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[Critique] CASA DE MI PADRE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] CASA DE MI PADRE

Titre original : Casa de mi Padre

Note:

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Origine : États-Unis/Mexique
Réalisateur : Matt Piedmont
Distribution : Will Ferrell, Genesis Rodriguez, Gael García Bernal, Efren Ramirez, Diego Luna, Adrian Martinez, Pedro Armendariz Jr., Héctor Jiménez…
Genre : Comédie
Date de sortie : 2 octobre 2013 (DTV)

Le Pitch :
Toute sa vie, Armando Alvarez a travaillé dans le ranch de son père. Son frère lui, a quitté le nid pour mener une brillante carrière dans les affaires. Au point de peut-être pouvoir sortir le ranch de l’impasse financière dans laquelle il se trouve. Mais les choses se compliquent lorsque le fils prodigue revient au bercail, accompagné de sa jeune épouse Sonia. Le destin d’Armando prend alors un virage à 180 degrés. Amoureux de la jeune épouse de son frère, le ranchero doit aussi faire face à la menace que constitue Onza, un puissant baron de la drogue plus proche de la famille Alvarez qu’il ne le devrait…

La Critique :
Vous en voulez de l’originalité ? Vous voilà servi ! Non seulement Casa de me Padre n’est ni un remake, ni une suite, ni une adaptation d’un bouquin ou d’un comic book, mais il présente en plus des caractéristiques tellement atypiques qui l’ont condamné d’avance dans un grand nombre pays où il est sorti. Tourné en espagnol, le film n’a pas été doublé. Ni pour le marché américain, ni pour aucun autre. Forcement, vu l’aversion du public (américain notamment) pour les sous-titres, c’était le bide assuré au box office. Et tant pis pour Will Ferrell qui est pourtant monumental (on y revient plus tard). En France, c’est TF1 qui se charge de le sortir en DVD, le plus discrètement possible, alors que le film dormait depuis plusieurs mois dans les tiroirs, obligeant les fans à se tourner vers la version import ou vers des solutions plus alternatives.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, Casa de mi Padre est là et bien là. On se doute qu’il ne battra pas des records de vente, mais néanmoins, les amateurs pourront se le procurer et au fond, c’est tout ce qui compte.

Revenons sur l’originalité profonde du film. Tourné en espagnol donc, avec un Will Ferrell tout à fait à l’aise dans une langue qu’il ne connaissait pas avant le tournage et toute une escouade d’acteurs très recommandables, Casa de mi Padre est une comédie qui se plait à cumuler les audaces. Une comédie avec des cojones si vous préférez, histoire d’être clair. Le genre de comédie qui fera se tordre en deux une partie du public et qui fera fuir l’autre. Casa de mi Padre, on l’aime ou on le déteste. À la folie, passionnément, ou pas du tout.

Hommage aux films d’exploitations mexicains d’antan, mais aussi au soap opera, Casa de mi Padre prend pied au cœur d’un pays sublime, gangréné par la corruption et le trafic de drogue. En cela, il adopte les us et coutumes des grandes fresques romantiques d’antan où le gentil chevalier blanc au cœur tendre tombait dans les bras d’une belle brune incandescente, avant de solder le compte des méchants. Armando Alvarès, sorte de mix entre Rhett Butler et Zorro est d’un premier d’abord un peu crétin. D’un second abord aussi peut-être, mais il ne manque pas de gouaille car sommeille en lui un guerrier au potentiel énorme. Écrasé par une figure fraternelle imposante, il est amené à gagner le respect de tous en menant à bien la mission qui va lui tomber sur le coin de la tronche, et ainsi tenter de sauver sa peau, sa famille, et la femme qu’il aime. Western crépusculo-farfelu, le film de Matt Piedmont s’inscrit donc dans la mouvance Grindhouse sans cesser de justifier sa place dans la famille des comédies à la Judd Apatow, même si au fond, il fait aussi partie des longs-métrages qui s’en éloignent le plus en choisissant de renoncer à un certain réalisme pour raconter leur propre histoire.

Le choc est de taille, alors qu’à peine quelques minutes après le début du film, on s’aperçoit que le décors est parfois en carton, que les chevaux sont parfois en peluche et que parfois, un puma blanc lui aussi en peluche, se pointe, tel une créature mythologique détentrice d’une sagesse qui fait défaut au héros. Casa de mi Padre est plein de faux raccords, de culs en plastique et de plans bricolés à l’arrache. Des erreurs qui n’en sont pas puisque tout est volontaire. Au début, ça déconcerte, mais le côté génial de la manœuvre apparaît très vite. Le kitsch a du bon, et ici il fait des merveilles. Il s’assume et empêche in fine, le film de tomber dans les clichés les plus faciles du genre.

Un tel environnement, totalement décalé, sied à merveille à Will Ferrell. Lui aussi a des cojones ! Il a non seulement appris l’espagnol, qu’il parle comme si il était né en plein cœur de Mexico, mais adopte son attitude avec un naturel confondant, conférant à son personnage un côté attachant, mais aussi sombre sur certains aspects et bien évidemment superbement poilant. Il y croit, a d’ailleurs produit le film, et s’est investi à fond, sachant pertinemment que ce n’est pas avec un truc aussi couillu qu’il allait se remplir les poches de pesos… Génie absolu maitrisant son art à la perfection, Ferrell mène sa barque avec brio, entouré par quelques gueules elles aussi au diapason. On retrouve le Pedro de Napoleon Dynamite, à savoir Efren Ramirez, Diego Luna, Gael García Bernal et la superbe Genesis Rodriguez, dans ce qui reste à ce jour son plus grand rôle au cinéma. Le couple qu’elle forme avec Will Ferrell permet au film de se payer un certain glamour décalé, au savant goût vintage.

La poussière se soulève sous les sabots des chevaux qui parcourent la pampa au rythme d’une aventure faite d’amour, de violence, d’affrontements verbaux et de problématiques familiales. Ambitieux, Casa de mi Padre l’est carrément. Cette année, niveau comédie, vous ne verrez rien de plus surprenant. C’est garanti sur facture et ça passe ou ça casse ! Matt Piedmont et Will Ferrell n’ont eu peur de rien et ont envoyé valser les conventions. Le résultat est hilarant, glamour, plein de souffle et plus généralement, absolument génial ! Un chef-d’œuvre authentique déjà culte, parcouru de frissons et de chansons elles aussi complètement savoureuses, qui complètent un plat épicé, aux saveurs qui restent en bouche. Indispensable !

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : TF1 Vidéo


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