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Thundercrack !

Publié le 08 octobre 2013 par Olivier Walmacq

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genre: inclassable, trash, pornographique (interdit aux moins de 18 ans)
année: 1975
durée: 2h34 (uncut)/ 2h02 (cut)

L'histoire: Victime d'un accident un soir d'orage, un groupe d'inconnus trouve refuge dans une maison isolée. Là, les accueille une veuve alcoolique qui conserve les restes de son mari dans des bocaux et cache un fils horriblement diforme. Soudain, au milieu de la nuit, un homme poursuivi par une femelle gorille en rût, va faire irruption. Tout ça va très mal finir...

La critique d'Inthemoodforgore:

Alors là, mes amis, pour ma première chronique, j'ai voulu frapper fort. Je vous ai donc prescrit une ordonnance contre la morosité et une sévère!
Voici Thundercrack ! de Curt McDowell. Un monstre hybride, un engin démentiel, un délire sur pellicule. Un film qui mélange tellement de genres qu'il n'appartient à aucun. Tourné dans un blanc et noir cheap et délavé, doté d'un budget microscopique, cet ovni démolit les codes et brise les tabous, façon bulldozer.
Véritable orgie trash, monument de mauvais goût, à la croisée de la comédie et de l'horreur, fortement assaisonné de pornographie orgasmique, Thundercrack ! dépasse allègrement les bornes et accumule les outrances.

Le casting réunit Marion Eaton, George Kuchar (également co-scénariste), Melinda McDowell, Mookie Blodgett et Rick Johnson. D'illustres inconnus mis à part Marion Eaton qui fera (une petite) carrière, et apparaîtra notamment aux côtés de Vincent d'Onofrio à deux reprises.
Obscur photographe underground, Curt McDowell se lance dans le cinéma de sous-sol au début des seventies. Après deux courts métranges , il attaque, en 1975, le tournage de Thundercrack !, assisté au scénario par George Kuchar. Ce sera le sommet de sa carrière car après quelques autres films médiocres, il décèdera du sida en 1987, à l'âge de 42 ans.Triste fin. Mais revenons à Thundercrack ! Un coup de maître. Une bombe balancée en pleine face, envoyant du même coup, les références du genre qu'étaient Andy Warhol et John Waters direct à la maison de retraite. John Waters dont le mythique Pink Flamingos, en comparaison, ressemblerait à une épisode de La Petite maison dans la prairie.

Attention spoilers: A propos de prairie, voici Prairie Blossom, nom buccolique de cette charmante demeure où se morfond Gert Hammond (Marion Eaton). Veuve éplorée et inconsolable, elle conserve pieusement les restes de son défunt marie dans des bocaux. Il faut dire que le pauvre homme s'est fait hâcher menu par une colonie de sauterelles affamées, alors qu'il travaillait aux champs. Mrs Hammond n'a d'ailleurs pas été épargnée par le destin car elle se coltine, en plus, l'existence d'un fils monstrueux qu'elle séquestre à l'abri des regards indiscrets. En effet le malheureux s'est chopé un virus lors d'un séjour à Bornéo, ayant entrainé une  difformité des bijoux de famille, façon Elephant Man des burnes. Cela fait beaucoup pour une seule femme! Du coup, elle picole pour oublier son désarroi. Hélas, en plein milieu de la nuit et de l'orage (faut voir la gueule de l'orage!), elle voit débarquer chez elle, un bande de lascars tous plus allumés les uns que les autres. Bien que très éméchée, elle essaiera de faire bonne figure et accueillera ces visiteurs inattendus, le pas hésitant mais avec le sourire. Et à ce moment là, tout va partir en live... Ayant commencé dans une atmosphère de vieille série B (pseudo) fantastique, cette oeuvre dézinguée du bulbe va bifurquer vers le grand n'importe quoi. Et je pèse mes mots. Rapidement, ce petit monde prend ses aises, fait connaissance, se dispute et se met même sur la tronche. Tout ça n'est pas bien grave car la chaleur humaine aidant, les esprits vont vite s'apaiser et les corps, vite se chauffer. C'est alors que les situations les plus  ubuesques vont se succéder à un rythme effréné dans un déferlement de scènes obcènes et délirantes. Parmi les joyeusetés proposée, nous aurons droit à l'essai d'un agrandisseur de pénis, à des pénétrations recto verso par divers objets notamment des concombres (l'une des convives en dégustera un dont s'était servi juste avant, la maîtresse de maison, pour un usage intime !), une fellation extrême et une sodomie gay. Scène hallucinante que cette homme chevauché par un autre, en train de discuter le coup comme si de rien n'était avec un troisième larron, qui lui fume sa pipe, avachi dans un fauteuil... Le point culminant du délire étant l'arrivée d'une femelle gorille, échappée d'un cirque, poursuivant son dresseur de ses assiduités. L'homme tout d'abord effrayé, admettra devant le groupe qu'il "en pince" pour la primate. Il l'accueillera donc vêtu d'une robe de mariée (!) et ils iront, tous deux, consommer leur amour dans la chambre nuptiale... le tout accompagné d'une petite musique entrainante comme les vieux films muets. 
Voici pour les hostilités. Ici le scénario, aussi épais qu'une feuille de papier à cigarettes, n'a aucune importance. Il n'est prétexte qu'à un incroyable défouloir d'inventivité de la part du réalisateur. McDowell, d'ailleurs, ne prend pas trop la peine de fouiller ses personnages et l'on ne saura pratiquement rien d'eux. Etrangers les uns vis à vis des autres au début du film, ils évolueront comme s'ils étaient de vieilles connaissances dès les premières minutes sans que cela n'apparaisse invraissemblable le moins du monde. Le réalisateur préfère les mettre en situation, de manière abrupte, confrontés directement à leurs propres pulsions. 
Bien sûr, on se trouve ici dans un film quasi amateur. Il est donc inutile d'attendre des miracles de la part des acteurs qui sont très moyens. Seule Maion Eaton tire son épingle du jeu dans le rôle de Mrs Hammond et je soupconne qu'elle ait été vraiment ivre en tournant certaines scènes.

Quasiment introuvable en version uncut, la version "édulcorée" de Thundercrack ! envoie déjà du très lourd. A tel point que l'on peut se demander ce qui a été censuré. Pourtant le film n'est jamais choquant tant le ton est délibérément humouristique, débridé et souvent surréaliste. Vous l'aurez compris, nous sommes en présence d'un objet cinématographique hors du commun. Sorte de bacchanales sous acides. Thundercrack ! est le film de tous les excès et près de quarante ans après sa sortie, il demeure la référence ultime de l'ultra underground américain des 70's. Interdit aux mineurs, déconseillé aux âmes sensibles et aux esprits étriqués, je le conseille d'urgence à tous les autres !

note: 19/20

ps: Remerciement à Olivier pour m'avoir accueilli dans l'équipe des joyeux chroniqueurs


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