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Les phénomènes PSI [première partie]

Publié le 17 avril 2008 par Uscan
Nous nous demandons encore si la clairvoyance et la télépathie, c'est à dire si la vision à distance et la transmission de pensées, sont des facultés humaines endormies. Nous nous interrogeons pour savoir si les animaux utilisent ce moyen pour communiquer. Mais ce que nous ne savons généralement pas, c'est que des recherches scientifiques officielles sont menées dans le monde occidental depuis un siècle, et qu'elles ont produit des résultats. Des extraits de quatre documents vidéos viendront appuyer le propos...

Le PSI, qui doit son nom à la lettre grèque, désigne un ensemble de phénomènes paranormaux reconnus et classifiés ainsi depuis les années 40. Ce billet s'attache à deux d'entre eux : la télépathie (transmission d'esprit à esprit) et la clairvoyance (capacité d'un esprit de voir un lieu, une situation, une émotion...). Nous allons essentiellement exposer ici des faits et résumer l'histoire de la recherche scientifique sur ces questions. Une seconde partie prévue pour ce billet étudiera d'autres phénomènes comme la précognition (voir un événement avant qu'il ne se produise) et la télékinésie (agir sur des objets à distance). Enfin, nous approfondirons les questions scientifiques et humaines soulevées par ces constatations (dans le second billet vraisemblablement).

Voyez d'abord cette expérience réalisée par une équipe d'Envoyé Spécial il y a plus de 10 ans... Excusez-moi pour la piètre qualité de cet extrait, sauvé in extremis de l'effacement magnétique d'une vieille cassette VHS !

On ne sait pas ce qui se passe, ni comment, mais il existe bien un lien entre l'animal et son maître. Ecoutez maintenant cette femme et la manière dont elle dit avoir découvert la communication télépathique avec les animaux. C'est le deuxième document dont je tirerai plusieurs extraits, "Je parle aux animaux" diffusé sur Arte en 1991.

Cette dame pourrait passer pour une illuminée amusante si les faits ne confirmaient pas ses explications.

Si tous les gens interrogés dans ce film ne sont pas des acteurs, force est de constater qu'elle communique réellement avec les animaux. Voyez comment elle s'y prend avec les chevaux.

Autre exemple, une rencontre avec un éléphant.

Samantha Khury est donc une véritable psychologue pour animaux. C'est la première fois que j'écris sans rire ce genre de propos. Elle explique que les expériences vécues par les animaux se gravent en eux de manière émotionnelle et corporelle, tout comme pour les êtres humains. Voyez comment elle traite un chat, par exemple.

Encore plus fort, elle négocie avec une colonie de fourmis !

L'enfance de cette dame explique comment elle a développé naturellement ce don.

Gérard de Nerval n'aurait pas refusé de se pencher sur un tel cas...
Lisez ce qu'il écrit dans VERS DORÉS.

Homme! libre penseur! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant:
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose;
Un mystère d'amour dans le métal repose;
"Tout est sensible!" Et tout sur ton être est puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t'épie:
À la matière même un verbe est attaché...
Ne la fais pas servir à quelque usage impie!

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché;
Et, comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroit sous l'écorce des pierres!


Le phénomène n'est pas nouveau. Connu depuis des temps immémoriaux, et sujets à toutes sortes d'histoires, mythes, de réalités et de croyances, les facultés PSI sont étudiées sous un angle scientifique depuis la fin du XIXème siècle. Le terrain avait été préparé par la découverte de l'hypnose au XVIIIè siècle, alors nommée mesmérisme, du nom de son découvreur. Cette pratique mettait en évidence de nombreux phénomènes étranges parmi lesquels des expériences des phénomènes PSI. On attribue à l'état d'hypnose la survenue de telles manifestations, lien qui sera infirmé dans l'avenir (par Richet notamment). Des expériences sont publiées, comme par exemple celle de Henry Sidgwick, et de sa femme.
Ou comme un cas relaté par Mesmer : un jour, étant en somnambulisme, une patiente appela sa domestique et lui commanda d’aller chercher l’agent de service au coin de la rue. Lorsqu’il arriva, elle lui dit d’aller tout de suite dans une certaine rue, à un quart d’heure de là. Il y rencontrerait une femme emmenant un chien qu’il devait réclamer comme le sien. L’agent obéit. Il trouva en effet une femme portant un petit chien qu’il ramena à la femme endormie et elle le reconnut.
Le mesmérisme est extrêmement populaire en Europe et provoque des débats académiques jusqu'au milieu du XIXè siècle, qui voit son éviction par l'académie de médecine en France. Si cette pratique ouvrait la porte au un monde encore inexploré de l'inconscient, L'Allemagne demeure plus réceptive et nombre de scientifiques et philosophes allemands continuent de s'intéresser à la question (Shopenhauer, Hegel, Goethe...).

Entre 1882 et 1919, trois grand instituts d'étude des phénomènes paranormaux sont créés en Angleterre, aux Etats-Unis et en France par des scientifiques de toutes obédiences, dans le but communément admis d'examiner les questions de la métapsychique de façon objective et scientifique. Dans la fondation de la SPR britannique, par exemple, on compte de grands noms comme F. Myers, H. Sidgwick, E. Gurney, C. Richet, H. Bergson, C. Flammarion et même Sigmund Freud. Tous les pays européens se dotent par la suite d'instituts du même genre. Différentes expériences sont menées par la communauté des chercheurs et des passionnés de métapsychique, dont l'objectif est en général de réussir une expérience PSI ou de mettre en évidence l'existence ou la manifestation d'esprits. Une somme considérables de témoignages est ainsi recueillie, analysée, et souvent vérifiée (et validée ou non) par des enquêtes. Il faut signaler que des histoires de fraudes, démasquées et dénoncées par la communauté métapsychique elle-même, nuisirent à la réputation du milieu.

Joseph Banks Rhine, né en 1895, est le père fondateur de la parapsychologie. Il décide de faire table rase des travaux précédents en écartant les phénomènes spirites (esprits, vie après la mort...) pour fonder une discipline qu'il souhaite plus solide et qu'il nomme parapsychologie. Il lance ses travaux au sein de l'Université de Duke aux Etats-Unis et cherche à obtenir une légitimité auprès de la direction de l'université et de la communauté scientifique. C'est chose faite en 1935, lorsque l'université ouvre officiellement un laboratoire de parapsychologie et lui en confie la direction. Un microcosme se forme autour de cette discipline, de nouveaux étudiants rejoignent le programme et montent eux-même d'autres centres de recherches dans d'autres universités après la seconde guerre mondiale.

La plupart des expériences utilisent les cartes de Zener, du nom de leur inventeur, un collaborateur de Rhine. Le jeu propose seulement les cinq cartes suivantes.

Il contenait 25 cartes soit cinq fois chaque carte. Il s'agit en général de tirer les cartes tandis qu'un sujet tente de les deviner.

Rhine développe une approche scientifique. Il intègre les méthodes de la psychologie expérimentale et il se fonde sur les mathématiques, c'est à dire qu'il utilise les statistiques et étudie des milliers de cobayes. Il classifie les phénomènes récurrents. La télépathie, (lire les pensées), la clairvoyance (vision à distance) ainsi que la précognition (voir un événement dans le futur) et la rétrocognition (dans le passé) font partie de ce qu'il nomme les perceptions extra-sensorielles (ESP). Il classera à part la psychokinèse (faire bouger ou déformer des objets à distance). Il évacue ainsi les phénomènes spirites (esprits, médiumnité, possession...). Le biologiste Benjamin P. Wiesner nommera l'ensemble phénomènes PSI.

Rhine met sur pied des dispositifs permettant de tester les capacités PSI de différents cobayes puis de comparer les résultats aux valeurs moyennes attendues du hasard. Le résultat parlant est la probabilité de trouver l'écart obtenu avec la moyenne attendue. Les chercheurs considèrent en général qu'un résultat est positif, c'est à dire qu'il met en jeu des capacités PSI, à partir du moment où la probabilité est inférieure ou égale à 1/100. C'est à dire, dès qu'il y a une chance sur cent au maximum d'obtenir le même résultat par le hasard pur, on considère que l'on a mis en valeur un phénomène PSI. Plus la probabilité est faible, plus le résultat est probant.
Une autre partie du travail des chercheurs consistera à traquer tous les moyens possibles permettant une communication consciente ou inconsciente, par le biais des cinq sens, entre l'expérimentateur et le sujet testé pour y faire obstacle. Ainsi l'on a souvent dressé un rideau opaque entre la personne qui tire les cartes et celle qui les devine. On a parfois même placé les deux dans deux pièces différentes ou même à des milliers de kilomètres, et utilisé une troisième personne pour collecter les résultats. Nous y reviendront dans le second billet. Ce qui est certain, c'est que les chercheurs ont tout mis en œuvre pour éviter le parasitage de leurs études. Il ne fallait pas que les sujets connaissent leurs résultats au fur et à mesure, pour leur interdire d'évaluer les cartes restant dans le paquet ; il ne fallait pas qu'ils puissent percevoir le moindre indice de l'expérimentateur qui aurait pu leur faire deviner la bonne réponse etc... Toutes les critiques ont été au fur et à mesure intégrées dans le processus expérimental, de manière à le rendre le plus objectif possible.

Le plus éminent détracteur de Rhine fut sans doute Mark Hensel, qui ne voyait dans ces travaux rien d'autre qu'une supercherie. Selon lui, si les gens avaient eu de réels pouvoirs de télépathie, ces derniers se seraient manifestés sans cesse dans la vie quotidienne, il aurait suffit de leur demander "à quoi je pense maintenant" pour vérifier la réalité de leur pouvoir. Qui plus est, les résultats extraordinaires obtenus lors des premières études tendaient à décliner avec le temps... Les sceptiques mettaient ce déclin sur le compte du perfectionnement du dispositif, qui supprimait petit à petit toutes les possibilités de communication les plus subtiles. Les parapsychologes avaient pour leur part une autre explication : le phénomène de lassitude ou de perte de motivation aurait été susceptible d'influer sur les résultats, voire d'éteindre les capacités PSI. Nous verrons dans la suite prévue pour ce billet comment ces axes ont été approfondis et ce qu'il en est.

En France, ces travaux provoquent une levée de boucliers de la part d'auteurs matérialistes, au moment où la psychanalyse propose une grille de lecture ne laissant presque aucune place aux phénomènes PSI. La discipline perd son officialité et les recherches deviennent difficiles. Elles se poursuivent à l'étranger et notamment aux Etats-Unis, où la très académique Association Américaine pour le Progrès Scientifique (3AS) accepte en décembre 1969 la candidature de la Parapsychological Association, estimant que si les phénomènes qu’elle prétend étudier font toujours l’objet de débats animés, les méthodes qu’elle utilise sont jugées scientifiques et sans parti pris. La parapsychologie acquière dès lors le statut de science à part entière aux Etats-Unis.

A partir de 1975, la "psilogie" selon la terminologie québequoise, est enseignée au niveau institutionnel au Québec. Plusieurs départements universitaires américains créent des sections de parapsychologie. Ainsi les années 70 sont-elles fécondes en terme de recherches. C'est dans ce contexte qu'en 1977 Russell Targ et Harold Puthoff, des spécialistes du laser, lancent de nouvelles études ambitieuses sur la clairvoyance...

Ces travaux repris dans le magazine de référence Nature ne manquèrent pas de susciter un flot de critiques et de mises en doutes, notamment de la part du Dr David Marks, qui avait lui-même mené des expériences infructueuses en la matière.

Pourtant, même si ces études peinent toujours à trouver grâce officiellement (beaucoup de scientifiques reconnaissent sous couvert d'anonymat l'intérêt de ces recherches) aux yeux de la communauté scientifique, et particulièrement en France, la CIA, elle, en a vite compris l'intérêt. Elle a créé dès les années 70 le Stanford Research Institute, destiné à explorer la clairvoyance et en a confié la direction à... Targ et Putoff ! Les recherches ont été fructueuses et ont débouché sur des applications de renseignement dans un programme nommé Stargate.

Voyez ici Joseph MacMoneagle à l'oeuvre.

Les recherches se poursuivent et se perfectionnent dans les années 80, plus confidentiellement en France. Ainsi l'Institut Métaphychique, qui était un pôle de réflexion et d'information doit fermer faute de crédit. Il rouvrira à la fin des années 90. En 1992, l'Institut Freiburg en allemagne reçoit d'importants fond privés et donne ainsi naissance à l'IGPP, qui emploie des professionnels à plein temps. Aujourd'hui les grands pôles universitaires se situent à Edimbourg et à Amsterdam mais la discipline est enseignée au Québec, aux Etats-Unis, en Allemagne. En France des initiatives isolées ont eu lieues en vain à Paris V et dans les grands écoles. Seule l'Université Catholique de Lyon dispense des cours dans le pays. Notons qu'en allemagne le WFPG est un organisme à financement public qui accueille les personnes victimes de troubles liés au paranormal et qui tente de construire des modèles théoriques sur la question.

La discipline parapsychologique se trouve aujourd'hui dans une position ambivalente. D'un côté elle peut se targuer des nombreux résultats probants obtenus de manière scientifique depuis un siècle. Personne n'est capable de dénoncer sérieusement les études dont nous avons parlé et toutes les critiques constructives ont été prises en compte dans la démarche expérimentale. La majeur partie d'entre-elles émanait d'ailleurs des chercheurs eux-mêmes. D'un autre côté, l'image du paranormal reste extrêmement floue. Pour la plupart des individus, ces phénomènes sont assimilés à des pratiques traditionnelles ou charlatanesques comme la voyance. Les grands médias français n'abordent le sujet que sous l'angle "J'y crois / Je n'y crois pas", et noient en général les informations scientifiques sous des reportages sensationnels, destinés à faire de l'audience mais peu informatifs. La réalité des recherches et de l'histoire le filtre pas, et elle demeure inconnue de celui qui n'entreprend pas une démarche active de documentation. Il faut ajouter à cela un petit groupe d'individus "sceptiques" qui attaquent de façon extrêmement virulente tout ce qui s'assimile à du paranormal. En général ils refusent de se joindre à toute expérimentation car ils partent du principe que ces phénomènes n'existent pas, et qu'ils doivent systématiquement être expliqués sur la base des connaissances dont nous disposons déjà. Les explications qui sont fournies sont parfois complètement improbables et assez peu rationnelles (comme un tremblement de terre pour expliquer un Poltergeist), les scientifiques qui abordent le sujet sous cet angle, en général, refusent l'examen attentif et sans a priori des faits ; leur démarche cherche à prouver que le paranormal n'existe pas. A l'inverse il existe un puissant courant new-age, très populaire et très lucratif, qui croit en l'avènement prochain d'un âge d'or de l'humanité, réconciliant la science avec la spiritualité. Cette tendance, parfois délirante, mais souvent raisonnable, ne s'appuie pas sur des faits prouvés ni sur une démarche scientifique. Elle relève de la croyance et de l'intime, elle exclue la rationalité stricte, et fonctionne de manière religieuse ou philosophique. Le mouvement s'appuie cependant sur les résultats des recherches PSI pour étayer certaines de ses thèses. En retour, il faut savoir que la communauté scientifique du paranormal puise à cette source la majorité des théories qu'elle cherche ensuite à vérifier de façon rationnelle.

Pour terminer, voici quelques témoignages simples de gens ordinaires. Les perceptions extra-sensorielles dans la vie quotidienne. Une réponse à Mark Hensel en quelque sorte...

D'abord, cette histoire d'un rêve vécu par deux personnes en même temps

Ensuite, voyez comme cette date semble connectée à son mari à travers ses rêves, pour elle tout passe par les odeurs...

Cette homme-là semblait pressentir par-delà le sommeil le danger qui menaçait son fils.

Cette fois-ci c'est la mère, à distance, qui sentait le danger menaçant sa fille.

Cette histoire est plus grave, mais elle illustre le même genre de lien

Une seconde partie à ce billet est prévue...

Sources audiovisuelles :

  • L'intelligence animale ; diffusé par France 2 (Envoyé Spécial)
  • Je parle aux animaux, Portrait de Samantha Khury ; documentaire de Peter Friedman ; États-Unis, 1991, 53mn ; diffusé le 17 août 2000 par Arte
  • Enquête sur le sixième sens ; documentaire de Tony Edwards ; diffusé le 7 janvier 2001 par Arte
  • Le sixième sens : science et paranormal ; documentaire de Marie-Monique Robin ; France, 2002, diffusé le 19 janvier 2004 par Canal+
  • Témoignages sur le paranormal ; diffusé le 7 janvier 2001 par Arte

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