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Un Ilo (ilo) de bonheur?

Par Filou49 @blog_bazart

ilo-ilo

Vous le savez, j'ai toujours aimé les premiers films, et peut-être encore plus depuis que j'ai été membre du jury du festival international du premier film d'Annonay (c'est quand que je peux recommencer, s'il vous plait?). Un premier long métrage,  pour moi, c'est tellement source de promesses et en même temps, cela en dit tellement sur la personnalité du cinéaste qu'on ne peut que les apréhender avec une vraie indulgence et  une excitation certaine.

Et comme  la Caméra D'or, qui  consacre, lors de chaque festival de Cannes, le meilleur premier film parmi les films de toutes les sélections confondues, est en général le maitre étalon de ces premiers longs métrages, j'essaie de le voir chaque année voir à tout prix, avant les autres premiers longs qui sortent. Jim Jarmush, Jaco Van Dormoel, Claire Devers, Steve Mac Queen font partie, parmi d'autres des cinéastes révelés par la Caméra D'or, et la suite de leur carrière ont donné raison au bien fondé de ce prix.

 Si la caméra D'Or de l'an passé avait primé un film qui a fait l'évenement à peu près partout et qui était  effectivement assez impressionnant par son lyrisme et sa mise en scène assez ostentatoire (même si le film m'avait moyennement convaincu) , je veux bien sur parler du Sud des Bêtes Sauvages de l'américain Benh Zeitlin,  le film récompensé cette année, "Ilo Ilo", d'Anthony Chen, est sur le papier du moins bien plus modeste par sa forme et son projet intial.  Il faut dire que Chen est originaire de Singapour et que c'’est la première fois qu’un réalisateur de Singapour, toute petit pays s'étendant sur  700 km2, obtient un prix en sélection officielle, et son cinéma est forcément peu prolixe.

C'est pour cela  que j'avais envie de mettre un petit zoom dessus, d'autant que le film a eu la chance d'être distribué par Epicentre films, une société de distribution de films dont j'ai eu l'occasion de parler plusieurs fois et avec qui j'ai pas mal d'affinités artistiques.

J'ai donc pu voir le film un peu avant sa sorties en salles, mercredi dernier, et j'ai été dans l'ensemble plutot charmé par ce joli film, effectivement modeste et tenu dans son propos, mais en même très sensible et pudique dans son traitement.

 Le film traite à travers le portrait d’une famille et de sa bonne/nounou philippine  des rapports entre deux Asie, l’une pauvre en quete d’une vie un peu meilleure et l’autre plus favorisée, mais qui ne ve pas la rester, car la crise de 1997 arrive. Au milieu, le lien naissant et fragile entre un petit garcon aux dehors insupportable et Terry, qui le dompte petit à petit.

Un Ilo (ilo) de bonheur?

Anthony Chen, comme pas mal de réalisateurs, a choisi  pour son premier long métrage des souvenirs d'enfance intimes et personnels. Il a choisi, comme titre, le nom d'une province des Philippines dont était originaire une jeune fille employée par ses parents quand il était enfant. Un souvenir inoubliable et inestimable. En effet, le film se déroule aussi en 1997 pendant la crise financière asiatique qui a visiblement beaucoup marqué le cinéaste, son père ayant perdu son travail pendant cette période.

Du coup, on voit pendant tout le long du film cette sincérité et cette émotion qui l'étreint, mais une émotion toute asiatique (oui je sais, faut pas généraliser, mais quand même), toute en retenue et en pudeur.

On aimerait parfois un peu moins de retenue, un peu plus de passion pour être totalement emporté, mais en même temps, c'est grâce à cette sensibilité qui affleure si lentement mais surement  entre ce gosse insupportable, mais finalement si émouvant, et sa nounou , qu'on est fortement touché par cette belle histoire. Ce sont ces petits riens, ces petites touches naturalistes( un anniversaire avec un cadeau inattendu, une virée plutot saugrenue sur une terasse d'appartement, qui forment le grand tout d'une relation qui se forme et le cinéaste excelle à nous montrer cette construction là.

Et alors que, comme je l'ai dit plusieurs fois, je ne suis pas forcément très friand de cinéma asiatique, j'ai retrouvé un peu de mon film asiatique préféré, Yi Yi, le chef d'oeuvre d'Edward Yang, avec qui Chen partage visiblement un regard plein de tendresse et d'empathie sur ses personnages.

  Bref, si Ilo Ilo passe près de chez vous, ne manquez pas ce petit film par sa modestie et son propos, mais grand par l'émotion qu'il procure.

Bande-annonce Ilo Ilo


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