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333ème semaine politique: Fillon, Hollande, Le Pen, comment ils ont tous changé.

Publié le 21 septembre 2013 par Juan
333ème semaine politique: Fillon, Hollande, Le Pen, comment ils ont tous changé.
On vous l'assure, on vous le répète, on nous l'assène. Ils ont tous changé. Certains sont devenus respectables, d'autres veulent faire bouger les lignes. D'autres encore ont changé malgré eux. François Fillon court devant Sarkozy pour dépasser Le Pen. La blonde Marine cherche à cacher la Bête Immonde. Et Hollande n'en finit plus d'être accusé de trahison.
Le naufrage Fillon
Tout lui réussit. Il est "au top" dans les sondages chez les sympathisants UMPistes. Grand bien lui fasse !
François Fillon se déplace en Russie. C'est son droit. Devant l'autocrate local, Vladimir Poutine, il critique l'action diplomatique... française sur le dossier syrien. Je souhaite à cet égard que la France retrouve cette indépendance et cette liberté de jugement et d'action qui, seules, lui confèrent une autorité dans cette crise"
François Fillon a changé, comme Sarko en son temps. Mardi, le conseil politique de l'UMP se réunit, il y a de la tension dans l'air. L'ancien premier ministre vient d'en remettre une louche, le weekend précédent, sur ses consignes aux élections municipales - plutôt un FN conciliant qu'un PS sectaire. Emotion dans les rangs. Alain Juppé est excédé, Jean-Pierre Raffarin s'énerve. Mardi, ils sont tous réconciliés. Fillon rentre dans le rang, mais lâche qu'il doit "faire bouger les lignes". Surtout la sienne, très à droite, plus à droite.
Jeudi, il est en Russie, pour un colloque. Il y a Poutine. Fillon se régale. Il fait assaut d'amabilités envers l'un du boucher de Tchétchénie. Il fustige même la diplomatie française. En d'autres temps, on appellerait cela de la trahison. Comme Sarko en 2005, devant Bush, contre cette France qui s'était refusée à partir en Irak.
Cette application à singer l'ancien monarque, surtout dans ses travers les plus désagréablement frontistes, est si maladroite qu'elle en effraye plus d'un. Fillon fonce labourer les terrains politiques de Sarkozy pour empêcher l'autre de revenir. D'ailleurs, ce dernier a bien vu la manoeuvre. Comme par hasard, mercredi, il surgit en Haute-Savoie, pour une remise de Légion d'honneur à un ancien député. Les videos amateurs sont rapidement postées pour immortaliser cette fausse spontanéité. Amour de la terre, Sage au dessus des parties, Sarkozy joue à de Gaulle. Nous ne sommes pas encore en 1958, mais on s'en approche.
Fillon a changé. 
Marine et la Bête immonde
Le Front National aussi. Marine Le Pen n'en finit plus de jubiler que d'autres aient réussi sa rentrée pour elle. Lors de son université d'été, dimanche dernier, il fallait écouter le discours et les applaudissements au discours de Le Pen, Jean-Marie, le patriarche du "détail", le président "d'honneur" du Front.
Oui, Jean-Le Pen est président d'honneur du Front national.
Deux jours après, Marine s'inquiète d'une éventuelle "guerre civile". A cause de la crise, du chômage, de la pauvreté, ou des impôts ? Non, à cause des Roms, nous explique-t-elle. Les journalistes sont en grappe autour d'elle, dans un restaurant parisien, quartier bourgeois, presque aristo.
Marine Le Pen assène les clichés, enchaîne les outrances: "câbles brûlés jour et nuit qui rendent l'air irrespirable", "animaux volés et égorgés", "têtes de chevaux jetées le long des grillages, où elles pourrissent ensuite..."
15 à 20.000 "Romanichels" en France seront donc son thème de campagne municipale. Dans le Nord, un maire UMP confie qu'il soutiendra quiconque de sa commune qui tuerait un Rom. A Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, accompagnée de Rachida Dati, choisit aussi d'éclairer le sujet d'une brillante formule: "les Roms harcèlent les Parisiens".  L'aristocrate parachutée ne sait plus comment animer sa course vers la Mairie de Paris. Elle aussi a "changé".
Certaines mentalités se disloquent.
Hollande a changé
 A l'Assemblée, les lois se succèdent. Des députés de gauche déposent une proposition issue de la promesse du candidat Hollande pour interdire les fermetures d'établissements sans rechercher de repreneur. La loi Duflot, qui encadre les loyers, est largement votée. L'autre relative à la transparence également. Mais elle a été vidée d'une belle fraction des annonces hollandaise de départ. Au Sénat, le projet Hamon sur la consommation termine son examen.
Les sénateurs, y compris socialistes, refusent l'interdiction du cumul des mandats nationaux. Ces gens-là n'ont rien compris.
Une gauche disqualifie cette gauche d'être de gauche. Quel débat...
Et Hollande ?
En 2012, on critiquait son inexpérience diplomatique. C'est là pourtant qu'il se déploie. Il a changé.
Dimanche soir sur TF1, installé à l'Hôtel Marigny à quelques mètres de l'Elysée, il "explique" le sens de son action. Les spectateurs étaient là, nombreux. Il est efficace sur la Syrie. La pression franco-américaine a payé. Bachar el-Assad accepte de démanteler son armement chimique, dont il contestait l'existence quelques heures avant. Hollande rappelle aussi que nul conflit au sol n'avait été envisagé; que la force des djihadistes au sein de la rébellion est inquiétante. Lundi, l'ONU publie son rapport d'expertise sur le massacre chimique du 21 août: l'armement utilisé, l'origine des tirs, la trajectoire des missiles, tout accuse Bachar el Assad.
Mais nous en resterons là. Lâche soulagement général. Pour certains, prétendument gaullistes ou soit-disant internationalistes, la France n'est grande que seule et recroquevillée.
Jeudi, Hollande est au Mali. Inauguration du nouveau président élu. L'opération Nerval, lancée en janvier pour déloger des sbires d'Al Qaïda, est un succès. On se souvient des critiques d'alors. Hollande est satisfait. Il a raison.
Il se "révèle" sur ces estrades internationales.
Mais en France ?
Le PS, intoxiqué
On ne retient plus grand chose de ces exercices pédagogiques à répétition. Devant Claire Chazal, Hollande se qualifie de Président des entreprises. Qui pense-t-il convaincre avec de pareilles formules ? Les patrons n'ont pas besoin de slogans. Les salariés et les chômeurs retiendront qu'Hollande pense ailleurs.
En France, Hollande croit à sa bonne étoile: une reprise économique, une inversion de la courbe du chômage. Les emplois d'avenir - ces contrats aidés, dans le secteur public ou associatif, ciblés sur les jeunes les plus précaires, décollent enfin. Mais l'autre mesure, la grande idée du candidat Hollande, les fameux "contrats de génération", ne convainc pas grand monde. 10.000 signés, à peine 10% de l'objectif annuel.
La presse qui ne vend plus s'amuse d'un couac sur la pause fiscale. Pause ou pas, les impôts augmenteront l'an prochain, c'est mécanique. Les hausses ont été votées l'an passé. On devrait se réjouir du dégel du barème de l'impôt sur le revenu, des réductions de défiscalisations, les relèvements de taux, du plafonnement en valeur absolue des niches fiscalesà 10.000 euros par an.
Il ne faut pas de pause fiscale. Le ras-le-bol fiscal est une intoxication des plus riches. " Le bluff des plus aisés a marché" s'indigne Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités. C'est une construction idéologique pour empêcher tout rééquilibrage des impôts et protéger les plus aisés. Il rappeler, encore et toujours, que les comparaisons internationales des prélèvements obligatoires d'un pays à l'autre n'ont pas grand sens si "les services rendus (sont) totalement différents selon les pays".
On devrait s'indigner qu'il y ait une pause fiscale.  L'intoxication vient d'en haut, de très haut. Cette semaine, le lobby patronal envoie L'Opinion, ce nouveau quotidien financé des actionnaires anonymes qu'on envoie s'inquiéter de ces Français nouvellement imposés à l'IR...
A qui profite le crime ?


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