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[Critique] NO PAIN NO GAIN

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] NO PAIN NO GAIN

Titre original : Pain & Gain

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Michael Bay
Distribution : Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Ed Harris, Anthony Mackie, Tony Shalhoub, Rob Corddry, Ken Jeong, Bar Paly, Rebel Wilson, Michael Rispoli, Tony Plana, Peter Stormare, Larry Hankin, Emily Rutherfurd…
Genre : Action/Thriller/Histoire vraie
Date de sortie : 11 septembre 2013

Le Pitch :
Daniel Lugo, un coach sportif, vit à Miami où il passe le plus clair de son temps à soulever de la fonte. Voyant défiler les clients fortunés, Daniel court surtout derrière le rêve américain. Ce qu’il veut lui, ce sont les belles voitures, les maisons luxueuses et les jolies nanas. Afin d’obtenir ce qu’il considère comme son du, Daniel embrigade deux autres bodybuilders et met à exécution un plan bien huilé : kidnapper un de ses clients les plus riches et lui voler absolument tout. Commence alors pour Daniel et pour ses complices une dégringolade violente des plus incontrôlables. Histoire vraie…

La Critique :
Michael Bay… Ce mec est incroyable. Pas toujours dans le bon sens du terme. Depuis 1995 et la sortie de Bad Boys, son premier film, Bay ne cesse de repousser bon nombre de limites. À commencer par celles du bon goût comme en témoigne son atroce trilogie Transformers, et ses couleurs criardes, son montage épileptique, ses robots aussi crétins que visuellement immondes et ses acteurs en roue libre. Les limites du spectaculaire aussi. Bad Boys déjà imposait une patte indéniable et un sens de la mise en scène ultra nerveux, à l’époque encore relativement acceptable. Avec Rock, Bay passe la seconde et impose un découpage sec, tout en se démarquant par des plans super courts s’enchaînant frénétiquement. Le succès est au rendez-vous et Michael Bay se lâche. Avec Armageddon, puis Pearl Harbor qui se fait démonter par la presse et une partie du public. Bay ne plait pas à tout le monde mais il s’en fout et enfonce le clou. The Island est néanmoins plus posé mais vient le temps des Transformers et de leurs nombreux dommages collatéraux sur nos innocentes rétines. Neuf films pour définir les contours d’une personnalité unique.
Michael Bay aime filmer des trucs qui explosent. Il aime le feu et les fesses. Il aime que ses héros aient de grosses paires de couilles, et parlent comme des charretiers. Bay aime les « fuck » et les parties fines. Il adore les bastons et aime faire exploser pleins de trucs. Comment ça on l’a déjà dit ?
Puissant, Michael Bay l’est assurément. Parce que ses films engrangent de la thune, il se moque de ce qu’on peut bien penser de lui. Et comme tout sale gosse qui se respecte, il ne cesse de narguer la critique en appuyant là où ça fait mal.

À l’heure où Bay s’acharne sur le tournage du quatrième Transformers, débarque en salle son film d’auteur. Un petit truc filmé assez rapidement à Miami, pour 20 millions de dollars (à savoir pas grand-chose sur l’échelle de valeur de Michael Bay). Un trip inspiré d’une histoire vraie, où des bodybuilders bien crétins kidnappent un type riche et imbuvable. Un thriller d’action où les voitures n’explosent pas forcement, où des nanas montrent leur fessier et où Dwayne Johnson prend de la coke. Décrivant son film comme se situant quelque-part entre Fargo des Frères Coen et Pulp Fiction de Tarantino, Bay prend à revers. Il faut le reconnaître. Et c’est d’autant plus dur après avoir subit les trois purges Transformers. No Pain No Gain est son meilleur film. Avec Rock peut-être qui envoyait du lourd, vu que Sean Connery y faisait équipe avec Nicolas Cage pour contrer Ed Harris (quelle belle combinaison). No Pain No Gain, avec ses gros muscles, ses bikinis, son soleil écrasant, sa créatine, ses haltères, ses produits dopants, ses nichons et sa violence exacerbée !

Dès le début, on comprend une chose primordiale : les protagonistes du film sont de gros crétins. Comme plus ou moins tous les héros de Bay, sauf qu’ici, lui-même le reconnaît. Et par ce biais, il revient sur son travail, renoue avec l’esprit de ses débuts, et avec une simplicité plus épurée. Sorte de version beaucoup plus drôle et fun des Bad Boys, le tandem formé par Wahlberg et Johnson fait des étincelles, particulièrement à l’aise tous les deux dans un exercice jubilatoire fortement contagieux. Markie Mark est moins impressionnant, du moins si vous avez vu Boogie Nights, puisque Daniel Lugo n’est qu’une version baraquée de Dirk Diggler. Dwayne Johnson par contre, est particulièrement monumental. Physiquement bien sûr, car incroyablement tanké, mais aussi au niveau de son jeu, complètement pertinent. Incarnant un gars paumé, bigot et bizarrement accro au cul et à la coke, l’ex-The Rock des rings de catch prouve son talent et sa capacité à jouer au caméléon en misant à fond sur le décalage que peuvent provoquer ses muscles. Avec Wahlberg, Dwayne Johnson forme un duo qui a de la gueule, outrancier, et complètement borderline, bien appuyé par le toujours impeccable Anthony Mackie. Et tant pis si Ed Harris est un peu trop effacé et si Tony « Monk » Shalhoub finit par devenir insupportable.

Ainsi, ceci est vraiment arrivé. Michael Bay aime à nous le rappeler et c’est drôle car effectivement, souvent, on se dit que non, des gars n’ont pas pu être aussi jusqu’au-boutistes dans leur connerie criminelle. Personne d’autre que Bay n’aurait pu illustrer ce fait divers avec la démesure qu’il appelait forcement. Tout est bigger than life. Des muscles (Wahlberg a incroyablement enflé pour le rôle), aux répliques où la vulgarité règne, qui sont souvent très drôles, en passant, on y revient, aux plans sur les parties charnues de la belle Bar Paly (excellente dans un rôle tout à fait dans la tonalité) ou des figurantes.
Le discours aussi vaut son pesant de cacahuètes et aide le film à ne pas être seulement qu’un énième film d’action policier bas de plafond. Chassant le rêve américain dans sa forme la plus primitive (le fric, les femmes, la gloire), Daniel Lugo incarne une quête ancestrale, devenue depuis longtemps le leitmotiv d’une nation, et régulièrement depuis les années 90, mise à mal. Le soleil brille et tape sur la tronche d’âmes égarées, prêtes à toutes les bizarreries déviantes pour décrocher la timbale qu’on leur a promise. Ils vivent aux États-Unis d’Amérique et ce rêve, ils y ont droit. Oui, c’est vrai, tout ceci n’est pas très fin, mais en y mettant les formes, Bay fait passer le message. En force comme d’habitude. Comme le gros bourrin qu’il demeure. Avec une image soignée et un montage nerveux mais ici plutôt sage ( et c’est bien).
Sans les dollars, Bay rappelle qu’il n’est pas qu’un chef-d’orchestre de l’apocalypse sévèrement barjo. Il prouve qu’avec une histoire en or et des acteurs à fond dans le groove, il peut encore surprendre. Au taquet dans son truc, complètement à sa place et jamais trop prétentieux, Bay fait mouche. No Pain No Gain est loin d’être parfait, mais il convient de ne pas faire le difficile et de saluer l’exploit. Version updatée et violente de Pumping Iron (le génial documentaire sur le bodybuilding à la gloire de Schwarzie), matinée aux codes du thriller à l’ancienne, No Pain No Gain fait péter tous les compteurs et affiche un esprit très « ça passe ou ça casse ». Et au final, après un plan assez génial symbolisant les intentions du film et synthétisant l’essence de cette quête extrême de l’American Dream, ça passe. À grand renfort de sueur, de sang et… de cul !

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Paramount Pictures France


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