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Paris Cinéma : La Vénus à la fourrure.

Par Unionstreet

Paris Cinéma : La Vénus à la fourrure.

Une musique burlesque se fait entendre tandis que la pluie s’abat. L’orage gronde. La caméra avance dans une rue parisienne déserte. On s’approche d’un théâtre fermé. Des affiches indiquent qu’une pièce y est annulée. Les portes du théâtre s’ouvrent toutes seules, comme les portes d’une maison hantée. La tempête fait rage. D’autres portes s’ouvrent comme par enchantement.

Sur une scène, de dos, le metteur en scène Thomas (Amalric) gueule au téléphone contre ces pétasses, pseudo actrices, qui ont défilé toute la sainte journée pour se faire auditionner. Que des petites connes incapables de prononcer une phrase correctement en français. Vanda (Seigner), une pouf comme on en fait plus, vient de rentrer dans le théâtre, trempée jusqu’aux os, un talon cassé. Elle représente ce que le metteur en scène déteste le plus : la bêtise et la vulgarité. Et pourtant elle va réussir à passer une audition. Et c’est parti pour 90 minutes de huis-clos dans un théâtre lugubre. Est ce que Roman Polanski arrivera à nous faire pardonner la bâclé Carnage ?

Le monsieur se dit fier de présenter son film à un vrai premier public (considérant que le public cannois ne compte pas) qui découvre La Vénus à la fourrure en cérémonie d’ouverture du festival Paris Cinéma. Et autant dire qu’il n’a pas choisi la simplicité. La Vénus à la fourrure est l’adaptation de la pièce de David Ives qui était elle même une oeuvre inspirée par le roman érotique de Leopold von Sacher-Masoch.

Vénus à la fourrure critique

La Vénus à la fourrure est une mise en abîme fascinante puisque la fiction se mêle à la réalité, que les faux semblants sont nombreux et les changements de ton surprenants. De plus Amalric ressemble étrangement à un Polanski plus jeune, et Polanski filme sa femme sous toutes les coutures. Le réalisateur se plaît à intégrer au récit des éléments de sa vie personnelle qui ajoute du mystère à cette adaptation. Il reste encore un vilain provocateur quand ses dialogues parlent de maltraitance enfantine et de pratiques sexuelles SM non consenties. Sacré Roman ! C’est vrai que rien, Interpol ou une gamine de 13 ans, ne t’arrête. Ce n’est pas pour te censurer au cinéma. Et tant mieux, car le film est un objet très original. C’est ici les qualités du réalisateur à donner à son récit des airs de comédie ou de huis-clos surnaturel que nous saluons. Par contre, si sa femme peut le remercier de lui avoir offert ce premier grand rôle (il était temps), je ne suis pas sûr que nous, spectateurs, nous pouvons le remercier. Le jeu de Seigner dans la première partie est tout bonnement insupportable. Nous voulons bien croire qu’il est jouissif de jouer une pétasse en cuir avec un collier de chienne autour du cou, mais le surjeu de l’actrice est too much. Un brin exagéré, surtout devant le jeu naturel d’Amalric. Mais heureusement le film réserve quelques surprises, et Seigner peut devenir délicate (c’est difficile à croire, je sais) et inquiétante.

Les rôles de dominant/dominés s’échangent, la pauvre conne n’est pas celle que l’on croyait, manipulation, SM, fétichisme, théâtre, sons d’objets imaginaires à la Dogville et Wagner … voilà le programme chargé et bavard pour ce Polanski drôle et unique qui s’achève sur une danse de bacchante bienvenue.  La frontière entre réalité et le jeu disparaît totalement et intelligemment. Et au passage Emmanuelle Seigner peut remercier son mari pour le rôle de Vanda. Comme Vanda fascine Thomas, Emmanuelle est la muse de Roman.

Les amoureux de Polanski, de relations tordues, de surprises, de théâtre et de gros seins devraient trouver leurs comptes.

Sortie le 13 novembre 2013.

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