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Syrie: 16 raisons avancées contre la guerre

Publié le 06 septembre 2013 par Juan

Le titre est faux, au moins partiellement. La France, comme les Etats-Unis, à l'heure où ces lignes sont publiées, n'a pas l'intention d'ouvrir une guerre en Syrie. D'ailleurs, ni l'intervention ni ses modalités ne sont connues.

Mais depuis que cette éventualité a surgi dans la foulée de l'indignation provoquée par un massacre chimique de 1.400 civils le 21 août dernier, les arguments en faveur d'une urgente neutralité ont fusé de tous bords. 


Reprenons-les, un à un, pour la mémoire et la réflexion. L'opposition à une intervention en Syrie est protéiforme, comme souvent en pareil cas. Les critiques avancées ne sont pas toutes, évidemment, compatibles les unes avec les autres; ni défendues par les mêmes opposants. 
La numérotation qui suit n'a d'autre vocation que de faciliter la lecture, et non de hiérarchiser les arguments entre eux.
1. L'opération n'est pas légale du point de vue du droit international. Or le Droit, et non la Morale, ne peuvent guider pareille action. Le Conseil de Sécurité a refusé de donner son accord à une intervention militaire quelle qu'elle soit. Aucune résolution onusienne n'a été votée à ce jour. Et la Syrie n'a pas ratifié un traité signé en 1925 quand elle n'était pas un Etat indépendant. 
2. Le droit d'ingérence est un concept à bannir, il faut respecter les frontières et les souverainetés nationales. Ce point rejoint le précédent.
3. Une intervention militaire occidentale est dangereuse: elle peut embraser la région. Jean-Pierre Chevènement, par exemple, a évoqué une "guerre de religions". Aux Etats-Unis, un représentant républicain (de Californie) s'inquiétait encore mercredi d'une escalade dans les combats.
4. Il vaudrait mieux soutenir Bachar el-Assad: la rébellion est composée d'éléments islamistes proches d'Al Qaïda; et l'actuel régime syrien est une force stabilisatrice dans la région.
5. Il faut préférer une solution politique à une aggravation militaire. Une frappe "punitive" nuirait toute résolution politique ultérieure.
6. Il y a des conflits plus graves dans le monde, notamment en Afrique. Pourquoi se focaliser sur celui-ci ?
7. Il ne faut pas servir les intérêts américains et/ou saoudien et/ou qatari cachés derrière ce conflit. On cite surtout le Qatar qui aide les fractions islamistes engagées dans la rébellion, et la construction d'un gazoduc Qatar-Turquie qui traverse la Syrie.
8. Il ne faut pas être à la remorque de l'Amérique, il faut marquer notre indépendance, notamment diplomatique, vis-à-vis les Etats-Unis. La variante plus à gauche de cette position consiste à dénoncer une guerre "impérialiste" (cf. le NPA, les différentes composantes du FDG ou le Parti communiste).
9. Cette guerre ne nous concerne pas.
10. Il ne faut pas agir sous le coup de l'émotion. "Agir sans réfléchir", dénonce ainsi notre confrère Laurent Pinsolle.
11. La France a été "achetée" par les grands rivaux de la Syrie que sont l'Arabie Saoudite et le Qatar à coups de gros contrats commerciaux.
12. Si le massacre chimique a bien eu lieu, les preuves "irréfutables" que les autorités syriennes en sont les responsables n'ont pas été fournies.
13. Le massacre chimique du 21 août serait une manipulation de certains rebelles, par exemple de quelques groupuscules islamistes tel le Front Al Nosra. 
14. On n'a pas tiré les leçons de 12 années de guerre "occidentale" au Moyen Orient, de l'Irak à l'Afghanistan. Même le bilan, politique au moins, de la guerre en Libye de 2011, n'est pas si positif que l'historiographie sarkozyste le laisse en entendre."Le bilan des ingérences passées – Irak, Kosovo, Libye – n’est pas reluisant. Sachons tirer les leçons de l’expérience " a commenté Chevènement.

15. D'après les sondages, les Français seraient hostiles à une intervention militaire.
16. Nous aurions pu intervenir plus tôt. Pourquoi maintenant ? 110.000 morts, y compris civils, par des armes conventionnelles, étaient-ils donc tolérables ? Une variante de cet argument consiste à récuser que l'utilisation des armes chimiques "change la nature du conflit" comme l'ont exprimé divers supporteurs d'une risposte.
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[NDR: l'auteur de ces lignes n'a pas caché son soutien à contre-coeur et provisoire à une riposte internationale contre Bachar el-Assad. A contre-coeur car les arguments de risque évoqués ci-dessus sont réels; provisoire car j'ai toujours été partagé sur les interventions militaires occidentales; et que les modalités de cette intervention ne sont toujours pas connues. Pour l'heure, il ne s'agit que d'attendre.]


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