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Il faut défendre Daniel Mermet !

Publié le 11 juillet 2013 par Leunamme

Daniel Mermet, avec son émission sur France Inter "Là-bas si j'y suis", c'est une bulle d'air médiatique quotidienne géniale et nécessaire. Une des rares émissions radio-télévisée de reportage, sinon la seule, qui non seulement dénonce les excés d'un système, mais prend systèmatiquement la défense des plus petits, des plus humbles, partout dans le monde.

Or, depuis quelques jours, le journaliste est attaqué sur ses méthodes de management. L'attaque est venue d'un article signé par Olivier Cyran (journaliste entre autres à CQFD) et publié sur le site article 11. Cet article dénonce des techniques de management proche des méthodes ultralibérales, et surtout indignes de la part d'une personne qui brocarde ces mêmes méthodes à longueur d'émissions.

Il est vrai que l'article d'Olivier Cyran est suffisamment précis, détaillé et argumenté pour laisser peu de place au doute. Il n'est d'ailleurs en aucun cas question ici de réfuter ou de nier les accusations, et d'ailleurs qui serai-je pour le faire. D'autant plus que dans la foulée, elles sont étayées par un autre article publié lui sur Rue 89, là encore au contenu assez édifiant. Un vrai malaise commence à m'envahir, et je ne suis pas le seul à en lire les centaines de réactions sur la toile.

Malaise d'autant plus vivace que les réactions se font attendre. Si à ce jour et à ma connaissance Daniel Mermet n'a pas encore répondu, les réponses vont finalement venir. Ce sont deux journalistes, Antoine Chao, collaborateur actuel de Mermet qui publie une première réponse sur Rue 89 (qui ressemble drôlement à un droit de réponse). Surtout, c'est François Rufin, créateur du journal Fakir, et qui durant 7 années a travaillé sur l'émission "Là-bas si j'y suis", et qui sur le site de Fakir publie un texte long et magnifique sur ce qu'est le travail avec Mermet.

Finalement, le malaise se transforme peu à peu en doutes et en questions. Des doutes qui subsistent quand même face aux accusations que ni Antoine Chao, ni François Rufin ne démentent, mais que les articles ont atténué, permettant de construire une vérité bien plus complexe.

Des questions surtout face aux raisons de ces attaques maintenant, au moment où l'on apprend que le temps d'antenne de l'émission va être réduit. "Là-bas si j'y suis" est une émission qui gêne parce qu'elle est un des rares espace de grande écoute à produire une parole différente.

Daniel Mermet n'a jamais caché ses affinités pour la gauche de la gauche, voire pour le Front de gauche. Or, que ce soit Rue 89 qui ait relayé la polèmique contre lui ne doit probablement rien au hasard. Rue 89 appartient désormais au même groupe que le Nouvel Observateur, et ce journal est bien connu pour son anti-communisme primaire et son aversion pour le Front de gauche. Il suffit de lire les billets consacrés à ces sujets pour s'en rendre compte. On a le même sentiment parfois à la lecture de Rue 89.

Tout ceci, n'enléve probablement rien à la réalité des reproches faits à Mermet, mais il est tout de même notable que la qualité de son émission n'est jamais remise en cause, que ce qui y est dit et démontré est rarement réfuté. Sur le fond, l'émission est inattaquable. Est-ce alors pour cela que l'on s'attaque à la personne de Mermet ?

Au final, et malgré tout, il faut défendre Daniel Mermet, il faut continuer à écouter sa formidable émission, même si cela doit ce faire désormais avec un gros doute qui nous étreint le coeur, mais il faut le faire, parce qu'elle est plus que jamais nécessaire, et surtout parce qu'elle est à l'image de son créateur, pleine d'humanité, ambigüe et complexe.


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