Après Mon petit doigt m'a dit et L'Heure Zéro de Pascal Thomas, Agatha Christie continue de fasciner les cinéastes français. Nouvelle adaptation, celle du Vallon. Mais contrairement à son confrère, Pascal Bonitzer a choisi de délaisser la partie de Cluedo rétro pour instaurer l'intrigue dans la France d'aujourd'hui. Réussite ?
La critique
Pierre Collier (Lambert Wilson ,qui doit passer son temps à la salle de sport vue sa forme olympique pour son âge) est un homme à femmes. Marié à Claire (Anne Consigny), père de deux enfants, il ne se gêne pas pour avoir des maitresses. Parmi elles, il y a Esther (Valeria Bruni Tedeschi) , une artiste vulnérable et amoureuse. Lors d'un week end familial, le trio se retrouve dans la maison des Pages (Pierre Arditi et Miou-Miou). Au programme : leçons de tir, piscine et diners. Rien de mieux pour se détendre ! Sauf que Eliane Pages a conviée une invité surprise : Léa (Caterina Murino) , ex et seule femme qui ait réussi à rendre ce séducteur de Collier amoureux. Objet de toutes les jalousies et frustration, notre homme va se retrouver assassiné. Surviennent alors les habituelles questions : Mais qui a tué Pierre Collier ? Comment ? Pourquoi ? Est-ce sa femme ? Sa maitresse ? Phillippe (Mathieu Demy) , l'écrivain alcoolique amoureux d'Esther depuis des années ? L'enquête ne s'annonce pas évidente...
Transposer Agatha Christie dans la société française actuelle était une bonne idée. Si la première partie qui précède le meutre se veut intemporelle dans cette ancienne maison de campagne, la deuxième partie, celle de l'enquête, nous emmène loin du lieu du crime pour nous plonger dans un quotidien on ne peut plus banal. Ce choix peut être discutable mais constitue un parti pris intéressant. Pour cette adaptation , Bonitzer a réuni un casting "all stars" et force est de constater que tous s'en sortent avec les honneurs. Oeuvre colorée qui se suit avec intérêt, Le grand alibi (titre en hommage non dissimulé à Hitchcock) dispose de ce qu'il faut en remarques acides et en personnages hauts en couleurs. Le réalisateur, à la manière d'un Chabrol en forme, égratigne ainsi avec une certaine jubilation la bouregoisie bien pensante. Un bon divertissement donc mais il y a cette impression, celle qu'il manque quelque chose. Et quand on pense à la référence à Hitchcock, on trouve alors ce que c'est : le suspense. Si tout est bien ficelé et réalisé, il manque de la tension, de l'adrénaline...Un certain manque de souffle empêche ce film au scénario prometteur et qui ne manque pas d'intelligence de décoller et d'être à la hauteur de toutes ses promesses. Reste un film piquant et amusant à suivre sans déplaisir.
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