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Terrorisme : faut-il accorder le pardon à Sanjay Dutt?

Publié le 17 avril 2013 par Dopalruka @DoPalRuka
L'entourage et les admirateurs de l'acteur se mobilisent pour lui éviter la prison, après sa condamnation pour détention d'armes d'assaut au moment des attentats de Bombay en 1993. La presse indienne, elle, se refuse à lui réserver un traitement de faveur.

Terrorisme : faut-il accorder le pardon à Sanjay Dutt?

Avec Ajay Devgan


Le populaire « Munnabhai », la superstar de Bollywood, derrière les barreaux pour 5 ans. La nouvelle émeut en Inde. Pourtant, Sanjay Dutt a bel et bien été reconnu coupable d'avoir eu en sa possession un arsenal illégal en 1993, dans une période sombre de l'histoire de Bombay, lorsqu'une série de 13 attentats terroristes ont fait 250 morts et 700 blessés. Mais 20 ans après, la tendance générale semble être à la clémence.
Les pro-Sanjay martèlent que l'acteur n'avait aucun lien avec les terroristes. Pour preuve, il n’a pas été condamné en vertu du TADA, loi anti-terroriste, mais - seulement - de l’Arms Act, qui punit la détention d’armes illégales. La sentence est par conséquent trop sévère. Il n'aurait même pas fait usage de cet arsenal.

Mais « leur héros ne jouait pas avec des pistolets de cow-boys au tir au pigeon », objecte M. Despandey sur le site d'India TribuneSes détracteurs sont en effet persuadés que l'acteur frayait avec les terroristes « Il est d’abord allé à Dubai pour rencontrer Dawood, Memon [organisateurs des attentats] et leurs cohortes et en revenant de là bas, a stocké dans sa propre maison un arsenal d’armes terrifiant (…), croit savoir M. Despandey. Prétendre qu’il avait besoin d’un AK-56 pour « protéger » son père, le noble Sunil Dutt, est une insulte à l’intelligence de tous les Indiens »
L’éditorialiste du Business Standard raconte qu’au début des années 1990, « on murmurait dans les studios de Bombay, que Sanjay n’était pas fiable, même dangereux ». Pourquoi aurait-il changé ? Le ton de l’éditorialiste de The Hindu est moins accusateur. Les armes de Sanjay et celles utilisées lors des attentats provenaient de la même source mais « l’acteur ne le savait peut-être pas »Quoi qu'il en soit, le journaliste rappelle que le simple fait de posséder des armes d’assaut est une offense grave. Les cinq ans correspondraient à la peine minimum.

Les défenseurs de Sanjay Dutt tentent de faire vibrer la corde sensible de l’opinion et de la justice. « Munnabhai » ne peut pas aller en prison : il est le fils de Nargis et Sunil Dutt, deux acteurs adulés; il a fondé une famille sur laquelle il doit veiller; il s'est imposé comme l'un des piliers de Bollywood; il a même contribué à populariser les enseignements du Mahatma Gandhi à travers ses films. Mais « en fraternisant avec Dawood et Tiger et en protégeant leur arsenal, Sanjay Dutt ne diffusait certainement pas le message du Mahatma », ironise M. Despandey. Et au nom de quoi les célébrités seraient-elles au-dessus des lois? Sous prétexte que « leur image est plus grande que nature, que d’eux dépendent de grosses sommes d’argent » ?


Terrorisme : faut-il accorder le pardon à Sanjay Dutt?

La presse indienne affirme qu’accorder le pardon à Sanjay Dutt serait insulter le principe d’égalité devant la justice. Prendre en considération la cote de popularité de l’acteur pour décider de son sort reviendrait, selon The Hindu, à « ancrer l’idée que le pays a deux systèmes de justice parallèles – un pour les privilégiés et un pour les autres ».

Ceux qui soutiennent Sanjay Dutt arguent qu'il a assez souffert : d’un passage de 18 mois en prison après les faits, d’un long procès étalé sur 20 ans, du préjudice d’avoir été présenté comme un terroriste. Mais Gyanant Singh rappelle dans India Today qu’il a pu être libéré sous caution et continuer à tourner des films, même à l’étranger« On peut éprouver de la compassion pour la star Sanjay Dutt qui va en prison à l’apogée de sa carrière mais ça ne justifie pas de demander la grâce pour lui après sa condamnation, alors que 65% des prisonniers du pays attendent leur procès, et que leur culpabilité n’a pas encore été prouvée (…), estime t-il . Parmi ceux qui sont détenus en vertu de l'Arms Act, beaucoup ont été arrêtés en possession de simples armes artisanales ou même de couteaux. 
L’immense majorité des justiciables attendent aussi longtemps avant d’être jugés, mais entre les quatre murs d’une prison. « Vous êtes désolés pour Dutt. Alors si vous l’êtes, vous devriez aussi l’être pour les centaines de garçons musulmans qui continuent d’être en prison pour des crimes qu’ils n’ont pas commis ; et ceux qui ont été acquittés mais après une longue période d’incarcération », s'indigne Aditi Phadnis dans le Business Standard.

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