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Frances ha de noah baumbach │ « sous le grand ciel gris new-yorkais »

Publié le 04 juillet 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays

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A 27 ans, Frances préfère croire en ses talents de danseuse et partager un appartement avec son amie de fac, Sophie, qu’avec un petit ami et un chat. Mais Sophie, un poil plus disposée à la vie d’adulte, quitte la colocation, se fiance, laissant Frances sur le carreau. De déboires en déboires, d’adresses en adresses, Frances déambule en adolescente attardée, désarmante d’optimisme, dans un très beau New York en noir et blanc.

Si Frances Ha affiche un charmant faux air de premier film, c’est d’abord grâce à une équipe et un budget réduit au strict nécessaire. Mais que l’on ne s’y trompe pas, Noah Baumbach n’a rien d’un débutant : coscénariste chez Wes Anderson pour La vie aquatique ou Le fantastique Mr Fox, il réalise aussi Les Berkman se séparent ou encore Greenberg, dans lequel apparaissait déjà la jolie tête blonde de Greta Gerwig. Avec Frances Ha, qu’il co-écrit avec son actrice, Baumbach renoue avec son premier long-métrage Kicking & Screaming (1995), fable aigre-douce d’une génération qui peine à passer le cap de l’âge adulte .

Et en matière de film générationnel, Frances Ha arrive juste à temps. Juste à temps pour redorer les lettres du mumblecore (nom donné à une vague de jeune cinéma américain indépendant, féru d’improvisation, mettant généralement en scène les déboires des moins de 30 ans) et pour contrer la jeunesse MTV pénible du dernier cru Coppola.

Un film bavard et insolent

Une partition écrite à deux mains donc, pour un film bavard, insolent, aux dialogues ciselés, qui emprunte son comique aux beaux jours de Woody Allen. Et pas que : difficile de filmer New York en noir et blanc sans en appeler au mythique Manhattan. En bon cinéphile, Noah Baumbach ne manque pas de le savoir. Du reste, on ne peut s’empêcher de voir en Frances un certain pendant féminin du héro Allénien : éternel inadapté gravitant dans son milieu intello-arty, et pourquoi pas une héritière directe de Diane Keaton. Mais derrière l’élégance de son noir et blanc c’est aussi toute la nouvelle vague française qui transparaît, de Truffaut à Rohmer. Un film-hommage, rythmé par une bande-son rétro qui n’est pas moins riche en références : de George Delerue, grand compositeur de la nouvelle vague, à Modern Love de David Bowie, déjà utilisée par Carax. Cinéphile on vous avait dit.

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L’allure désuète, porté par une mise en scène franche, dépouillée et sans tics, le film est avant tout une belle déclaration d’amour du cinéaste. A New York d‘abord, (mais New-York en avait vu d’autres), et surtout à Greta Gerwig, sa  muse et compagne. Dans un rôle taillé sur mesure, l’actrice emmène le film, irradie, fascinante de frivolité et de gaucherie. Pendant ce temps là, c’est toute la presse US qui s’entiche de la jeune femme, n’hésitant pas à l’ériger en nouvelle petite fiancée du cinéma indé façon Austin. Un casting qui a de la gueule, dans lequel on sera ravi de retrouver celle, atypique, d’Adam Driver. Après avoir campé le weirdo sexy dans la série Girls de Lena Dunham (sorte de réplique brunette made in HBO de Gerwig), on se réjouit de retrouver l’acteur à l’affiche du prochain film de la fratrie Coen, Inside Llewyn Davis.

Noah Baumbach nous fait ici le portrait mutin, estival, de ces jeunes qui ne sont plus si jeunes, de la fin de l’enfance et d’une génération en désordre, sous le grand ciel gris New-Yorkais. Porté par la révélation Greta Gerwig, Frances Ha est le film léger, drôle et intelligent que le cinéma indé attendait. Un sans faute pour le cinéaste.

Article écrit par Camille Mathieu.

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