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Passer les frontières avec Antoine d'Agata

Publié le 24 septembre 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Sous l'eau en Corse. Photo: CR.

Après une semaine de plongée en Corse où les paysages marins étaient aussi beaux que ceux que l'on peut voir à l'air libre, j'ai poursuivi mes vacances à Toulon puis à Marseille, où j'ai posé ma valise et mes palmes pour deux courtes journées. Là, je me suis rendue au Panier dans un premier temps puis j'ai emprunté la passerelle qui relie le Panier au Fort Saint Jean et enfin celle vers le MuCEM. À partir du toit de ce dernier, je suis descendue, j'ai visité la galerie de la Méditerranée, l'exposition sur le bleu et noir, etc. Puis, je suis partie, j'ai longé le Fort Saint Jean et, en arrivant devant l'une des entrées je me suis retrouvée face à un panneau annonçant l'exposition Odysseia – Antoine d'Agata, j'y suis donc retournée même si j'étais à la limite de l'indigestion visuelle (ce n'est pas que ce que j'avais vu ne m'avait pas plu mais ça faisait beaucoup).

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Vue de l'exposition Odysseia - Antoine d'Agata au Fort Saint Jean (changement d'univers brutal). Source: site MP2013.  photo: Sébastien Normand. © Antoine d'Agata

Pourquoi y suis-je retournée ? Juste pour Antoine d'Agata que j'avais découvert au Bal à Paris en mars dernier lors de son exposition Anticorps (l'article est par ). Cette dernière m'avait vraiment marquée, je m'étais retrouvée plongée dans un monde étrange, fascinant, violent, mêlant corps nus, hommes armés, mort, sexe, etc. Il nous confrontait à un monde inconnu, rempli de souffrance, de violence, de haine, d'exclusion, d'emprisonnement mais aussi de jouissance : un monde brutal mais dans lequel l'artiste s'est rendu, qu'il a côtoyé et auquel il donne la parole en le montrant. Au Mucem/ Fort Saint Jean, il poursuit ce travail mais s'intéresse aux migrants qui cherchent à passer les frontières, à fuir leurs pays, leur vie devenue invivable.

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Capture d'écran d'un film de l'installation virtuelle Odysseia d'Antoine d'Agata. © Antoine d'Agata

Quand on entre dans l'espace dédié à Odysseia – Antoine d'Agata, on est plongés dans l'obscurité, les images et les sons. Comme pour Anticorps, on est face à une accumulation d'images mais là, l'accrochage diffère. Il s'y trouve un îlot central sur lequel on peut s'asseoir, s'adosser et lire, voir, regarder, prendre le temps d'appréhender la masse d'images, de mots et de sons. Immersion en terre inconnue, à la frontière. Cette exposition n'est pas anodine, elle pointe ce qu'on ne voit que peu. On a tous entendu parlé de bateaux de fortune en perdition surchargés de trop nombreux demandeurs d'asile. L'entendre, le voir, n'est pas la même chose que le vivre. On a l'impression de connaître, de comprendre, mais en réalité on ne sait pas, cela pourrait tout aussi bien être fictif, au fond, ce n'est qu'une image derrière un "petit" écran. Antoine d'Agata a suivi certains migrants, il est allé à leur rencontre, il s'est immergé dans le quotidien de ces femmes et ces hommes qui, avant toute chose, fuient une réalité qui semble pire que le chemin d'errance et de souffrance de cette odyssée qu'ils entament.

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Photo issue de l'exposition Odysseia - Antoine d'Agata. © Antoine d'Agata

Je ne pourrai pas vous faire ressentir ce qui se passe dans cette exposition, quand j'y suis entrée, c'était comme si j'étais passée dans un autre espace-temps, où les images se mêlaient aux sons et aux mots en un maelström émotionnel qui emporte. On était confrontés (parce que, hélas, l'exposition est terminée depuis hier, désolée), à la vie de ces gens qui fuient, à la dureté de cette fuite, de cette errance. Antoine d'Agata se fait le témoin de ces êtres qu'il suit et accompagne et nous propose une immersion dans l'angoisse et dans un monde qu'on ne peut concevoir car trop éloigné de nous. Néanmoins, vous pouvez avoir un aperçu de ce projet qu'il a mis en place sur le site d'Arte Creative par là : http://dagata.arte.tv/ ou le catalogue dans lequel sont compilés les différents témoignages recueillis par l'artiste.

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Photo issue de l'exposition Odysseia - Antoine d'Agata. © Antoine d'Agata

Donc le MuCEM, j'y suis allée, presque parce que c'était le passage obligé : c'était LE musée qui venait d'ouvrir et dont il est difficile de ne pas avoir entendu parler à un moment donné ou à un autre depuis même avant sa construction. Ce que j'en ai préféré : Odysseia d'Antoine d'Agata parce que c'est (une fois encore avec cet artiste) une claque d'un point de vue du sens : il nous a plongé à nouveau dans un univers inconnu mais dans sa véracité, sa crudité, sa violence mais aussi toute l'humanité qui réside dans les moments et témoignages qu'il relate.

Cécile.

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Pour plus d'infos:

MuCEM: http://www.mucem.org/

Visite virtuelle sur le site d'Arte: http://dagata.arte.tv/


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