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En Cyrano, Parick Pineau a du nez (rouge) et ne manque pas de panache...

Publié le 08 octobre 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Créé en juin dernier aux Nuits de Fourvière,  en tournée jusqu’en février prochain, le Cyrano de Georges Lavaudant s’arrête à Bobigny pour trois petites semaines. Sa mise en scène évidente, légère, enlevée, épurée, fait toute la place aux vers sublimes d’Edmond Rostand, servis par une distribution investie et surtout un Patrick Pineau aussi truculent que poignant dans le rôle titre. Joli moment.

Tout le monde connaît l’histoire du gascon poète au long nez,  volontiers bagarreur, secrètement amoureux de sa cousine Roxane, éprise du charmant Christian. Prêtant sa plume, ses attentions, ses ardeurs au jeune homme afin qu’il entretienne la flamme de la belle,  Cyrano vivra une passion par procuration, sans jamais rien avouer de ses sentiments, pas même après la mort de Christian au combat. Et jusqu’à la sienne quinze ans plus tard…

Œuvre flamboyante, épique, lyrique, romantique, drolatique, spectaculaire, la pièce de Rostand est un bijou de théâtre populaire dont chaque personnage, jusqu’au plus petit rôle, est dessiné avec un soin extrême, dont quasiment chaque scène, chaque réplique est attendue avec une impatience gourmande par le public. Tirade des “nez“,  des “non merci“, “A la fin de l’envoi je touche“, scène du balcon, des Cadets,  de la guerre, de la mort de Christian ou de Cyrano… Un ouvrage majestueux élevant la langue française  et l’art dramatique à leur paroxysme.

Pour représenter la chose, la débauche de moyens est souvent tentante, mais trop de poudre aux yeux peut parfois masquer son essence sans pour autant renforcer son efficacité. Georges Lavaudant l’a bien compris, et sur un plateau quasi nu dont les contours forment une haie de buis (rappelons que le spectacle fut créé en extérieur), un bosquet de cyprès en son centre (tour à tour scène de Montfleury, balcon de Roxane…), ses acteurs évoluent, accessoirisés au minimum, leur talent et le texte pour seules armes de séduction massive. La sincérité dont ils feront preuve associée à leur délicate fantaisie permettront que le charme opère.

Patrick Pineau est un Cyrano heureusement singulier, profondément terrien, qui n’hésite pas à explorer la veine comique, presque clownesque du héros. Mais il n’oublie pas les fêlures de celui qui s’interdit l’amour, le jugeant impossible. A mesure que le spectacle avance, il laisse transparaître une sensibilité extrême et la douleur d’une solitude insupportable.  Il est superbe. A ses côtés, nonobstant quelques maladresses, le couple d’amants ne fonctionne pas trop mal. Marie Kauffmann est une Roxane justement pleine de vie et d’amour que l’on apprécierait cependant moins braillarde et gesticulante. Peut-être pourrait-elle transmettre un peu de sa fougue à Frédéric Borie que nous avons trouvé, à l’opposé, un brin falot. On ne pourra tous les citer mais la quinzaine d’acteurs qui les entoure assure avec talent les dizaines de rôles restants, de l’odieux Comte De Guiche (parfait Gilles Arbona) à la Duègne friande de petits choux (amusante Astrid Bas).

Jusqu’au 22 octobre.

A voir.


2013/14 Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand... par MC93Bobigny


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