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Un traumatisme qui n’existe pas

Publié le 12 septembre 2013 par Lana

Nulle part on ne parle du traumatisme que peut engendrer la maladie mentale et la psychiatrie. Mais a bien y réfléchir, c’est normal. Pourquoi la psychiatrie s’intéresserait-elle aux douleurs qu’elles provoquent? Pourquoi s’intéresser à un traumatisme post maladie mentale? La psychiatrie ne fait pas de mal et les maladies mentales sont incurables. Donc pas de stress post traumatique en vue, seulement des malades qui imputent leur souffrance à un objet extérieur, seulement une maladie qui n’est pas guérie.  Des pensées, des souffrances qui ne sont que des symptômes, comme toujours. Vous reprendrez bien un peu d’antidépresseurs, ça va vous aider. Non merci,  je ne m’en suis sortie que parce que j’ai évité les hospitalisations à répétition et les traitements lourds.

Mes souvenirs de psychiatrie et de schizophrénie sont toujours aussi douloureux. Oui, j’en pleure encore. Et quand je n’y pense pas, quand ma vie va bien, je fais des cauchemars terribles et bien trop réels qui m’abattent pour la journée entière. Le soir, j’ai peur d’aller dormir. Et quand je fais des exercices trouvés sur internet pour me libérer de mes cauchemars, et que j’y arrive, une plaque d’eczéma envahit la moitié de ma jambe. Elle guérit quand mes cauchemars reviennent. Je me sens impuissante, démunie face à ce passé trop présent qui attaque mon corps quand j’en libère mon esprit. Oui, j’enrage de cette emprise qu’ont pris la psychiatrie et le schizophrénie sur ma vie, de ce combat qui n’est jamais qu’à moitié gagné. J’aimerais en parler à quelqu’un, c’est vrai, mais à qui?

A un psychiatre? Certainement pas. De tous ceux que j’ai connu, même les meilleurs ne remettaient pas leurs méthodes en question, même eux ne comprenaient pas pourquoi nous nous sentions attaqués dans notre dignité par la psychiatrie lourde et les abus de médicaments. Lequel pourrait admettre que mon traumatisme actuel est dû à ce que j’ai vécu et non à un dérèglement de mon esprit délirant? Lequel, si fier de soigner, admettra que le système qu’il défend m’a fait du mal? Et a des milliers d’autres personnes?

J’ai toujours dit qu’il y avait des psychiatres qui avait fait médecine pour le prestige et psychiatrie pour ne pas se salir les mains.  Et il y a les autres, qui l’ont sans doute fait pour de bonnes raisons. Mais lequel n’a pas les mains bien plus sales, bien plus trempées de sang que n’importe quel autre médecin? Et lequel voit ce sang? Pas beaucoup, j’en ai peur. Et admettre le traumatisme, des années après, de leurs patients, ce serait ouvrir les yeux devant ce sang qu’ils ont jusqu’au cou. Alors, c’est plus facile de dire que nous sommes fous, encore malade, qu’on mord la main qui nous a nourris.

Un traumatisme qui n’existe pas

Non, je n’en parlerai pas à un psychiatre. A quoi bon sinon à en sortir encore plus écoeurée, encore plus énervée? Je vivrai avec mes cauchemars et mes plaques d’eczéma, pour la simple et bonne raison qu’un traumatisme post maladie mentale et psychiatrie, ça n’existe pas.


Classé dans:Réflexions personnelles

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