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Hugo HORIOT - L'empereur, c'est moi (récit)

Par Eden2010

Hugo HORIOT - L'empereur, c'est moi (récit)

Hugo HORIOT – L’empereur, c’est moi – dans la tête d’un enfant Asperger

Ce récit autobiographique d’un autiste Asperger se distingue des nombreux autres ouvrages de ce type par l’immersion complète dans les pensées d’Hugo, pensées qui paraissent parfois confuses mais qui permettent pourtant d’éclairer la vision si différente qu’ont les enfants Asperger, et plus globalement du spectre autistique, sur le monde.

Le lecteur entre dans la tête de l’auteur, qui nous décrit, ou du moins tente de nous décrire, ce qu’il ressent. J’ai trouvé cette approche intéressante, tout en gardant à l’esprit que toute personne, autiste ou neurotypique, est différente et a une façon de penser différente.

Pourquoi est-ce que j’insiste sur l’individualisme ? Parce qu’Hugo, lui, est un enfant en colère. Il se bat contre lui-même. Il est « l’empereur » qui impose. C’est lui contre les autres. Il vit dans un monde mental d'affrontement (affrontement parfois aussi réel). Ce qui signifie que la lecture peut effrayer les parents de petits Aspergers, car un enfant du spectre autistique, aussi souriant et joyeux qu’il soit, est confronté à une vie mentale fatigante, virevoltante, plus rapide, plus vif, puisqu’il reçoit plus d’informations qu’il doit traiter avec moins de moyens – ce qui conduit à des comportements qui peuvent être étonnants aux yeux du simple passant. Si on y rajoute la colère d’Hugo, le parent ou l’ami qui lit ce récit peut se dire « le pauvre, tant de violence, si peu de joie ». Hugo avait sa façon de vivre sa situation. Un autre enfant peut en avoir une autre.

En gardant donc à l’esprit que tous les enfants Asperger ne sont pas en colère, que tous n’ont pas cette âme de guerrier – et parfois de manipulateur (je me réfère ici au chapitre « Moi et la politique » qui m’a fait sourire !), je pense que c’est un récit autobiographique qui illustre bien ce que peut être la vie d’un enfant du spectre autistique.

Ce qui permet, peut-être, d’accepter plus aisément certains comportements, certains rituels, si indispensable tout particulièrement aux enfants.

Et ce récit donne tellement d’espoir aux parents parfois désemparés !

Car Hugo a fait beaucoup de chemin!!

Quand il était petit, il était « Julien ». Julien, lui, ne parlait pas. Et il cachait bien sa compréhension des choses. Surtout, qu’il ne lui échappe pas qu’il a compris, qu’il sait !

Julien évoluera. Il traversera des périodes extrêmement difficiles, comme celle où il craignait plus que tout de se rendre aux toilettes, car le fait d’y aller risquait de le tuer – rien que ça! Comme il ne savait pas exprimer cette peur nul n’a jamais pu le rassurer - et sa pauvre mère se voyait confrontée à un enfant qui se retenait jusqu’à se rendre malade !

Oui, sa mère, celle qui se dessine comme une femme aimante, douce, intelligente et toujours dans la périphérie d’Hugo, qui sait que son fils a un fort potentiel, qui croit en lui (et elle a bien eu raison !), elle sait par exemple qu’il pourrait parler s’il le désirait et elle emploiera d’ailleurs des méthodes peu orthodoxes mais combien efficaces pour soutirer les mots tant attendus à son fils !

Sans qu’il en parle beaucoup, la présence de la mère du jeune Hugo me semble déterminante et je pense qu’elle peut être fière de l’aide qu’elle a apportée, elle était un rocher doux dans sa vie, du moins c’est ainsi que j’ai ressentie sa présence filigrane entre les lignes – et cela même si tout parent d’enfant neurotypique (= ne se situant pas sur le spectre autistique) s’exclamerait, choqué devant certaines attitudes face à l’enfant « mais comment peut-elle faire ça, il ne faut jamais faire ça, c’est scandaleux » ; il aurait tort, tout simplement.

Revenons à Julien – qui deviendra Hugo, un garçon qui parle, qui accepte de grandir. Ce jeune garçon affronte le monde extérieur comme un guerrier, il élabore des stratégies, imaginant, alors qu’il est en maternelle, le soulèvement des enfants contre l’autorité. Cela semble enfantin, mais ses idées sont pourtant dignes d’un général !

Hugo ensuite, qui élabore ses propres méthodes pour surmonter son fonctionnement différent pour s’intégrer dans le monde, ou plutôt s’en jouer (car il sait mieux manipuler les codes sociaux que tout autre !).

Chaque pas était difficile pour Hugo, mais il y est parvenu !

Aujourd’hui l’auteur est un homme adulte, un comédien, qui gère parfaitement son Asperger, qui vit normalement, qui ne se distingue, du moins en apparence, en rien des autres. Il a gagné la bataille et contrôle désormais la multitude des sensations qui l’assaillent, il est parvenu à s’intégrer. Ce qui demande beaucoup de maîtrise!

A travers ce petit livre nous vivons ce que vit Hugo au quotidien de son enfance. Nous découvrons ses stratégies à lui.

C’est exactement le récit qu’il faut à tout parent d’Asperger !!

Maintenant, je ne crois pas que ce soit un récit à conseiller à celui qui ne connaît personne ayant le syndrome d’Asperger, car il pourrait en avoir une image incompréhensible et peut-être même fausse.Je pense que celui-là devrait se diriger vers un autre récit. Peut-être un livre de Daniel Tammet, ou, pour les français, de Josef Schovanec (voir ma rubrique « Biographies et témoignages » pour plus d’informations ou d’idées).


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