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Quand la Syrie se meurt, l’Occident réfléchi

Publié le 01 septembre 2013 par Jessica Staffe @danmabullecultu

La Syrie est en proie à un conflit depuis plus de deux ans et demi.  Des combats font rage et  o divisent le pays en deux camps bien distincts : les pro Bachar Al Assad et les partisans de l’opposition syrienne. Celle-ci est morcelée en diverses factions. Des groupements se battent pour imposer des valeurs démocratiques et fondées sur des libertés quand d’autres veulent imposer la Charia ou défendent le Djihad islamique. Cette division n’a pas toujours aidé l’opposition syrienne à se faire entendre  au niveau international. Peu à peu elle a gagné sen crédibilité. Des pays comme la France lui ont fourni des armes.

Bachar Al Assad a été fermement soutenu par la Russie  et la Russie.  Ces deux grandes puissances membres de l’Organisation des Nations Unis ont bloqué  cette institution. Sans l’aval de l’ONU, la communauté internationale ne pouvait pas agir légalement. Ce blocage institutionnel a joué en faveur du gouvernement syrien. Pendant que l’Occident se demandait s’il était sage ou pas d’intervenir, des centaines de milliers de syriens se sont fait massacrer par l’armée régulière. Des femmes, des enfants, des vieillards sont tombés sous les balles du régime syrien ou parfois de leur propre camp.

Cet affrontement fratricide s’apparente à une guerre civile.

Cette situation déstabilise l’ensemble de la région. Le Liban ressent déjà les conséquences de cet enlisement. De nombreux attentats ont rappelé aux libanais les heures noires de la guerre civile. Il risque aussi d’avoir à terme des conséquences sur le conflit israélo- palestinien.

 Attentats au Liban du 23 août 2013 (images Euronews)

Les pays occidentaux en manque de preuves ont tardé à réagir

Il est temps d’agir. Après la découverte de dégâts potentiels liés à l’utilisation d’armes chimiques en avril dernier, la ligne rouge décrétée par Obama a été franchie. Suite à cette découverte rien n’a bougé. Marqués par l’échec de la guerre en Irak et en Afghanistan les Etats-Unis sont restés frileux et ont décidé d’attendre plus de preuves tangibles avant d’intervenir dans ce conflit. Cette position n’a pas été du goût des pays arabes.  Cette inquiétude  a été aussi palpable dans l’attitude de David Cameron, le premier ministre britannique. François Hollande a toujours soutenu l’idée d’une intervention quelque en soit sa forme. Ces positionnements condamnaient l’usage d’armes chimiques sans pour autant agir pour empêcher les autorités syriennes de les utiliser contre son peuple. Le gouvernement syrien a continué ce massacre dans la quasi- indifférence générale.

Des éléments ont prouvé que Bachar Al Assad s’en était servi.  Les opposants syriens portaient des masques à gaz et ont souffert de troubles liés à l’exposition à ces gaz toxiques (maux de tête, vomissements, difficultés de respiration, picotement des yeux, brûlures). Cette réalité a été largement médiatisé mais n’a pas suscité d’action. Ces images pouvaient être le fruit d’une manipulation et la communauté internationale a préféré attendre le résultat d’analyses plus poussées pour ne pas réagir sur le coup de l’émotion et de déclencher une intervention dont elle n’aurait pas contrôlé tous les tenants et les aboutissants. Aujourd’hui le bilan fait état de plus de cent mille morts (ce chiffre prend encore le nombre de morts depuis le début du conflit).

Le reportage du monde comme preuve

L’idée d’une guerre chimique ne date pas d’hier. Un reportage du Journal le Monde le mentionnait déjà en mai 2013. Des attaques au gaz sarin ont eu lieu dans  le quartier de Jobar à  Damas non loin de la place stratégique des Abbassides.  Comme l’ont montré  cette enquête, ces deux journalistes du Monde sont restés sur le terrain et ont trouvé des preuves de l’utilisation de gaz neurotoxiques. Les premiers symptômes sont apparus très vite chez les soldats de l’armée syrienne libre (ASL) susceptibles d’avoir été touchés  par ces substances dangereuses voire mortelles pour l’organisme humain. Comme l’a rapporté Laurent Van der Strockt, journaliste du Monde présent sur les lieux ; « les gens ont du mal à respirer, ont les pupilles rétractées. Certains vomissent. Ils n’entendent plus rien, ne parlent plus, leurs muscles respiratoires sont inertes. Si on ne traite pas de toute urgence c’est la mort. »

Ces propos démontrent que des substances dangereuses ont clairement été utilisées. Sans en dire plus sur leur nature, il était ainsi possible pour l’ONU d’envoyer des enquêteurs sur le terrain. Suite à ces révélations fracassantes dont certains se doutaient déjà, des échantillons de gaz ont été étudiés. Jean-Philippe Rémy a expliqué la manière dont ils avaient procédé pour ramener les échantillons et les faire analyser par un laboratoire compétent.  Le contenu des quatorze seringues  a été identifié par de nombreuses investigations. Des traces de gaz sarin ont été retrouvées sur des cheveux, des vêtements, dans du sang et de l’urine. Ces résultats alarmants ont établi l’utilisation d’armes chimiques par les forces pro gouvernementales dans l’intention de mettre fin à la rébellion syrienne.  C’est grâce à ces tests que le gouvernement français a soutenu et défend encore aujourd’hui une intervention pour mettre fin à cette guerre civile.

 

L’attaque du 21 août comme détonateur

 

Des nouvelles attaques chimiques ont eu lieu le 21 août 2013. D’après  les rebelles, 1300 personnes auraient été tuées. Des gaz neurotoxiques auraient été employés par les forces pro gouvernementales. Cet emploi massif est en cours d’études. Des inspecteurs de l’ONU ont été dépêchés sur place afin de faire le jour sur ces pratiques assimilées à des crimes contre l’humanité.  Ils doivent établir un rapport qui sera divulgué dans les prochains jours.  Selon Georges Sabra, un dirigeant de la coalition nationale syrienne : «  le but n’est plus de terroriser mais d’anéantir. Ce tournant sans précédent démontre que Bachar Al Assad est prêt à tout pour se débarrasser de l’opposition syrienne quitte à employer les grands moyens.

Si personne ne l’arrête, il pourra continuer sans impunité. Les pays occidentaux se doivent d’intervenir au moins pour montrer qu’ils condamnent fermement les agissements du gouvernement syrien. Plus ils attendront plus les autorités syriennes penseront qu’elles sont dans leurs bons droits. Prendre une décision devient urgent pour confirmer l’engagement des instances internationales contre la prolifération d’armes chimiques dans le monde. Cette non détermination met les Etats-Unis et la France en porte à faux. Une ligne rouge a bien été franchie mais rien ni personne n’empêche l’escalade de la violence en Syrie. Cet attentisme les discrédite aux yeux des autorités syriennes et des pays arabes voisins. John Kerry, le secrétaire d’Etat a présenté le 30 août 2013 un document de quatre pages. A cela s’ajoutait une carte qui regroupe les 12 sites bombardés dans la région de Ghouta. Ces documents font état d’un bilan s’élevant à  1429 morts dont 426 enfants.. Cette réalité ne peut laisser personne indifférent. Le parlement britannique a pourtant rejeté toute possibilité d’intervention. Défendu par David Cameron, cette décision a été vécue comme un véritable camouflet par l’opinion britannique.

Obama attend le feu vert du congrès vidéo

Pour intervenir hollande doit attendre la décision du Congrès américain

Pour l’instant la situation demeure dans l’impasse. Aucune opération ne devrait être lancée avant le G20 de St Pétersbourg la semaine prochaine.

Jessica Staffe



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