Magazine Asie

Histoire de l’agence népalaise The Kathmandu Guides Company, de son interface Lacompagniedesguidesdekatmandou.com et de ceux qui l’ont faite (4ème partie)

Publié le 03 août 2013 par Himalco

En France, ils ne peuvent rien me faire. Elle me dit de ne pas m’inquiéter et repart vers le bureau. Je vais à l’agence Qatar Airway changer mon billet d’avion. Il sera pour le 24 octobre, la nuit. C’est parfait. Je pourrai m’occuper du groupe de 2 personnes qui arrive le 23 pour le Tour du Manaslu. C’est midi et je repars rencontrer l’équipe de résidents française au restaurant de Thamel. Je dis à C.S que j’ai mon billet pour le 24 à 21h. Il me répond que j’ai bien fait, rester aurait été nocif pour ma santé. Dans l’après midi, je passe pour la dernière fois au bureau. La secrétaire y est. Je récupère le matériel qui m’appartient, les 3 tentes achetées en France, 3 sacs de couchage neufs, une quinzaine de fourrures polaires neuves que j’avais aussi amenées de France. J’en donne une à la secrétaire ainsi qu’à un jeune porteur qui vient d’arriver. Je décroche des fenêtres avec un pincement au cœur les rideaux orange que j’avais rapportés de France également et j'enlève les posters de montagne de leur cadre. 7 ans de travail qui foutent le camp, tout détruit par la cupidité et la malhonnêteté. Tous les projets qui disparaissent, le rêve de ma vie qui s’évanouit. Je serre la main du jeune porteur qui me sourit puis à la secrétaire. Je lui répète de ne pas me défendre, de laisser dire, de tout approuver. Elle reste au Népal et il pourrait la blesser. Je jette un dernier coup d’œil à ce bureau illégal aux murs maintenant vides. Je descends l’escalier et, dans la rue, j’appelle un Maruti. Avec un sentiment de tristesse, de gâchis, le taxi me ramène avec le matériel vers la maison.

J’envoie un courriel à M.S, mon amie trekkeuse de Vallorcine, qui arrive le 27 pour un Tour du Manaslu avec 4 autres personnes que je connais un peu moins pour lui expliquer ce qui se passe, que je ne serai pas au Népal puisque je rentre en urgence en France. Je lui écris que tout est organisé. La secrétaire est au courant. Je lui explique que j’ai informé aussi une autre agence et qu’en cas de problème, elle les prendra en charge. C.B, directrice de l’autre agence, sera aussi à l’hôtel pour les recevoir. J’ai fait mon maximum pour trouver en urgence une solution qui ne pénalisera pas leur séjour. Je suis totalement épuisé. J’envoie également un email au consulat pour lui dire que je quitte le Népal le 24 au soir et je prends un rendez-vous avec l’Ambassadeur pour le lendemain.

Il est 16h30 et je commence à préparer mes affaires pour la France puis vers les 19h, je me cuisine un plat de spaghettis insipides. Je regagne l’hôtel Tibet vers les 20h où la secrétaire m’attend pour le dernier groupe que j’accueillerai. Elle me dit qu’il y a un problème, que l’hôtel pourtant réservé et confirmé n’a plus de place et qu’ils ont transféré les personnes sur l’hôtel Manaslu voisin. Un dernier clin d’œil du pays. Le guide qui est à l’aéroport est avisé et nous allons attendre les personnes dans l’autre hôtel. L’avion a 2 h de retard et les personnes n’arriveront que vers les 23h. Durant cette attente, je parle de mes inquiétudes à la secrétaire, de l’avenir. J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi serein. Un rien l’a fait rire même les situations les plus sombres. Les 2 personnes arrivent vers les 23h comme prévu. Je les accueille devant un verre, leur fais le briefing, leur explique le trekking. Ils paient leur séjour que la secrétaire encaisse. Je leur dis que je ne serai pas là à leur retour. Il est déjà tard et fatigué, ils vont se coucher. Le guide et la secrétaire seront à l’hôtel demain matin pour les derniers préparatifs. Je rentre à la maison vers les minuits et me remets devant l’ordinateur. J’ouvre le fichier clients pour en extraire mes contacts. J’en connais la plupart et pour les autres, je vérifierai. Je ne tiens pas à les voler même si j’ai l’intime conviction qu’ils, dans la situation inverse, auraient pris moins de précautions. Je ne leur laisserai pas les fruits de mon travail, pas dans les conditions qu’ils ont décidées et les méthodes qu’ils pratiquent. Je sors entre 250 et 300 adresses du listing, celles que je connais, avec qui j’ai discuté, informé, organisé, les mets dans un autre fichier. Je referme celui de l’agence, tenté un moment de changer le mot de passe. Mais je n’en ferai rien. De toute manière, je suis presque sûr que D.S a un double du fichier. Je me couche vers les 4h du matin.

Debout vers les 5h comme tous les matins. La ville se réveille et les premiers signes de vie se font entendre. Aucun email. Je me mets tout de suite dans les bagages, range la maison. Vers les 8h, je vais à l’étage voir les propriétaires et payer la location pour les prochains 3 mois. Je ne sais pas quand je reviendrai. Je prends la douche pour me détendre, bois un thé, puis, vers les 10h, en moto, me dirige vers l’ambassade. Je rencontre la vice consul dans la salle d’attente de l’ambassade. Elle me demande si je vais mieux, je lui réponds que oui, que je rentre en France ce soir et que je viens rencontrer Monsieur l’Ambassadeur. Je rends au policier la radio que j’avais en tant que responsable d’îlot. Il me demande si j’ai pu trouver un vol, je lui réponds que je pars à 21h. Monsieur l’Ambassadeur me reçoit dans son bureau, me met à l’aise avec un thé et la conversation s’engage. Je lui parle de mon vécu ici depuis 10 ans, du Népal, de la France, de ce que j’ai fait, de ma profession et puis de ces derniers mois. Il m’écoute attentif, me pose des questions. Je dois lui faire un compte rendu de toute l’affaire. Je n’ai pas le temps maintenant, je lui enverrai par email. Il me tend sa carte et me souhaite bonne chance. Je serre la main à la vice consul ainsi qu’au policier et quitte l’ambassade. Je rejoins C.S et sa femme au petit restaurant de Thamel. Il y a beaucoup d’autres personnes avec eux, des Français, des Népalais. Ca me fait plaisir de les retrouver et pour ce dernier repas au Népal, je prendrai un dal bhat. Cette ambiance, les odeurs, la musique, ça me manque déjà. Je regarde le jardin, les murs tordus de la maison bancale, le gamin souriant penché sur un balcon, d’autres qui jouent et crient dans la cours voisine. Le petit bassin où l’eau sale ne laisse même pas voir les poissons qui l’habitent. Je respire profondément cette atmosphère, celle qui m’a portée et tenue pendant 10 ans. Je ne compose plus la suite, je la subis. La saison des trekkings n’est pas terminée et mes inquiétudes non plus. Le dal bhat était excellent et ce petit restaurant demanderait à être plus connu. Je salue tout le monde et regagne la maison pour les derniers préparatifs. U.M, la secrétaire, me téléphone, pour me dire qu’une voiture viendra me prendre vers les 18h30. Elle y a pensé. Je la remercie, lui dit de faire attention, de ne pas les contredire et encore une fois de ne pas me protéger. Je téléphone à T.K, l’avocat, il me souhaite bon voyage et me dit que tout se passera bien. J’aimerais avoir leur sérénité. Un coup de fil à C.B, de l’autre agence qui me souhaite un bon voyage. Je rejoins l’aéroport, passe les divers contrôles ; Midnight Express ne se joue pas. L’avion quitte le sol népalais, demain ce sera la France.

Douce France

Le vol s’est passé éveillé à regarder des films qui ne s’impriment pas, mangés par la réflexion et l’inquiétude. Je pose les pieds en France et ce mois d’octobre résonne comme un printemps. La tension retombe peu à peu au contact de l’occident mais l’inquiétude reste. Je n’arrive pas à savoir comment ils vont chercher à m’atteindre maintenant. Je regagne la gare TGV et direction le sud, la famille, la vie…

Je me prends une douche pour m’ôter les restes du voyage. Le miroir me renvoie l’image d’une grande fatigue et la balance marque 8 kg en moins. Combien de temps aurais-je pu tenir sans tomber totalement ? Je n’en sais absolument rien. Le corps résiste, mais la tête, sous la pression ? Je me rends compte alors de la pertinence du choix de rentrer pour me protéger moralement et physiquement. J’ai des contacts sur place et je peux les atteindre rapidement. La nuit est calme mais sans sommeil. Le décalage horaire doit faire effet. Les jours qui passent sont beaucoup moins tendus. Je reçois un courriel de M.S qui me dit qu’elle est bien arrivée avec ses amis, qu’elle a rencontré les 2 Pyrénéens. Les Alpins et les Pyrénéens réunis, mon monde que j’aurais dû accompagner sur ce circuit que je connais. C.B et la secrétaire étaient à l’hôtel. Ils ont fait connaissance, le groupe est homogène. Ils partent demain vers le Tour du Manaslu. La secrétaire a pu récupérer le coût du séjour. Je reçois un email de C.B qui me dit que tout est bon, elle n’a pas vu les 2 frères à l’hôtel. Je souffle un peu. Il ne s’est rien passé. L’avocat me dit que les négociations pour fermer l’agence seront difficiles. Il sera obligé de faire des concessions sinon la fermeture ne se fera pas. Je devrais payer les frais. Il fera pour le mieux. D.S est entré de trekking mais il s’occupe de son groupe encore sur Katmandou. Il doit le rencontrer.

Je reçois un email de D.S qui me dit que j’ai volé 900 adresses du fichier. Je transfère le courriel à l’avocat qui me dit de ne pas y répondre. Ca continue. Il est extrêmement difficile d’encaisser sans arrêt des coups, de recevoir toutes ces attaques infondées sans ne pourvoir rien dire et rien faire. Attendre patiemment, leurs paroles, leurs écrits, leurs actes jouant contre eux. Un travail d’endurance mais le moral est vacillant. Attendre entretient le doute, tant que je ne perçois plus le vrai du mensonge. Les questions restent sans réponses. Continuer, laisser tomber, se battre, tout arrêter. Ne pas abandonner mais pourquoi. Oui, pourquoi ? J’ai de plus en plus l’impression de ne plus être dans une réalité, un mauvais rêve, devant un écran où je suis l’acteur du film projeté. Quelque chose que je n’arrive pas à concevoir, hors de toute logique. Se battre contre la calomnie, le mensonge, les insultes, se battre pour rester dans une réalité, pour ne pas se perdre. Cette difficulté pour rester lucide me semble plus importante que l’effort pour gravir un 6000 m. En montagne, je connais, mais se battre contre sa propre tête, ça parait surréaliste. Se battre contre le dehors, contre le dedans dans lequel fuit toute logique. Se battre ? Non, prendre des coups et ne rien rendre. Mais j’ai délégué à l’avocat pour rester dans la légalité et ne pas faire d’erreur. Il gère, fait son travail, je suis ses conseils. Ils doivent se faire plaisir, tout leur semble permis.

Les jours passent plus tranquilles. Plus besoin de me blinder le dos pour aller marcher. Je retrouve l’appétit, reprend le sport, la course à pied, le vélo, tout doucement pour évacuer. La famille est maintenant autour et R.T peut discuter technique avec l’avocat en népalais via Skype. Ca passe mieux, c’est plus facile entre eux. Après, elle me traduit. D’un autre côté, je n’ai plus le contact direct. Ce qui se passe sur place, n’est que rapporté, interprété puis encore traduit. Je le vis maintenant par webcam interposée et en népali dans le texte. La compréhension est difficile, je ne capte que des bribes et j’ai l’impression que ça m’échappe. Les traductions de R.T sur les démarches faites ou à faire ne sont pas aussi précises que je le souhaiterais et je m’énerve contre moi de ne pas comprendre, d’être impuissant, de subir là également. Je sais qu’elle fait au mieux mais je suis maintenant étranger à la situation. Je lui dis de lui dire de fermer absolument l’agence. Je veux en finir. Etre enfin tranquille. Peu importe. Qu’il ferme. Coûte que coûte.

Ce matin, c’est ma mère (79 ans) m’hébergeant après ce retour en urgence qui est réveillée par un coup de téléphone à 5h30 du matin. Elle les remet en place mais le mal est fait. Ils mettent à nouveau la pression, constamment. Ils devaient certainement chercher à me joindre et ils ont trouvé ce n° de téléphone et sans réfléchir ils téléphonent. Plus de respect, tout leur est dû, acquis pour arriver à leurs fins. Résister.

Un groupe de 4 personnes doit ou sont déjà arrivé à Katmandou. Ils partent pour un Tour des Annapurna. Je suis inquiet, pour chaque personne ou groupe qui arrive ou part. Ne plus être sur place, travailler par délégation, je ne le sens pas. Je ne maîtrise pas les réponses aux questions qu’ils doivent poser lors du briefing. Est-ce que la secrétaire fait ce que je lui ai expliqué. S’en sort-elle bien ? Elle ne connaît pas la montagne. Et puis, ils sont tous les 2 à Katmandou. Qu’est ce qu’ils font ? J’attends puisque je ne peux faire que cela, j’attends "Le" contact quotidien en début d’après midi en France, j’attends ce contact avec l’avocat qui apporte les nouvelles. Il me demande si ça va. Mais comment ça pourrait aller ! Il dit que ça avance, doucement et m’explique aussi qu’ils mettent la pression sur la secrétaire. Que N.S était avec elle à l’hôtel pour l’arrivée du dernier groupe mais qu’il ne sait pas ce qu’il s’est passé. Il essaiera de savoir. Je laisse la conversation à R.T pour les détails techniques de la procédure de fermeture qui continue.

Je me pose des questions sur la présence de N.S à l’hôtel, avec les trekkeurs. Il est capable de tout mais surtout de n’importe quoi.   

Quelque temps après, je reçois un email d’un guide (P.T) que j’appréciais dans son travail, me demandant ce que font les personnes sur le Tour du Dhaulagiri. Je le sais bien, il est évidemment commandité par les 2 frères. Qu’est ce que lui en a à faire du groupe Dhaulagiri ? Je lui réponds que les trekkeurs finissent leur séjour à Dana, l’arrivée de leur deuxième circuit au camp de base nord de l’Annapurna. Après, l’équipe encadrante revient seule et le groupe continue à marcher sans notre service. C’est ce qui est prévu sur le devis, ce que le groupe a demandé. Ils devraient peut-être aller à Pokhara après et je n’en sais pas plus. Ils n’ont rien demandé après Dana. Pour l’agence, leur séjour s’arrête à Dana. Pourquoi veulent-ils savoir ? Tout est marqué sur le devis/programme. Je ne peux pas l’inventer.

Les jours passent. Sans autre nouvelle que les contacts quasi quotidien avec l’avocat qui poursuit les négociations. Je reçois un courriel de C.B, directrice de l’autre agence, à qui j’ai fait appel. Elle m’indique que le groupe de mes amis qui était sur le Manaslu est revenu à Katmandou. Je lis qu’elle s’est mise en retrait à l’hôtel puisque D.S y était aussi avec la secrétaire. Il leur a demandé de faire un papier en notant les sommes qu’ils avaient remises. Les trekkeurs ne m’ont pas remis de somme, excepté le petit acompte de 100 €/personne, puisque je n’étais plus sur Katmandou au briefing de leur arrivée. Puis il explique que ces sommes ne sont jamais arrivées à l’agence, que je les ai gardées. En précisant que je suis parti avec. Il a demandé à la secrétaire de confirmer, ce qu’elle fait. Elle est mal à l’aise mais c’est bien, elle fait ce que je lui ai dit de faire : ne pas me protéger. Je comprends mieux le pourquoi de l’insistance à savoir quand les groupes entrent de trekking. Ils me "cassent" auprès des personnes pour lesquelles j’ai organisé le séjour. Je suis le voleur qui est parti avec l’argent. C’est logique, je suis parti avec l’argent. Ca doit se tenir dans leur raisonnement. Je crois rêver. Si j’avais voulu partir avec l’argent, j’aurais attendu la fin de la saison et quel intérêt à agir dans le si court terme, à prendre cet argent en sachant que ce geste contraire à mes principes détruisait tous mes affects et mes investissements matériels dans ce pays. Qui pourrait croire à de telles inepties. Je pense que leur discours diffamant a été tenu à toutes les personnes arrivant et partant. Y ont-elles cru ? Je n’en sais rien mais c’est tellement gros. M.S qui me connaît depuis longtemps ne s’est pas fait prendre par ces explications nauséabondes. Elle et le groupe ont refusé aussi le restaurant de fin de séjours avec les 2 frères et elle leur a répondu que son discours était illogique et faux. D.S a quitté l’hôtel. La secrétaire est restée. Ce groupe ne reverra plus D.S et les trekkeurs partiront en visite des sites culturels avec C.B. Je reçois un email de M.S me disant que tout c’est bien passé, le trekking a été magnifique, le groupe était parfait. Il y a eu une bonne ambiance. Elle me confirme également ce que me disait quelques jours plus tôt C.B. Elle m’a mis en pièce jointe les documents que D.S leur a donnés. J’essaierai de la rencontrer quand je retournerai sur Chamonix. Je me remémore les arrivées des groupes et des personnes, j’essaie de comprendre le "comment" et le "où". J’ai dû mal à réfléchir. Il me semble que je suis vide. La tête fourmille de vide. Je n’attrape pas de fil logique qui puisse me guider dans la réflexion. C’est un concours de circonstances et en discutant avec R.T qui me ramène à ce qui a dû se produire. Je n’en suis pas certain, je ne suis plus certain de rien mais ça se peut. Lors des arrivées et du paiement, je n’ai pas remis de facture aux trekkeurs. Je n’avais pas de facturier pour la raison qu’il était au bureau et que je n’y mettais plus les pieds. Pris par les pressions exercées, j’ai totalement oublié de demander à la secrétaire de l’apporter. Sans ces factures et les souches, tout devient possible même le fait de n’avoir pas été payé et encaissé. Je ne vois là que la seule explication possible à ces papiers qu’ils font remplir aux personnes. C’est totalement faux. Toutes les sommes encaissées lorsque j’étais sur Katmandou, ont été données à la secrétaire qui les apportaient à la banque ou bien en faisait le change en roupies pour les distribuer, suivant le tableau de calcul, aux différents prestataires comme nous avons toujours fait. Pour les autres, arrivés plus tard, je n’étais même pas au Népal. Mais si j’étais parti avec tout l’argent encaissé, aucun des trekkeurs n’aurait pu aller en montagne et de suis sûr que les 2 frères n’auraient pas donné une roupie pour leur permettre de poursuivre leur séjour. Mais est ce que les trekkeurs dans la chaleur de l’exotisme peuvent avoir toute cette réflexion ? L’avocat me demande de détailler tous les calculs de chaque trekking que j’ai organisé. J’ai les fichiers de calcul Excell et il m’est facile de lui en donner les détails qui sont bien évidemment confirmés par les faits. Ils mentent sans arrêt. T.K, l’avocat, leur a demandé les devis et le calcul des groupes que D.S a organisés. Ils lui ont répondu qu’ils n’avaient organisé que pour des amis ou leur famille. Je lui explique que c’est faux. Qu’avant de partir, j’ai rencontré un trekkeur que D.S a accompagné et qui n’est nullement de leur famille ou un ami. Il a payé le coût de son trekking comme un client, comme tous les autres. Et quand bien même seraient-ils de leur famille ou des amis ? L’avocat ne peut rien faire pour démontrer qu’il n’y a aucun lien familial ou amical, qu’ils sont justes des clients et connaître les sommes encaissées. Pour les négociations, l’avocat me demande de fermer le site internet. Il me dit de ne pas me faire du souci. Du souci, bien sûr que je me fais du souci, à le fermer, pourquoi me battre pour protéger mon travail ? J’envoie un email au fournisseur d’accès et le site n’est plus en ligne. Je demande également au fournisseur d’accès de protéger 2 autres noms de domaine au cas où. T.K, l’avocat, me dit aussi qu’il y a eu des impayés au niveau des taxes administratives depuis plusieurs années et avec les pénalités de retard, il y en a pour plus de 90 000 roupies (900 €). C’était pourtant le travail de N.S de les acquitter mais, il ne l’a pas fait. Il ne veut pas participer à leur paiement. L’avocat va essayer de négocier. Toujours négocier et encore négocier.

Il est vers les 13h30 quand le téléphone sonne. Ma mère y répond. C’est V.G, la femme de D.S qui téléphone depuis Paris. Je suis surpris de cet appel et mon état moral ne me permet pas trop d’en comprendre le sens. Mais bon, c’est fait et elle me parle. Avec l’effet de surprise, je n’ai pas l’esprit d’enregistrer la conversation. Je m’en tiendrai donc à l’écouter. J’ai de l’estime pour elle et je me demande ce qu’elle me veut. Elle est calme et sa voix est sure quand elle me dit que je n’aime pas le Népal. Ca y est c’est reparti. Je laisse parler, je n’ai plus rien de spécial à lui dire. Je me déconnecte totalement de ce qu’elle me raconte. Seuls quelques mots émergent du brouillard de mes pensées. Je ne suis plus ses paroles. Je réponds par oui, non ou très vaguement. Je ne vais pas lui dire que l’avocat peut avoir les codes du site s’il me les demande, la pression serait d’autant plus importante. Bien sûr, je suis le salop de service et son mari un ange. Elle le défend et ça se comprend, n’importe qui ferait de même. Son discours suit parfaitement ce qu’on lui a dicté ou se qu’elle a entendu. Elle me sort ses "vérités" que seul D.S a pu dire, le vol d’argent, du site, sans les avoir vérifier. Psittacisme. Elle me dit des mots qui éclairent le gris de la conversation : "Comme peux tu imaginer que D.S puisse faire cela ?", elle répondait à ma peur d’une agression dont j’aurais pu être victime à Katmandou. Il est l’agneau, je suis le loup. Je n’ai pas besoin de l’imaginer, je le vis. J’entends comme un écho me dire que D.S ne lâchera jamais. Nous nous quittons poliment et même si j’ai pu me contenir, je ressens un gros énervement de n’avoir pas pu me défendre des qualificatifs qu’elle m’a gratifiés. Elle a raccroché le téléphone sur ses croyances.

Je reçois un email de N.S qui me dit que je n’aurais pas dû envoyer des trekkeurs avec une autre agence. Les 2 personnes n’avaient pas envoyé d’acompte, il n’y avait aucune raison qu’ils subissent leur tour ce discours diffamant. Le séjour des 2 personnes sur le Tour des Annapurna s’est bien déroulé. Ils sont repartis en France content, ça m’est suffisant. Il va porter plainte contre moi pour vol de groupe de trekking. Il vient de créer un nouveau délit. Cela devient une habitude. Je garde une copie du courriel que j’archive, je coche, un clic, et l’email disparaît...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Himalco 43 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte