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Artiste engagé et politique en France en art contemporain

Publié le 28 juin 2013 par Lilioto

Qui fait réellement de l’art politique en France ? Qui est artiste engagé en France ? Artiste politisé ? Ces attributs sont-ils dissociables ? Des concepts distincts ?

Qui sont réellement les artistes plasticiens dans l’art contemporain en France qui sont au service d’idéaux, du politique, du marketing électoral ?

Est-ce que les artistes plasticiens qui défendent les intérêts de la communauté artistique en réclamant leur indépendance face à l’état et aux élus, donc une autonomie face au pouvoir politique et désirant le prêt de lieux affranchis des pouvoirs nationaux et locaux pour travailler et pour exposer soutenus financièrement par des aides publiques sont-ils des artistes engagés ? Et si oui, n’est-ce pas une forme d’engagement au service de leurs idéaux et surtout des conditions vitales, respectueuses de leur propre activité ?

Est-ce que les artistes plasticiens dans l’art contemporain qui offrent dans leurs expositions internationales, nationales ou locales une vitrine aux élus pour leur marketing politique et carriériste, idem pour les commissaires d’exposition ou pour les conservateurs de musées, sont-ils des artistes engagés ? Sont-ils des artistes politisés ? Font-ils un art de propagande ou une création artistique au service de la propagande ?

Lorsqu’ un ministre, un élu, un parlementaire, un sénateur, un conseiller général, un maire, un président d’un Conseil Régional, un président d’un conseil Général ou un adjoint à la culture  prennent le micro dans une exposition publique face au public, aux artistes présents et exposés le jour de leur vernissage pour faire la pub pour leurs actions culturelles, l’art exposé est-il ponctuellement au service du politique ? Les artistes présents et exposés sont-ils politisés ?

Nous observons au nom d’un consensus mou entre les artistes et les élus lors de leurs vernissages dans ces expositions publiques à un protocole avec des règles spécifiques à la communication. Le rôle de ce protocole est strict et récurrent à chaque exposition publique (financée par le contribuable) et il est vécu comme une extension naturelle de l’exposition. Ce protocole hiérarchique fonctionne comme un ordre de préséance, ses acteurs : élus, commissaires d’exposition, artistes se positionnent dans un rituel qui tente à sacraliser leurs fonctions sectorielles. Il est étonnant d’assister dans un art dit contemporain à ce rituel hérité tout droit de l’ancien régime. Il est encore plus étonnant dans ce cadre chantant les louanges de la modernité, de l’ultra contemporanéité, d’assister à ce cérémonial où des artistes contemporains octroient au pouvoir un droit de parole alors qu’ils ont un droit moral sur leurs expositions, un droit inaliénable : qui ne peut être cédé.

Nous expliquer que ces artistes exposés dans les institutions d'art contemporain ne sont pas politisés est un déni de réalité. Ce petit ballet de l’art contemporain, cette cérémonie politique récurrente à chaque exposition publique démontre que l’utilisation de l’argent publique engage l’artiste à un renoncement, à une capitulation qui peut parfois aller à contre-sens de ses propres convictions. Quand ils sont honnêtes, les artistes plasticiens vous expliquent qu’ils n’ont pas le choix, sinon ils sont interdits d’exposition.

Ces expositions publiques relèvent d’un art au service de la propagande politique, même si l’œuvre de l’artiste n’a aucune dimension esthétique qui l’engage dans un art politique ou de propagande. Les artistes exposés offrent à l’élu une vitrine pour son action politique, et les artistes publiquement ne peuvent pas contester ! Pourtant la loi les protège, et si les artistes plasticiens ne veulent pas que leurs exposition servent de prétexte à un prosélytisme politique, à du marketing politique, ils ont les moyens légaux d’interdire l’élu de s’exprimer sur le dos de leur création artistique et sur le dos de leur réputation. Ces artistes plasticiens exposent donc leur création au profit d’une action politique qu’il partage par désistement et dans certains cas par reniement. Ce ne sont pas des artistes non engagés ou apolitiques comme ils aimeraient le faire croire au public ! Ils sont uniquement exposés comme des artistes soumis au devoir de réserve, comme un fonctionnaire. Le devoir de réserve est justifié pour garantir la neutralité, l’impartialité de l’administration, puis de ne pas nuire à sa réputation. Un artiste n’est pas un fonctionnaire d’état aux ordres des élus. Les conditions nécessaires pour exposer un artiste plasticien en France ne sont donc pas réunies dans les espaces publics. Cette une grave violation de la liberté d’expression et de la convention internationale sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Ce sont de graves abus de pouvoir et d’autorité sur une communauté artistique victime de prédateurs.

Lorsque les artistes plasticiens refusent de faire de l’art au service de la propagande politique, ils ne deviennent pas des artistes engagés mais des artistes respectueux de leurs oeuvres, de leur art et de leur personne. Il faut exiger des élus qu’ils ne figurent pas sur le carton d’invitation comme le créateur et fondateur de l’évènement : « Monsieur le Maire, Monsieur le Sénateur ou monsieur le Député ont le plaisir de vous inviter à l’exposition de ou des artistes… ».  C’est l’artiste qui convie à son exposition, l’espace moral et artistique le temps de son exposition lui appartient et à lui seul uniquement. De plus, sur ce carton d’invitation, l’artiste doit s’adresser au citoyen contribuable, le remercier car c’est lui qui paye et pas les élus !

Donc exposer et être un artiste apolitique, c’est se protéger face à la prédation politique, affairiste surtout lorsque les élus ne font pas payer par la collectivité les droits de monstration qui sont dus aux artistes plasticiens exposés, comme tout artiste en représentation comme pour les musiciens, les chanteurs, les comédiens, les danseurs, et, les techniciens du spectacle. 

Lili-oto, artiste engagé mais ni servile  ni résigné.


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