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330ème semaine politique: où certains voudraient battre en retraite...

Publié le 31 août 2013 par Juan

Il faudra bosser longtemps - 43 ans au moins. Mais dans l'immédiat, c'est la guerre qui menace. Quelques jours avant nos enfants, l'équipage politique du pays a fait sa rentrée de manière tonitruante et violente: réforme des retraites ou guerre en Syrie, choisissez.
Battre en retraite
Le projet de réforme des retraites est mauvais. Gérard Filoche le résume d'une formule: il "n'est pas digne d'un gouvernement de gauche".  Il est présenté mardi soir par le premier ministre, après une sixième séquence de consultations syndicales. Tout n'est pas ficelé mais les grandes lignes, parfois très détaillées, sont là.
On salue les avancées: la pénibilité professionnelle, sur 10 paramètres définis par les partenaires sociaux, permettra de "gagner" jusqu'à 24 mois de cotisations. On salue aussi la répartition, plus équilibrée, de l'effort. On applaudit à la meilleure comptabilisation des congés maternités, des études, des petits temps partiels, des périodes chômage non indemnisé.
Mais le gouvernement, sans surprise, allonge jusqu'à 43 ans la durée de cotisations. Comment cotiser autant quand les carrières sont heurtées, hachées, déstructurées ? Et, Hollande renie l'une de ses promesses: les petites retraites seront affectées par le report de 6 mois de l'indexation des pensions sur l'inflation. Enfin, les grosses retraites sont peu touchées.
La presse loue l'habileté. La gauche s'énerve. Quelques ministres ne voient pas la grogne, le ras-le-bol, notamment chez leurs soutiens. Ils vont comprendre, plus tard, trop tard.
Le 10 septembre, il y aura donc manifestation.
La droite s'outrage. Elle cache son échec précédent. Les régimes sociaux coûtent encore 7 milliards par an. On croyait que Sarko-Zorro avait tout résolu.  L'ex-Présidence des Riches a toujours eu un problème avec l'argent: le sien, le nôtre, celui du pays ou des contrats cachés.
L'un de ses anciens conseillers, Boris Boillon, a semble-t-il voulu partir avec une partie de l'inventaire Sarkozy. 350.000 euros et 40.000 dollars en cash. Le gars, ancien conseiller de Sarkozy et ex-ambassadeur de France en Tunisie, a été arrêté avec une belle somme, en tongs et polo. 
 
Le Sarkothon est terminé. Jean-Pierre Raffarin, cet indifférent premier ministre qui fut moqué en "Raffarien" par Sarkozy lui-même, règle ses comptes dans le Monde, mercredi. Il note "quelques faiblesses comportementales" de l'ancien monarque. L'UMP s'est échouée dans l'inventaire du passé. Alain Duhamel, dans les colonnes de Libé, raille le retour de "la droite la plus bête du monde."
D'après la Cour des Comptes, la précédente majorité nous laisse deux contentieux avec le droit communautaire, sur des facilités fiscales, qui ont été sous-provisionnés dans le budget de l'Etat. L'ardoise de ces incompétents est de 10 milliards d'euros.
Courbettes
Jeudi, Pierre Moscovici achève notre mauvaise humeur. Il va sourire à l'université du MEDEF. Et confirme que la hausse des cotisations vieillesse (+0,3 point, soit 3 milliards en 2020), sera intégralement compensé par une baisse des cotisations familiales. Il s'inquiète comme ces patrons du "coût du travail". Il est attentif à éviter le "matraquage fiscal".
Pierre Moscovici est social-démocrate. Délivrer des étiquettes est un grand jeu à gauche; ça en divertit certains. Mais pour le coup, le jeu peut amuser les chandelles quand il s'agit de notre ministre de l'économie. Il a filé à l'université d'été du Medef. Nous aurions trouvé plus drôle et cocasse qu'il envoie Benoit Hamon, ministre de l'Economie Solidaire.
Devant ce parterre de patrons, "Mosco"promet d'exempter le CICE de contrôles fiscal. Le 22 juillet dernier, il disait exactement le contraire. En cause, il paraît que ce nouveau dispositif marche mal car, entre autres, les entreprises craignent qu'il ne suscite la curiosité du fisc.
Mosco ne réalise pas combien sa symbolique peut être aussi détestable que son action.
Son collègue de l'Education nationale pourrait davantage se montrer. C'est la rentrée scolaire. Il y a 7.561 enseignants supplémentaires dans les classes; une demi-journée d'enseignement en plus par semaine pour alléger l'année. Mais Vincent Peillon reste modeste. Tout juste l'a-t-on entendu à l'Université d'été du PS à la Rochelle se démarquer largement, fortement, simplement sur la scolarisation des enfants roms.
Fixettes
Hollande arbitre en faveur de Taubira pour sa réforme pénale. Mediapart critique quand même le manque de moyens. Le syndicat policier Alliance dépêche son secrétaire général au Grand Journal de Canal+. L'homme explique combien il est mécontent, combien Valls avait raison, combien ses adhérents seront découragés, combien les "voleurs, les délinquants, les mineurs" (sic !) vont désormais s'en donner à coeur joie. Au passage, il confie qu'il n'en sait rien de l'impact de la prison sur la récidive. Nous avions la nausée.
A l'inverse, le Parti de Gauche rompt avec son habituelle opposition systémique/systématique. Il applaudit presque la réforme: "Suppression des peines-plancher, création d’une "contrainte pénale" en lieu et place de l’incarcération, limitation des sorties sèches de prison: les premiers arbitrages dévoilés sur la réforme pénale vont dans le bon sens."
Toute la semaine, le ministre de l'intérieur donne des gages de réserve et de fidélité. Il n'a jamais autant été à gauche de son (courte) existence politique nationale. Mercredi, deux décrets facilitent les naturalisations d'étrangers. Déjà, 60% des demandes sont acceptées, contre 40% un an plus tôt. Valls s'est même fixé un chiffre - 100.000 en 2013, contre 46.000 en 2012. Il y aura bien quelqu'un à gauche pour râler contre cette politique du chiffre, fut-elle à l'envers des précédentes; et à droitepour fustiger le "laxisme" du gouvernement.
Mais la grosse affaire est devenue cette menace de guerre. Certains nous la prédisent même mondiale.
Embrasement
C'est la nouvelle real-politik, il faudra s'y faire. Cette propension qu'ont nos hommes politiques à amender leur vision du monde en fonction de leurs intérêts bien compris. Cette fois-ci, elle prend des formes presque inattendues, mais nous avions l'habitude. Cette real-politik, en 2013, rassemblait l'ensemble disparate de  l'opposition à la guerre est disparate.
On retrouve les partisans du complot américain. Ainsi, Mélenchon: "Nous savons que les Nord-Américains ont l'habitude d'utiliser n'importe quelle sorte d'argument pour justifier une intervention militaire"; (...) Cette fois-ci, c'est le gaz." Comprenez donc qu'il ne faut JAMAIS intervenir si cela sert les intérêts américains. Le raisonnement tient évidemment aussi s'il y a des intérêts économiques.
Il y a ceux qui prônent la non-intervention au nom de la légalité internationale. Puisque le Conseil de Sécurité, à cause des vetos de la Chine et la Russie, est bloqué depuis deux ans sur la guerre en Syrie, il faut laisser l'horreur progresser encore davantage. D'autres critiques ajoutent qu'il faut rester coi puisque la France ni l'ONU n'interviennent sur tous les conflits du mondeOn argue aussi que les choses ne sont pas encore si sûres.  Il y a aussi le refus de prendre parti, puisque l'opposition syrienne est largement composée de djihadistes d'al Qaïda.
Il y a ceux qui craignent l'embrasement. L'argument est déjà plus sérieux. Mélenchon, encore: "Ce serait une erreur gigantesque, peut-être le seuil d'une guerre beaucoup plus large que toutes celles que nous avons vues dans cette région". Marianne, dans son édition du 31 aout, rappelle 1913. L'histoire éclaire parfois puisqu'elle se répète souvent.
Le Parlement britannique refuse à Cameron d'aller jouer au soldat en Syrie. Le précédent de la guerre en Irak, mensongère, était dans toutes les têtes de ces députés.
Parfois, il faut l'horreur de trop pour motiver ce petit monde diplomatique pour agir, "l'exaction de trop" confiait un internaute sur Twitter vendredi.
Hollande, donc, lâche une longue interview au Monde, veille de weekend de rentrée scolaire. Il n'y aura pas de guerre, mais il souhaite une intervention ciblée si les preuves sont là. On sait déjà que le massacre a eu lieu. Qu'il a été chimique. Que les autorités syriennes ont ces armes sales -là. Le régime n'a jamais approuvé le traité prohibant les armes chimiques.
Alors ... ?
Combien de temps faudra-t-il attendre et se taire ?
Bonne rentrée.

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