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[Critique] METALLICA THROUGH THE NEVER

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] METALLICA THROUGH THE NEVER

Titre original : Metallica Throught The Never

Partie fiction : Note:

½
☆
☆
☆
☆
/ Partie live : Note:
★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Nimrod Antal
Distribution : Dane DeHaan, James Hetfield, Lars Ulrich, Kirk Hammett, Robert Trujillo…
Genre : Musical/Action
Date de sortie : 9 octobre 2013

Le Pitch :
Metallica est en ville à l’occasion d’un concert. Trip, un jeune homme à tout faire au service du groupe, se voit confier une mission, alors que le show débute : aller en ville récupérer un mystérieux objet pour le groupe. Alors qu’il s’enfonce dans les entrailles de la ville, au son des tubes de Metallica, Trip se retrouve au milieu d’une émeute sanglante entre la police et des espèces de hooligans…

La Critique :
Avant de lire cette critique, sachez que j’aime beaucoup Metallica. Je préfère Motörhead, mais j’aime énormément la bande à James Hetfield quand même. Je les ai vus en concert, j’ai acheté leurs albums et je les respecte infiniment. Sachez aussi qu’en même temps que Through The Never, est sorti un autre film sur Metallica, à savoir Mission to Lars. Vous retrouverez la critique de Mission to Lars ici.

Bref, entrons dans le vif du sujet :

Nombreux sont les groupes qui se sont frottés au cinéma via des œuvres parfois brillantes, parfois franchement dispensables. Parmi les références du genre, on peut citer The Wall de Pink Floyd, The Pick of Destiny de Tenacious D, le barré mais pas inintéressant Tommy de The Who, et bien sûr The Song Remains The Same de Led Zeppelin. The Song Remains The Same qui se rapproche d’ailleurs de l’essai de Metallica dont il est question ici, par une volonté de mélanger prises live et fiction.
Ce qui ne veut pas dire que Metallica Through The Never soit aussi brillant que The Song Remains The Same. Loin de là !

On se souvient encore de Some Kind The Monster. Un documentaire savamment construit autour de l’enregistrement de l’album St Anger, où les trois membres historiques de Metallica (Lars Ulrich, James Hetfield et Kirk Hammett) se livraient à une thérapie de groupe pour régler leurs problèmes, tout en cherchant un nouveau bassiste (qui se révéla être l’ex-Suicidal Tendencies Robert Trujillo).
Critiqué car montrant la face sombre d’une formation gangrenée par de sérieuses batailles d’égos, le documentaire avait au moins le mérite de remettre en perspective Metallica et de rendre ses membres on ne peut plus humains car pleins de doutes, de failles et donc forcément plus enclins à déclencher une certaine empathie. En somme, tout l’inverse de Through The Never.

Cela dit, là n’est pas non plus le sujet. Through The Never est avant tout censé mettre en lumière la puissance live d’un groupe justement surpuissant, tout en lui injectant une dose de fiction via le parcours d’un roadie pris au milieu d’une émeute. Pourquoi alors le groupe a-t-il absolument tenu à donner une image aussi froide et antipathique ? Pour avoir vu Metallica sur scène, je peux attester de la capacité du combo à créer une certaine proximité avec son public, tout en utilisant à bon escient les formidables moyens mis à sa disposition. Ici, dès le début, Metallica ressemble à une grosse machine boursouflée. James Hetfield arrive dans un bolide vintage, le regard dur, avant de gueuler sur un pauvre technicien quand son micro s’enraille sur scène ; Kirk Hammett semble s’en foutre ; Lars Ulrich fait la gueule puis en fait des caisses et Robert Trujillo ramasse les miettes. À noter à son propos une scène dont il fait l’objet, complètement à la ramasse, en début de métrage. Je vous laisse la surprise…

Que les choses soient claires : musicalement parlant, Through The Never fait largement le job. Sur les planches, Metallica n’a plus rien à prouver. C’est carré, dévastateur, efficace et la set list, constituée des plus grands hits (avec une préférence pour ceux qui ne font pas dans la dentelle), envoie du bois. Derrière les caméras, Nimrod Antal prouve qu’il sait comment filmer un concert aussi monumental, en collant de près aux musiciens sans cesser de donner de l’ampleur à l’ensemble, via des plans de l’incroyable scénographie du spectacle. Rien à dire de ce côté là.
Là où les choses se gâtent, c’est quand on s’intéresse à la partie fiction. Une partie essentielle car après tout, c’est elle qui justifie le concept du film et sa sortie en salle.

Voilà ce dont il s’agit : Tandis que Metallica déroule ses tubes sur scène (Orion, Master of Puppets, One, For Whom the Bell Tolls, etc…), Dane DeHaan se frotte à des sales types emmenés par un ersatz bon marché de Bane (celui de Schumacher par celui de Nolan), dans le but de ramener un étrange artefact au groupe. La musique ne s’arrête pas. Les passages « fiction » sont courts et ne bénéficient pas de dialogues. Histoire sans paroles donc pour Dane DeHaan qui se retrouve propulsé dans une espèce de vidéo clip géant, au récit nébuleux. Le scénario est squelettique et on ne pige que dalle. D’ailleurs le scénario, on le cherche encore. Avec une insolence folle, le film tente de faire passer un récit conceptuel complètement aux fraises, jalonné d’images pseudo-apocalyptiques sans aucun sens, si ce n’est celui d’illustrer le propos des chansons. La construction est au final plus que bancale. On ne croit pas une seconde à cette histoire toute naze d’un pauvre type mandaté par Metallica pour aller chercher un sac à l’autre bout de la ville. Pourquoi les flics se frittent avec des hooligans ? Qui est ce type sur son cheval et pourquoi pend-t-il des gus aux lampadaires ? C’est quoi cette marionnette que le héros balade partout ? C’est quoi ce dénouement à la con ? Rien à faire, nombreuses sont les questions qui ne trouvent pas de réponses. Quand il reste collé au groupe californien, Nimrod Antal assure, mais quand il revient au cinéma à proprement parlé, il rappelle qu’il n’est que le gars qui a réalisé Predators. Un film certes pas complètement foireux, mais pas loin. Et ici c’est pire.
Pénible et trop long, Through The Never peine à progresser et parvient même -et c’est le comble- à irriter franchement, même si la musique assure.

Depuis ses débuts, Metallica a publié moult concerts en VHS, DVD, puis Blu-ray. Vous avez l’embarras du choix et dans le lot, autant savoir qu’il y a de grandes choses. Avec Through The Never, Metallica a surtout réussi à rappeler à quel point il manquait de recul, de second degré et d’humour. Un type qui aurait vécu dans une grotte et n’aurait jamais entendu parler de Metallica dirait certainement que le film est une merde sans nom, mais que la musique et que les scènes de live sont franchement excellentes. Hautains, fermés, et démontrant de par leur démarche d’une mégalomanie phénoménale, Hetfield, Ulrich, Hammett et Trujillo ne ressortent pas gagnants de cette grosse daube qu’est Through The Never.
Metallica a publié beaucoup de concerts en vidéo. De plus, ils tournent toujours pas mal. Une place de cinéma coûte à peu près 10€. On trouve des DVD live à partir du même prix. Rien ne vous oblige donc à vous infliger cette tentative pathétique de faire du cinéma. Chacun son métier et si certains savent aller et venir d’une discipline à l’autre sans perdre de leur superbe, d’autres se vautrent dans les grandes largeurs.

Lors de l’interview qui a précédé l’avant-première du film, Kirk Hammett et Lars Ulrich ont insisté sur la totale indépendance dont ils ont pu bénéficier, en finançant Through The Never eux-mêmes. Un gros doigt d’honneur aux studios d’après eux. C’est bien gentil tout ça, de bosser en vase clos et de ne demander l’avis de personne d’extérieur, mais le résultat prouve qu’ils ont eu tort. Car avec l’appui, ne serait-ce que minime d’une tierce entreprise, quelqu’un aurait alors pu semer le doute dans l’esprit des Four Horsemen en lâchant lors d’une réunion de production et peut-être amorcer une remise en question : « Hey les gars, c’est quoi cette blague ? ».

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Chrysalis Films / Seven 7


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