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"Parce que le monde bouge"

Par Editioncompagnie

Chaque matin, j’entends à la radio ce slogan d’une grande banque française. Il m’agace, au même titre que des débuts d’articles commençant par « de nos jours », « à notre époque » sans savoir pourquoi. Alors j’ai fini par me demander mais qu’est-ce qu’ils veulent bien faire passer comme message avec cette phrase?

La vraie question est de savoir si le monde bouge dans le bon sens ou dans le mauvais et comment nous y répondons tous. La banque y répond. Le monde est en insécurité permanente, ils nous vendent de la protection. Assurance et pose de caméras. On ne cherche pas à contrer la montée des eaux, on nous vend des bottes !

Si ce n’était qu’une entreprise privée, je n’aurais pas bondi, en réalité, ce slogan est le reflet de tous les discours « d’experts » et de politiques. En boucle et d’une seule et même voix, il faut s’adapter. Nous ne nous posons d’autre question que celle ci. Pas de remise en cause, de liens entre une problématique écologique ou sociale et cette continuité de rouleau compresseur.

Le produit est là bas moins cher, il faut s’adapter. Le cout du travail est ici moins cher, il faut s’adapter. Nous pouvons prendre des centaines d’exemples. Je pourrais rien qu’avec ces lignes être taxé de nostalgique démodé voir réactionnaire.

Les enjeux sont on le sait bien tout autre, ce que révèle d’ailleurs le bras de fer de ce début de moins de juin 2013 sur l’histoire des droits de douanes que souhaitent mettre en place la commission européenne aux panneaux solaires chinois (pour fin 2013). Largement subventionné par l’état chinois, les panneaux sont produits à perte, inondent le monde entier, tuent tous les autres producteurs, notamment européens et américains. Une fois tout le tissu économique mort, la production chinoise devient monopole et les prix montent en flèche. Stratégiquement bien joué. Si nous sommes réactionnaires, ils sont bien naïfs.

Pour nous détourner du fond, c’est à dire de simple chiffre de balance commerciale, on entend quelques chiffres et des producteurs bordelais effrayés par des mesures de rétentions. Enfin va t-on pouvoir parler vite et calmement de cette stupide histoire de concurrence libre et non faussée ?

On s’étonne de retrouver du cheval roumain acheté par une compagnie hollandaise pour une transformation dans le sud ouest français de plats congelés étiquetés bœuf. Pire, On feint de s’émouvoir de la mort de ces pauvres ouvriers du textile au Bangladesh, mais qui ignorait cela ? Les chantres de la mondialisation heureuse nous disent que ces pays, grâce à la désorganisation du monde sortent de la pauvreté. Mais qui s’enrichit vraiment? Et pouvons nous simplement nous poser la question en joie de vivre plutôt qu’en comptable : un paysan pauvre est-il plus heureux qu’un ouvrier esclave payé 35 euros par mois ?

J’en viens à parler des produits que je fais fabriquer en France. D’aucun me dise, « pourquoi tu ne va pas faire fabriquer ailleurs, tu vendrais bien plus. Tu t’en fous, tout le monde le fait ».

Je pourrais mettre en cause mon niveau d’anglais brevet des collèges pour ne pas passer de frontières, mais j’ai envie de dire que c’est idéologique.

J’aime aller dans les ateliers, me dire que je participe à mon échelle à la préservation de savoir faire, aux salaires décents  des uns ou des autres. C’est une lutte vaine, j’ai un canif quand d’autres on des tanks, mais je vis de mon métier, je pourrais mieux vivre encore mais à quel prix justement?


Tagged: économie, banque, mondialisation, parce que le mon de bouge, production française

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