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Les félicitations du FMI au gouvernement

Publié le 09 août 2013 par Copeau @Contrepoints

Le FMI, connu pour ses erreurs à répétition et ses modèles savamment élaborés sur la base d'hypothèses fausses et de conceptions de l'économie erronées, persévère dans l'erreur.

Par Baptiste Créteur.

Les félicitations du FMI au gouvernementLe FMI admet souvent s'être trompé, revoit ses modèles de prédiction pour les années précédentes pour qu'ils collent à la réalité mais continue de sortir des prédictions alambiquées. Aujourd'hui, il félicite le gouvernement pour sa politique de contrôle du déficit.

Le contrôle du déficit, c'est une vraie réussite des gouvernements et politiques depuis quarante ans : ils ont réussi à ne jamais voter le moindre budget qui ne soit pas en déficit. En revanche, ils ne parviennent plus à maintenir ce déficit en dessous des 3% de PIB ; à vrai dire, ils n'ont pas vraiment essayé. 3% du PIB, c'est colossal, ça pourrait être le budget d'un État qui se limite à ses fonctions légitimes ; c'est le déficit du nôtre.

Le FMI se félicite que les évolutions aillent "dans le bon sens" et que, selon les prévisions au centime près qu'il élabore avec le gouvernement, l'objectif de 3% de déficit serait atteint en 2015. Ni 2013, ni 2014, et d'ici là, rien ne se passera qui pourrait changer la donne. Aucune dépense arbitraire prise à la va-vite, aucune augmentation plus rapide que prévue du chômage, aucun souci dans le financement de l’État-providence, aucune révolte contre l'oppression fiscale, pas d'expatriation accélérée. Rien de tout ça. Il faut même ralentir les efforts que le gouvernement ne fait pas.

En apparence, le FMI va dans le sens d'un infléchissement de l'austérité souhaité par Paris : "D'ici à la fin 2013, le gouvernement aura réalisé aux deux tiers l'effort entrepris en 2011 pour stabiliser les déficits. Étant donné ce bilan et le caractère toujours hésitant de la reprise, le gouvernement devrait ralentir le rythme de l'ajustement."

Le FMI demande toutefois au gouvernement de cesser les hausses d'impôts et de s'attaquer à la dépense publique. Ce n'est pas si bête, tout comme l'idée de libéraliser l'offre de services – que l'article du Monde passe étrangement sous silence – qui pourrait générer croissance et emplois et que le gouvernement refuse.

Pire, il détériore la situation en cédant sous la pression des lobbies, notamment des taxis face aux véhicules de tourisme avec chauffeur. Il renforce les barrières à l'entrée que le FMI, la Commission Européenne et le bon sens l'exhortent à faire sauter.

Mais le plus surprenant dans le rapport du FMI, c'est sa confiance dans une reprise imminente, son optimisme semblable à celui de François Hollande que rien ne justifie. Récession, hausse du chômage, déficits croissants à tous les niveaux semblent plutôt marquer le début de gros, très gros problèmes, surtout quand on sait combien de milliards de masse monétaire sont créés un peu partout pour maintenir des bulles qui, fatalement, éclateront.

Les acteurs économiques ont perdu confiance. En demandant au gouvernement de cesser les hausses d'impôt, il les rassure au moins sur le fait que le gouvernement a bien tort de continuer les hausses de prélèvements, mais nullement sur le fait qu'il va y mettre fin. Et en conseillant au gouvernement de ralentir les efforts et de les répartir sur plusieurs années, il mise comme le gouvernement sur une reprise qui facilitera les baisses de dépenses.

Le Fonds Monétaire International attend avec impatience le choc de simplification, qui est et restera un échec par manque d'ambition. Il a de fortes attentes sur une réforme des retraites qui permettrait de réduire les déséquilibres, attentes qui seront rapidement déçues quand le FMI comprendra que le gouvernement ne touchera pas aux régimes spéciaux qui sont la cause principale sinon unique de ces déséquilibres. Il propose que l'épargne cesse d'être orientée via des avantages fiscaux vers les institutions publiques et des activités peu rentables, alors que le gouvernement propose l'inverse : l'orienter vers ses grands projets et l'économie sociale et solidaire.

Il devient de plus en plus difficile de comprendre l'optimisme des institutions nationales et internationales et des médias. Majoritairement keynésiens, ils considèrent peut-être que les prédictions autoréalisatrices pourraient accélérer le déclenchement de la crise qui vient et qu'il vaut mieux espérer une reprise qui viendra peut-être. Mais d'où viendrait-elle ?

La France pourrait créer plus de richesse si la création de richesse n'était pas aussi entravée, et c'est le cas de nombreux pays. Mais il n'en reste pas moins qu'ils sont massivement endettés et que l'argent imprimé à toute vapeur ces dernières années alimente une bulle qui, lorsqu'elle éclatera, fera très mal.

L'attrait des métaux précieux, ô combien étrange au vu de la reprise qui s'annonce, augmente les délais de livraison pour l'or et l'argent physique, alors que les cours diminuent – cours qui n'ont pas vraiment de sens aujourd'hui puisqu'ils intègrent de l'or et de l'argent papier dont beaucoup semblent vouloir se débarrasser.

Laissons tous ces braves gens et allons de l'avant – ailleurs. Rappelons nous dans quelques années de la chute de la social-démocratie, anticipée par Hayek ; l'erreur aura été de croire que la chute des régimes communistes aurait été clairement comprise comme ce qu'elle est, une faillite du collectivisme. Ne faisons pas la même erreur, et comprenons bien la chute de la social-démocratie qui vient comme ce qu'elle est.

Les dirigeants actuels n'y verront que le signe d'une trop grande emprise de la finance, qu'ils ont eux-mêmes alimentée ; ils trouveront des palliatifs et garde-fous et voudront reprendre le pouvoir de plus belle, comme si de rien n'était. Krugman, prix Nobel d'économie, pense que Detroit est une fleur écrasée au bord de la route du progrès ; l'économie européenne pourrait être un joli bouquet sur la même route, celle qu'ont empruntée auparavant tant de pays où on a cru qu'on pouvait soumettre l'individu à la collectivité, qu'on pouvait soumettre sa volonté à celle de la majorité.

Ne faisons pas l'erreur de croire que la route qui a détruit tous ceux qui l'ont empruntée auparavant est sûre pour nous. Une crise vient dont on peut se protéger mais qu'on ne peut plus éviter. Qu'elle serve de leçons. Battons-nous pour que l'erreur ne soit plus commise après nous de restreindre la liberté, pour quelque motif que ce soit. Soyons vigilants.


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