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Inde : l’incroyable université des Va-nu-pieds

Publié le 12 juillet 2013 par Alanlimo @ChristoChriv

Une Afghane illétrée de 57 ans qui devient, en six mois, ingénieur en énergie solaire.

Une grand-mère indienne qui, sans savoir lire ni écrire, officie avec bonheur comme dentiste pour plus de 7000 enfants des villages alentours après avoir été formée au métier pendant seulement quelques mois.

Ces miracles ne sont ni des anecdotes, ni le fait de génies autodidactes. Ce sont le genre de résultats qu’obtient Sanjit « Bunker » Roy (sélectionné comme l’une des cent personnalités les plus influentes en 2010 par Time) grâce à son Université des Va-Nu-Pieds – une école construite à Tilona (Rajastan, Inde) en 1986 et réservée à tous les renégats, parias, laissé-pour-compte et illétrés de la société. Les seuls critères d’admission : ne disposer d’aucun diplôme, et posséder un savoir-faire utile à la communauté.

On y devient artisan, docteur, forestier, potier, charpentier – sans autre reconnaissance que celle de la communauté. Ni diplôme, ni bout de papier certifiant quoi que ce soit ; l’Université des Va-nu-pieds apprend et enseigne empiriquement, par les échanges et la transmission directe des savoirs, de la façon la plus directe possible. Et Sanjit « Bunker » Roy de citer le cas d’une Afghane illétrée, Faryab Gul Bahar, 55 ans, 4 enfants, qui s’est chargée d’installer l’électricité en énergie solaire pour 200 foyers en Afghanistan. Elle s’en occupe depuis 2005 (aucun n’est encore tombé en panne jusqu’à aujourd’hui) et apprendra la différence entre courant direct et courant continu au … responsable du département d’ingénierie de l’université de Kaboul . « Si vous avez un projet, aussi fou soit-il : venez ! Ce n’est pas grave si vous échouez. On est là pour apprendre » lance Bunker Roy, qui va également chercher des candidat(e)s en Afrique pour les former et les aider à développer leur communauté à leur retour. Afin de construire, par exemple, des villages entiers autosuffisants en eau et en électricité, grâce au soleil et à la pluie.

Ce qu’on enseigne à l’Université des Va-nu-pieds, ne sont pas des savoirs décidés ou dictés par un ministère, mais des savoirs « que les pauvres considèrent comme importants« . La démocratie, les soins à apporter à une chèvre blessée, la maintenance d’un panneau solaire, les gestes de premiers secours, le comportement à adopter en cas d’arrestation par la police. On y mange et on y dort par terre, sans être rémunéré par autre chose que les connaissances acquises.

« Qu’est-ce qu’un professionnel ? Quelqu’un qui possède à la fois une compétence, une confiance, et une conviction. Une sage-femme traditionnelle est un professionnel. Les potiers sont des professionnels. Dans tous les villages, il y a des professionnels ; qui devraient être reconnus par le courant de pensée dominant. On devrait montrer que ces savoir-faire sont plus que jamais pertinents pour le monde d’aujourd’hui ».

C’est inspirant. C’est envoutant. C’est à suivre et à tester sans limite.


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