humain hors de la terre. N'hésitez pas si :
  • vous aimez les blockbusters naturo-futuriste ;  
  • les bons sentiments ne vous agacent pas au plus haut point ;
Fuyez si :
  • vous recherchez un film qui traite des relations père/fils en profondeur ;
  • le clan des Smith vous horripile (il n'y en a quasiment que pour le père et le fils pendant 1h40) ; 
  • vous attendez un excellent Shyamalan, à la hauteur d'Incassable par exemple (il faudra encore patienter !) ;
[À vous de voir !] After Earth ou Shokuzai - celles qui voulaient oublier ?[À vous de voir !] After Earth ou Shokuzai - celles qui voulaient oublier ?

Shokuzai - celles qui voulaient oublier (Kiyoshi KurosawaQuinze ans après le meurtre et le viol d'Emili, le portrait saisissant de deux de ses amies, également témoins de l'incident mais incapables de se remémorer le visage de l'assassin et de sa mère. Cette fresque psychologique relate donc le destin de trois femmes prisonnières du passé suite à un trauma originel et met plus spécifiquement en lumière leurs séquelles (que je tairai une fois de plus pour préserver votre surprise et curiosité mais qui sont là encore d'une richesse analytique inouïe). Dans son ensemble, Shokuzai - celles qui voulaient oublier s'inscrit dans la continuité du premier voletque j'évoque ici : le rythme y est toujours volontairement engourdi, la mise en scène, d'une rectitude raffinée et le symbolisme enfin, omniprésent (la mère d'Emili est par exemple vêtue non plus de noir mais de rouge – couleur associé à sa fille dans cette diptyque  dans la dernière partie du film). La bande originale en revanche s'avère beaucoup plus troublante dans ce second volet – car en décalage voire rupture avec les scènes qu'elle accompagne – et la violence symbolique, nettement plus accrue. Seul bémol, l'épilogue qui est certes parsemé de plans d'une intensité dramatique mirobolante mais qui s'avère quelque peu longuet et inégal. En résumé, une tragédie intime toujours aussi brillante et hypnotisante mais, du fait de sa conclusion versatile, un cran en dessous du premier volet  En deux mots : vénéneux et déroutant. Le petit plus : Shokuzai est une dyptique qui regroupe donc deux films (Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier) tous deux centrés sur les différentes évolutions de quatre jeunes femmes, quinze ans après le meurtre et le viol d'une de leur camarade de classe. Au Japon, ces deux films ont été diffusés sous la forme d'une mini-série de cinq épisode en 2012.N'hésitez pas si :

  • vous aimez les films qui traitent de rédemption ;
  • la diversité des conséquences suite à un même traumatisme vous intéresse ;
  • vous aimez les mises en scène épurées et symboliques ;
Fuyez si :
  • vous avez eu votre dose de vengeance avec Only God Forgives (dommage, l'œuvre de Kurosawa vaut également le détour !) ;
  • vous décrochez systématiquement devant les films qui durent plus de 2h ;
Verdict ?Kiyoshi Kurosawa sort vainqueur de mon arène cinématographique pour la deuxième semaine consécutive ! Bien qu'un poil en dessous du premier volet, je vous recommande en effet Shokuzai - celles qui voulaient oublier (naturellement, si et uniquement si vous avez vu le premier). 

Quant à After Earth, qui est excessivement décrié je trouve, ce n'est certes pas le divertissement de l'année mais ce n'est pas non plus le pire des blockbusters qu'il m'ait été donné de voir. De plus, si comme moi vous ne pouvez concevoir que l'inspiration et le talent (génie ?) de Shyamalan ont disparu, dites vous qu'aller voir After Earth c'est contribuer à ce qu'il amasse le plus d'entrées possibles (et ainsi reprenne confiance) et donc, indirectement, à ce qu'il réalise (peut-être un jour) à nouveau des chefs d'œuvre. À vous de voir !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anaïs 50 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines